Cauchemars .
Par Brocéliande
E-mail de l'auteure : broceliande.morgane@wanadoo.fr
Suite du fic : La nouvelle reine.
Résumé : De retour sur terre, le général Hammond offre quelques jours de repos à SG1. Mais Sam semble étrange et Jack s’en inquiète.
Genre : Jack/Sam romance
Spoiler : Aucun
Classe : PG13 ( voir + )
Note de l'auteure : j’espère que cette suite saura vous plaire. En tout cas j’attends vos commentaires, bon ou mauvais.
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Le général Hammond entra dans l’infirmerie au moment où le Docteur Frasier annonçait les premiers résultats des examens de SG1.
- Tout est normal !
- Parfait voilà une excellente nouvelle, dit Jack, heureux d’apprendre qu’il n’aurait plus de piqûres. Et pour le major Carter ?
- J’attends encore les résultats sanguins.
Au même instant un jeune sous-officier, entra un dossier à la main.
- Voici les résultats sanguins que vous nous avez transmis, dit-il au Docteur Frasier.
- Merci sergent, répondit-elle.
Elle ouvrit aussitôt le dossier, et le parcourut rapidement.
- Voilà qui est curieux, dit-elle tout à coup.
- Qu’y a-t-il ?, demanda vivement le colonel O’Neill.
- Si j’en crois ces chiffres, le taux de naquada présent dans le sang du major Carter a plus que doublé.
- Quoi ?, s’exclamèrent le général Hammond et le colonel O’Neill en même temps.
- C’est à cause du symbiote, dit une voix depuis la porte de l’infirmerie.
Tous se tournèrent vers le nouvel arrivant.
- Que veux-tu dire par-là, Jacob ?, questionna le général.
- Le goa’uld qui a été implanté en Sam, a également laissé en elle une trace. Jacob fit une courte pause, avant de reprendre son explication. Le naquada est nécessaire aux Goa’uld afin d’utiliser leurs armes, c’est pour cela que chacun transmet à leur hôte cette substance.
- C’est ce qui expliquerait comment le major Carter a réussit à maîtriser avec facilité l’arme de poing, dit Jack.
- Oui, répondit Jacob. Son taux de naquada ayant augmenté, elle a désormais plus de contrôle sur les technologies Goa’uld.
- Je vois, dit Hammond. Docteur, est-ce que cette substance représente un danger pour le major Carter ?
- Aucune à ma connaissance, général.
- Bien. SG1, j’interromps vos missions pendant quelques temps. Je vous donne congé jusqu’à nouvel ordre, dit le général avant de sortir de la pièce.
Jacob Carter allait sortir à son tour quand Jack l’interpella.
- Jacob, je peux vous parler un instant.
- Oui, bien sûr, répondit-il. J’allais voir Sam, venez avec moi.
Jack hocha la tête, trop heureux d’avoir une excuse pour se rendre auprès de Sam, et suivit Jacob.
Pour la première fois depuis qu’elle s’était installée dans la base du SGC, Sam trouva que sa chambre était vraiment trop étroite. Elle n’arrêtait pas de faire les cents pas, tournant et retournant dans cette pièce. Elle avait l’impression d’être comme un animal en cage. Elle étouffait. Il fallait absolument qu’elle sorte d’ici, mais depuis leur retour de P9Z524, elle était consignée. Elle devait attendre les résultats des examens habituels de fin de mission, avec en plus quelques tests supplémentaires dus à ce qui lui était arrivé sur cette planète. Ensuite il lui resterait encore à affronter les questions de ses supérieurs, sur ces mêmes événements. Pour l’instant, le général Hammond avait repoussé le debriefing, jugeant que des examens médicaux étaient plus urgents, mais il lui faudrait bien s’expliquer tôt au tard.
Elle continua de tourner, jusqu’à ce qu’elle s’arrête devant le miroir fixé sur la porte de son armoire. Elle resta là un instant à fixer son reflet, comme si elle était hypnotisée par ce qu’elle voyait. Tout à coup l’image que lui renvoyait le miroir se brouilla, et Sam ferma les yeux. Quand elle les rouvrit une seconde après, elle eut un mouvement de recul. Elle posa sa main sur sa bouche afin de retenir un cri.
Les yeux froids et durs d’Apophis la fixaient à travers le miroir. Ses lèvres étaient déformées en un rictus démoniaque, et il semblait lui sourire.
Sam, d’abord paralysée par la peur, saisit ensuite une petite boule de verre qui servait de presse papier sur son bureau à coté d’elle, et la jeta sur le visage de son ennemi.
Le miroir se brisa, et les morceaux tombèrent sur le sol, entraînant avec eux l’image d’Apophis. Sam regarda les débris de verre à terre, et ferma les yeux afin d’exorciser cette vision.
- J’aimerai savoir si le major Carter vous a parlé de ce qui s’est passé ? , demanda jack.
- Non. Elle a soigneusement évité le sujet jusqu’ici, répondit Jacob.
- Pourtant quand nous sommes arrivés dans le vaisseau, vous sembliez avoir deviné.
- J’ai juste ressenti la présente furtive d’un nouveau Goa’uld. Mais Sam s’est dérobée à mes questions. En plus ce n’était pas vraiment le moment, comme vous l’avez fait remarquer.
- Donc vous ne savez rien concernant les circonstances de la mort d’Apophis.
- Non. Mais vous non plus, vous n’avez rien appris d’elle.
- Disons que je n’ai pas insisté tout de suite, vu les événements.
Jack et Jacob arrivaient désormais près de la chambre de Sam. Il ne leur restait plus que quelques mètres avant d’arriver enfin, quand ils entendirent soudain un bruit de bris de verre. Ils se précipitèrent vers la chambre de Sam, d’où le bruit était originaire.
Jack ouvrit brusquement la porte, sans prendre le temps de frapper. Il découvrit alors Sam dans un coin de la pièce, le regard vide, fixé sur les débris d’un miroir, au sol. Il s’avança vers elle, mais elle ne sembla pas remarquer sa présence.
- Sammy ?, appela Jacob en la prenant dans ses bras, et la secouant légèrement.
Sam ne réagit pas tout de suite, puis revenant enfin à elle, elle se dégagea de l’étreinte de son père.
- Papa, dit-elle surprise. Mon colonel !
Elle venait de prendre conscience de leur présence. Elle détourna les yeux, gênée. Elle ne voulait pas montrer sa faiblesse à son colonel, ni à son père.
- Est-ce que ça va ?, demanda Jack vraiment préoccupé.
- Oui, j’ai juste…, elle hésita, ne trouvant aucune excuse plausible. Ce n’est rien, finit-elle par dire. Mais que faites vous ici ?, demanda-t-elle pour changer de sujet.
- Euh, et bien… cette fois se fut à Jack d’hésiter sur ce qu’il devait répondre.
- Jack et moi avions à parler, et comme je venais te voir, je lui ai proposé de m’accompagner, afin de pouvoir tout de même discuter en chemin, expliqua Jacob, venant ainsi à l’aide de ce pauvre Jack.
Jack hocha la tête, pour confirmer ce que venait de dire Jacob. Sam n'était pas encore tout à fait remise de ce qu’elle venait de voir, et se contenta de cette explication.
- Au fait, commença Jack, brisant ainsi le silence qui venait de s’installer, le Général Hammond, nous offre quelques jours de congés.
- Nous pouvons quitter la base ?, s’empressa de demander Sam.
- Oui, je pense qu’il suffit de le signaler au Général avant.
- Bien. Papa, dit Sam en se tournant vers son père. Elle n’avait pas vraiment envie de rester seule pour le moment. Elle voulait surtout se changer les idées, oublier. Tu restes encore quelques jours ?
- Et bien, je ne sais pas trop, commença-t-il hésitant. Les Tok’ra doivent se réunirent pour un conseil très bientôt…
Il s’arrêta alors de parler en voyant le regard triste de sa fille.
- Mais ce ne sera que dans deux jours. Je peux sûrement m’arranger pour rester jusque là !, s’empressa-t-il de dire.
Sam sourit alors.
- Merci. Tu viens, je vais voir si je peux sortir maintenant, et je t’invite à déjeuner.
Jack qui avait garder le silence jusque là, se sentit tout à coup de trop. Il avait l’impression de jouer le rôle de l’intrus dans cette scène de vie familiale. Inconsciemment, il se sentit déçu de ne pas pouvoir en faire partie, et cela le rendit mélancolique.
- Et bien pour ma part, je crois que je vais vous laisser, dit Jack.
- Non, attendez, l’interrompit Jacob. Pourquoi ne pas vous joindre à nous ? Si toutefois vous n’avez pas d’autre projet.
Jack était très tenté d’accepter l’offre du général Carter, mais il savait que celui-ci désirait parler à sa fille en privé, et que par conséquent cette invitation était juste une formalité de politesse.
- Je vous remercie, répondit Jack. Mais je pense que vous avez sûrement envie de profiter de ces deux jours ensemble. Je vais donc vous laisser. Ce sera peut-être pour une prochaine fois.
- Bien !
- Au revoir mon colonel, dit Sam, au moment où il sortait enfin de la pièce.
- Au revoir Major, marmonna-t-il.
Il devait faire des efforts pour se contrôler, ne pas rester malgré tout, et questionner Sam sur le sujet qui le tracassait tant depuis leur petite visite sur P9Z524.
Après le départ de Jack, Jacob prit la main de sa fille et l’obligea à lui faire face.
- Sam, dit-il, qu’est-ce qui ne va pas ?
En voyant son regard plein d’inquiétude, Sam eut l’envie irrésistible de se blottir dans les bras de son père. Mais cela aurait entraîné d’autres questions beaucoup plus embarrassantes, auxquelles, elle ne souhaitait pas répondre, et encore moins en parler avec son père.
Mais Jacob ne semblait pas vouloir s’arrêter là.
- Sam je peux deviner, qu’il s’est passé quelque chose de grave sur cette planète. Dis-le-moi ? Je veux t’aider !
Sam resta toujours silencieuse.
- Sam, c’est à cause de ce nouveau Goa’uld ? Je sais que c’est une épreuve difficile pour toi, mais tu dois en parler à quelqu’un.
- Papa, s’il te plaît. Je vais bien je t’assure. Cesse donc te t’inquiéter inutilement.
Elle lui sourit, mais Jacob vit bien qu’il s’agissait d’un sourire forcé. Toutefois il dût se résoudre à attendre que sa fille daigne lui parler. La forcer à lui dire ce qui s’était passé, n’arrangerait rien à son état. Il la suivit donc dans le couloir, jusqu’au bureau du général Hammond. Pendant qu’ils marchaient, il ne put s’empêcher de la regarder. Elle semblait si frêle, si fragile. Il aurait tant voulu la prendre dans ses bras, mais sa petite fille avait bien grandit, et n’avait plus besoin de lui comme avant.
En entrant dans le bureau du Général Hammond, Sam put constater la présence de son supérieur le colonel O’Neill, mais aussi celle du Docteur Frasier. Dès qu’elle entra, suivit de son père, le général les invita tous à le suivre en salle de briefing. Là ils rejoignirent Daniel Jackson et Teal’c. tous prirent place autour de la table et ouvrirent les dossiers qui avaient été déposés à leur attention devant chacune des chaises.
Il s’agissait du premier rapport remit par le professeur Daniel Jackson, ainsi que les résultats des analyses effectuées par le Docteur Fraiser sur chacun des membres revenant de P9Z524.
- Colonel O’Neill, commença Hammond, vous ne m’avez pas remit à cet instant votre rapport. C’est un retard auquel je me suis habitué. Malgré tout, je souhaiterais pouvoir le lire dans les plus brefs délais, cette fois-ci.
Jack fit une petite moue, signifiant, qu’il ferait de son mieux, enfin pour le rendre, mais sans toutefois préciser une date.
- Major, je sais par quoi vous êtes passé, et dans ces conditions, je serais plus compréhensible quant à votre retard…
- Je suis désolé mon général, l’interrompit Sam. Mais je vous promets de vous remettre mon rapport dès ce soir.
Sam était avant tout une militaire, et elle ne devait pas laisser passer ses états d’âme avant son devoir. Jacob se félicita pour son courage, et la gratifia d’un sourire emplit de fierté. Il savait qu’elle accomplirait son devoir, quoique cela puisse lui en coûter.
- Bien, reprit le général. Si nous en venions à ce qui s’est passé sur P9Z524. Vos premiers récits semblent assez confus. Vous prétendez qu’Apophis est mort, mais vous ne nous avez pas fournit la moindre preuve. Comment en être vraiment sûr ?
La question du général ne s’adressait pas uniquement à Sam, puisqu’il n’avait pas été mis au courant des circonstances de la mort d’Apophis, et il croyait que cela résultait d’une action commune à l’équipe de SG1.
- Je peux vous assurer qu’Apophis est bien mort, répondit Sam, peu être un peu trop vivement, car tout le monde se retourna vers elle et la fixa avec des yeux surpris.
- Comment pouvez-vous l’affirmer Major ?
- C’est moi qui l’ai tué général, et je peux vous affirmer que je l’ai bien vu mourir.
Un silence suivit cette déclaration. Personne ne semblait vouloir prendre la parole, pourtant Sam sentit que cette fois, elle devait s’expliquer.
- Je ne sais pas comment l’expliquer, mais Jolinar est intervenue afin de chasser le symbiote goa’uld qui m’avait été implanté. Une fois que cela fut fait, j’ai pu retrouver mes esprits, et j’ai recherché le moyen de tuer Apophis. J’ai donc trouvé une arme de poing, que j’ai utilisé sur lui afin de détruire totalement le goa’uld. Je peux vous assurer mon général, qu’Apophis n’a pas survécut.
- Sam dit vrai Georges !, intervint Jacob Carter. Aucun Goa’uld ne peut survivre au rayon généré par l’arme de poing.
- Bien, dans ce cas, je pense que nous pouvons désormais classer Apophis comme étant une menace définitivement écartée, déclara le général Hammond. J’attends toutefois vos rapports détaillés de cette mission sur mon bureau. Je crois que nous en avons terminé. Le général fit une pause et regarda le Docteur Fraiser.
- Docteur ? Quelque chose à ajouter ?, interrogea-t-il.
- Non. Puisqu’il est, d’après le général Carter, normal que le taux de naquada du major Carter est augmenté, dû à cette nouvelle implantation, et que cela est sans conséquence, je crois que je n’ai rien d’autre à ajouter.
- Parfait. Dans ce cas, SG1, vous pouvez disposer.
Le général Hammond se leva de son siège, aussitôt imité par tous les participants du briefing.
- Jacob, tu restes quelques jours parmi nous ?, demanda-t-il tout naturellement.
- Oui, je ne repartirais que dans deux jours. En attendant, Sam et moi, allons manger au restaurant, ajouta-t-il tout joyeux, en encerclant de son bras les épaules de sa fille.
- Parfait !, répondit le général, qui avait compris par-là que Jacob attendait son accord pour pouvoir sortir de la base. Et bien on se reverra samedi pour ton départ.
Sur ce, Hammond sortit.
Jack laissa retomber sa fourchette qui heurta le coin de son assiette, manquant ainsi de la casser. Cela faisait maintenant deux heures qu’il avait quitté la base, mais il n’avait toujours pas réussit à se détendre. Seul devant son plateau repas, il regardait sans grand enthousiasme une rediffusion de " Casablanca " à la télévision.
Tout à coup le téléphone se mit à sonner. Jack tendit la main pour prendre le combiné.
- Oui, grogna-t-il.
- Et bien en voilà un accueil !, s’exclama la voix de Daniel à l’autre bout du fil. Et moi qui voulais vous inviter à boire une bière.
- Désolé Daniel, je crois que je ne suis pas d’humeur.
- Vous n’êtes jamais d’humeur Jack.
- Hmm, grogna-t-il de nouveau.
- Je ne vais tout de même pas vous supplier pour venir boire une bière. Ça serait bien la première fois que je vous verrais refuser une bière, s’étonna Daniel.
- Pourquoi ne demandez-vous pas à Teal’c ?, dit Jack espérant ainsi trouver le moyen d’échapper à son invitation.
- Teal’c est resté à la base. Il souhaitait se mettre en état de Kalnourim afin de permet à son symbiote de régénérer ses forces plus rapidement.
Jack resta silencieux quelque seconde, il n’avait aucunement envie de sortir ce soir, mais cela dit, la perspective de rester seul devant sa télévision ne l’enchantait guère non plus.
- Jack ?, interrogea Daniel, surpris du silence de son ami.
- Bon c’est d’accord, je viens, répondit Jack. Et puis de toute façon j’ai déjà vu " Casablanca " une bonne quinzaine de fois.
- Vous regardiez " Casablanca " ? s’étonna Daniel.
- Oui, répondit Jack.
- Je n’aurais pas cru que vous aimiez ce genre de film.
- Car bien sûr vous savez parfaitement le genre de film que je regarde, répondit Jack.
- Et ne vous fâchez pas, je voulais juste dire que vous n’aviez pas la tête de quelqu’un qui regarde ce type de film.
- Et d’après vous, Monsieur-je-sais-tout, j’ai une tête à quoi ?
- Je préfère ne pas répondre à cette question, s’esclaffa Daniel.
Jack sentit alors la bonne humeur de son ami le gagner peu à peu.
- Daniel se sera avec joie que je viendrais prendre une bière avec vous, déclara-t-il alors d’un ton enjoué.
- Parfait, répondit ce dernier. Alors on se rejoint dans un quart d’heure au petit pub habituel.
- J’y serais, dit Jack avant de raccrocher.
Jack éteignit alors la télévision et prit son blouson pour sortir. À ce moment il n’avait plus du tout envie d’être seul et parler avec Daniel (si on peut appeler cela parler que de se chamailler tout le temps), lui ferrait le plus grand bien.
Jacob referma la porte de la salle de bain et se dirigea vers le salon. Au passage, il jeta un regard vers la chambre de Sam. Il s’était couché quelques heures auparavant, et venait de se relever, ne trouvant pas le sommeil, se faisant du souci pour Sam.
Pendant le repas, ainsi que durant le chemin du retour, elle était restée assez silencieuse. Bien sûre, elle avait rit à ses blagues, et ils avaient discuté, mais que de sujets futiles. Jacob avait très bien remarqué que Samantha n’était pas tout à fait elle-même.
Tandis qu’il fixait la porte de la chambre de sa fille, il vit soudain un filet lumineux dans l’embrasure de celle-ci. Apparemment Samantha n’arrivait pas à dormir, elle non plus. Comme il entendait un bruit de pas, puis celui de l’eau qui coule, Jacob, hésita à aller frapper à la porte. Mais cela ne servirait à rien et il le savait. Il regagna alors son lit en espérant pouvoir aborder le sujet qui l’inquiétait demain matin.
Malheureusement le matin suivant, Sam resta muette quant à ce qui semblait la préoccuper. À contre cœur Jacob Carter dû se résoudre à repartir sans avoir pu parler franchement à sa fille. Il n’aimait pas la voir dans cet état. Elle semblait très fatiguée, et malgré ses dénégations, il ne pouvait s’empêcher de penser que quelque chose la tracassait.
Selmac de son coté, essaya également de parler avec Sam, mais celle-ci refusa tout dialogue, disant qu’elle n’avait rien à ajouter de plus de ce qu’elle avait déjà dit à propos de ce qui s’était déroulé sur P9Z524 ; aussi le Tok’ra n’insista pas.
Au moment de se dire au revoir, Jacob insista de nouveau sur le fait qu’elle pouvait le contacter quand elle le souhaitait, même pour les raisons les plus insignifiantes. Sam sourit à son père et lui assura une dernière fois que tout allait bien. Puis, elle l’embrassa et attendit qu’il soit monté dans son vaisseau avant de repartir.
Jack remarqua que Sam avait maigri. Depuis leur retour de P9Z524 il ne l’avait quasiment pas vu à la base. Elle avait raccompagné son père le samedi matin, et dès son départ, elle avait de nouveau quitté le complexe de Cheyenne Mountain, ne revenant que ce mercredi après-midi pour de nouveaux examens médicaux réclamés par le Docteur Frasier.
Il l’observa à la dérobée, tandis que lui-même se soumettait aux tests du docteur. Son visage était très pâle, et des cernes coloraient ses yeux. En l’espace d’une semaine elle avait perdu près de cinq kilos. Elle paraissait si lasse, qu’elle aurait put s’écrouler à tout moment. L’inquiétude de Jack augmenta encore quand il vit le regard soucieux du docteur Frasier.
- Sam !, appela Janet au moment où celle-ci s’apprêtait à quitter l’infirmerie.
Samantha se retourna pour faire face à son amie.
- J’aimerai te parler en particulier, lui dit-elle en lui désignant la porte de son bureau, et en l’invitant à la précéder.
- Je suis pressée, mentit Sam, désireuse d’éviter une discussion.
- C’est important !, répondit Janet sur un ton qui n’admettait pas de refus.
- Bon d’accord.
Jack regarda Sam entrer dans le bureau aussitôt suivit par le docteur Frasier. Il était tellement préoccupé par les deux femmes, qu’il ne remarqua pas qu’un infirmier venait de lui enfoncer une aiguille dans le bras afin de lui prélever un échantillon de sang. Ce ne fut que quand celui-ci lui demanda de maintenir le coton en place le temps de lui préparer un pansement, qu’il s’aperçut de la piqûre.
- Aie !, dit-il pour la forme.
L’infirmier sourit, habitué aux simagrées du colonel.
Près d’une demi heure plus tard, tandis que le sergent Howard venait de terminer ses derniers examens, Jack vit la porte du bureau du docteur Frasier s’ouvrir.
- Donnes moi tes clés Sam, ordonna Janet comme elles sortaient de son bureau.
- Enfin Janet, je te dis que je peux rentrer seule. Je n’ai pas besoin d’un chauffeur.
- Écoutes, ici c’est moi le docteur, et je dis que tu n’es pas en état de conduire. Je vais appeler quelqu’un pour te raccompagner.
- Mais je n’ai pas envie d’attendre que quelqu’un arrive enfin pour rentrer chez moi.
- Très bien, répondit Janet en se détournant. Colonel O’Neill ?, appela-t-elle alors.
- Oui, répondit-il en s’approchant.
- Vos tests sont terminés, n’est-ce pas ?
- Oui, le sergent Howard s’en est chargé.
- Parfait, alors vous allez quitter la base.
- Exactement, je rentre chez moi.
- Dans ce cas, vous ne verrez pas d’inconvénient à ramener le Major Carter puisque cela est sur votre chemin.
- Janet !, s’exclama Sam outrée par une telle initiative de son amie. Mon colonel, je suis désolé, je ne…
- Bien sûr. Cela ne me dérange pas, dit Jack, interrompant ainsi les excuses de Sam.
Sam suivait Jack à travers les couloirs de la base pour se rendre au parking. Elle n’avait pas dit un mot depuis leur départ de l’infirmerie. Jack respectait son silence, même si l’envie de lui parler était très forte. Il préférait attendre qu’elle lui parle d’elle-même.
Il arrivèrent enfin au parking et se dirigèrent vers le 4X4 de Jack. Galamment Jack ouvrit la porte pour faire entrer Sam.
- Mon colonel, je vous remercie, mais je préfère rentrer moi-même.
- Vous avez entendu ce que le Docteur Frasier à dit : interdiction de conduire ! Alors montez et je vais vous ramener.
- Mais ma voiture, je ne peux pas la laisser là.
- Ne vous en faite pas pour votre voiture dans ce parking elle ne risque rien, et puis vous n’aurez qu’à demander à quelqu’un de vous la ramener si vraiment cela vous dérange.
À cours d’idées, Sam dû se résoudre à obéir, et elle monta en voiture. Jack ferma la porte, puis contourna la voiture et monta à son tour.
Le trajet jusqu’au domicile de la jeune femme se déroula dans le silence le plus complet. À plusieurs moment Jack fut tenté d’engager la conversation, mais jetant à chaque fois un coup d’œil à sa passagère, il la vit perdue dans ses pensées, et sut que toute tentative de discussion avorterait lamentablement.
Enfin arrivé à destination, Jack descendit de voiture et se précipita pour ouvrir la porte à Sam, mais celle-ci l’avait devancé. Elle se tourna vers lui pour le remercier et prendre congé, mais déjà Jack se dirigeait vers le perron et l’y attendait. Visiblement, il n’avait pas l’intention de s’en aller comme ça.
Sam le rejoignit donc sur le seuil, et fouilla nerveusement son sac à main à la recherche de ses clés. Curieusement la présence de Jack à coté d’elle la troublait plus qu’elle n’aurait dû. Quand elle les trouva enfin, elles glissèrent dans sa main moite, et tombèrent au sol. Comme elle se baissait pour les ramasser, Jack fut plus rapide. Elle se releva et prit le trousseau qu’il lui tendait en souriant gentiment. Elle réussit enfin à ouvrir la porte et entra, gardant la porte ouverte afin que Jack puisse la suivre.
Jack suivit Sam dans l’entrée et referma la porte derrière lui. Sam ne put s’empêcher de sursauter en entendant la porte se refermer. Elle savait qu’il était là, derrière elle, mais elle n’osait pas se retourner.
- Alors, que diriez vous d’un bon petit dîner, dit tout à coup Jack, brisant ainsi le silence pesant qui s’était installé.
Sam allait protester, quand il lui intima l’ordre de se taire. Il lui fit alors comprendre qu’il ne partirait pas sans s’être assuré au préalable qu’elle avait mangé quelque chose.
- Le docteur Frasier m’a explicitement demandé de prendre soin de vous Major, dit-il pour justifier sa présence dans l’appartement de la jeune femme. Aussi je vais de ce pas vous préparer à souper.
- C’est inutile je vous assure, tenta encore de dire Sam.
- Si je ne vous connaissais pas Carter, je dirais que vous essayez de vous débarrasser de moi, dit Jack en plaisantant.
- Mon colonel, j’avoue être quelque peu fatiguée, et je…
- Raison de plus pour que vous acceptiez mon invitation. Je vais maintenant aller dans la cuisine, et nous préparer quelque chose. Pendant ce temps vous allez me faire le plaisir de vous installer dans ce canapé, et de vous reposer.
Il la poussa légèrement vers le divan, et l’obligea à s’y asseoir.
- Mais, mon colonel…, protesta-t-elle en se relevant.
- Il n’y a pas de "mais " qui tienne Major. Asseyez-vous, et moi je m’occupe du reste.
En l’entendant utiliser son grade pour s’adresser à elle, Sam sut qu’il ne lui servirait à rien de protester d’avantage. Dans ses conditions jamais elle n’aurait le dernier mot. De plus, elle se sentait si lasse, alors autant accepter son offre.
- Bien, dit-elle en s’asseyant.
- Parfait, répondit Jack, avant de se diriger vers la cuisine un petit sourire de satisfaction au coin des lèvres.
Pendant quelques minutes Jack fouilla dans les placards à la recherche de mets à préparer. Mais il ne trouva rien qui puisse lui permettre de composer un vrai repas. Pas étonnant que Sam ait autant maigri. Elle n’avait pas dû faire de courses depuis plusieurs jours. Jack continua ses investigations et finit par trouver un paquet de pâte, ainsi que divers ingrédients qu’il pourrait facilement transformer en une délicieuse sauce. Il sortit ensuite des casseroles et entreprit la cuisson de ce repas improvisé.
Jack égoutta les pâtes, avant de les verser dans un plat. Puis il termina de préparer la sauce tomate qu’il versa dessus. Il déposa ensuite deux couverts sur un plateau ainsi que le plat de pâtes, et se dirigea vers le séjour. Là il trouva Sam qui s’était assoupit sur le canapé. Il déposa son plateau sur la table et s’approcha d’elle.
Il l’observa quelque instant. Elle semblait si profondément endormie qu’il n’eut pas le cœur de la réveiller. Elle avait tellement besoin de sommeil.
Jack s’éloigna et sortit de la salle pour se diriger vers le couloir. Il ouvrit les différentes portes jusqu’à trouver ce qu’il cherchait, puis il repartit vers le séjour.
Il s’approcha de nouveau du canapé, et doucement pour ne pas la réveiller, il se pencha vers Sam et la prit dans ses bras. Celle-ci bougea légèrement, mais ne se réveilla pas. Lentement, il la souleva et la porta pour la conduire jusqu’à la chambre à coucher.
Sam se sentait si fatiguée. Elle avait longtemps lutté contre le sommeil sachant que Jack était dans la cuisine, préparant le repas, mais elle avait finit par s’endormir. Quand elle sentit qu’on la soulevait pour la porter, elle voulut ouvrir les yeux, mais ne s’en sentit pas la force. Ses paupières étaient horriblement lourdes. Aussi, elle se laissa faire, et se blottit contre le torse de Jack.
Jack eut un moment d’hésitation au moment où il s’apprêtait à déposer Sam sur le lit. Cette dernière s’était blottit tout contre lui, et il lutta contre la folle idée de la garder dans ses bras. Finalement, avec regret, il la coucha délicatement sur le lit, et s’éloigna légèrement.
Sam tendit la main à la recherche de Jack, et la posa sur son bras. Elle aurait tellement voulut le retenir, mais elle n’avait pas le droit. Aussi quand il s’éloigna légèrement d’elle, elle laissa retomber sa main sur le lit. Elle tourna alors la tête, et enfouit son visage contre l’oreiller.
Jack resta encore quelques secondes à regarder Sam. Elle semblait si fragile, si perdue, qu’il eut envie de la prendre de nouveau dans ses bras. Mais au lieu de cela, il caressa sa joue, repoussant ainsi une mèche de ses cheveux blonds, et y déposa un furtif baiser. Enfin il quitta la chambre le plus silencieusement que possible pour ne pas la réveiller.
De retour dans le séjour, il regarda le plat de pâtes qu’il avait préparé, et comme il sentit son estomac se nouer, il s’assit et se servit une part. Il mangea en silence, quelque peu déçu de ne pas voir en face de lui le visage souriant de Sam. Il aurait aimé partager ce repas avec elle.
Une fois qu’il eut terminé son dîner, Jack se leva et rapporta le plateau à la cuisine. Là il fit la vaisselle et la rangea ensuite. Il remit un peu d’ordre dans la cuisine, et retourna au salon.
Il n’avait décidément pas envie de partir. Assit sur le canapé, il réfléchit à ce qu’il devait faire. Instinctivement son regard se porta en direction du couloir, et il imagina la porte de la chambre. Sam était à quelques pas de là, tout prêt de lui, mais pourtant si inaccessible. Vu l’état dans lequel elle se trouvait, il ne désirait pas la laisser seule. Finalement, il opta pour un petit cousin qu’il cala sous sa tête, en s’allongeant sur le canapé, pour y passer la nuit.
Jack ne cessa alors de se tourner, et se retourner, ne trouvant pas le repos, tant il était troublé par la présence si proche de Sam.
Sam était allongée sur le dos, les yeux fermés, dans un demi sommeil. Elle savait Jack si proche, et n’arrivait pas à dormir. Soudain un poids pesa sur son corps. Elle sentit alors un souffle dans son cou, puis des lèvres chaudes et humides se posèrent délicatement sur les siennes dans un tendre baiser. "Jack", murmura-t-elle avant de passer ses bras autour du cou de son amant afin de lui rendre son baiser avec passion. À bout de souffle, leurs lèvres se séparèrent à regret. Mais déjà, il la couvrait de caresses, avant de suivre des lèvres la courbe gracieuse de son cou. Puis lentement il s’approcha avec délice du lobe de son oreille qu’il mordilla.
"Mon amour", murmura-t-il enfin.
Cette voix ! Sam frémit et se raidit. Elle ouvrit alors les yeux et vit le visage d’Apophis penché au-dessus du sien. Elle voulut s’enfuir, le repousser, mais elle était comme paralysée. Ce visage, ces yeux qui la fixaient avec avidité ! Ceux-ci s’illuminèrent soudain, et Sam fut incapable de se soustraire à son regard envoûtant. Alors la bouche d’Apophis s’ouvrit et laissa le passage à un symbiote Goa’uld qui sortit lentement. Celui-ci la fixa et ouvrit la gueule menaçant.
Sam se redressa d’un seul coup. Elle était désormais réveillée. Assit sur son lit, le front trempé de sueur, les mains moites, le corps fiévreux, elle tenta de chasser les images effrayantes de son cauchemar.
Elle tourna ensuite la tête vers la porte, imaginant le salon où devait encore se trouver Jack. Pourvu qu’elle n’ait pas crié dans son sommeil ! Mais aucun bruit ne lui parvint de ce coté, il devait dormir paisiblement. Elle se leva alors, et se dirigea lentement vers la salle de bain. Là, après avoir fermé la porte afin de rester la plus discrète que possible, elle alluma la lumière. Elle ne souhaitait en aucune façon réveiller Jack. Elle n'avait nullement le désir de répondre aux questions qu’il ne manquerait pas de lui poser en voyant son visage si pâle et ses yeux encore emplis de peur, comme le lui faisait remarquer son reflet dans la glace.
Elle fixa un instant le miroir, et ouvrit ensuite le robinet d’eau froide. Elle s’en aspergea le visage. La fraîcheur de l’eau fit redescendre la fièvre qui l’avait assaillit. Elle arrêta l’eau, et s’essuya. Alors son regard croisa de nouveau son reflet.
Le miroir lui renvoya ainsi sa propre image, mais celle-ci lui apparut troublée, comme si elle se reflétait dans de l’eau. Puis alors qu’elle devenait enfin nette, Sam put voir le reflet d’une autre personne se trouvant derrière elle. Instinctivement elle porta sa main à sa bouche, et recula. Elle retint un cri, tandis que ses yeux rencontraient ceux d’Apophis qui la fixait à travers le miroir.
Sam ferma les yeux pour chasser cette image. Elle se laissa glisser le long du mur, et s’assit sur le sol, repliant ses genoux sur sa poitrine. Sans qu’elle ne put les retenir, des larmes se mirent à couler, et elle éclata bientôt en sanglots. Elle cacha son visage dans ses mains afin d’en étouffer le bruit.
Tandis qu’elle pleurait, elle ne cessait de se répéter qu’Apophis était mort, qu’elle l’avait tué. Alors pourquoi son image venait-elle la hanter ainsi depuis ?
Sam frissonna tout à coup et se réveilla alors. Elle était assise par terre, sur le carrelage froid de la salle de bain. Elle se releva lentement, et fixa l’image que lui renvoyait le miroir. Ses traits étaient tirés, et les cernes sous ses yeux s’étaient creusées. Elle regarda l’horloge. Il était trois heures cinquante cinq ! Depuis combien de temps était-elle là, assise par terre ? Elle soupira, et éteignit la lumière avant de rejoindre sa chambre.
Mais ses pas prirent une toute autre direction, et elle se retrouva alors sur le seuil du séjour. Les volets n’avaient pas été fermés et, dans la semi-pénombre, elle put distinguer le corps de Jack allongé sur le canapé. Elle ne sut pas dire combien de temps elle resta ainsi à le regarder dormir, avant de se décider enfin à regagner sa chambre.
Un rayon de soleil caressa son visage et Jack se réveilla alors. Il se redressa et regarda sa montre. Il était neuf heures passées. Il parcourut des yeux, la pièce dans laquelle il se trouvait, avant de se rappeler où il était. Il passa sa main dans ses cheveux, et se leva. Il n’y avait pas le moindre bruit dans la maison. Samantha devait encore dormir. Devait-il s’en aller, ou bien attendre son réveil ? Comment réagirait-elle en le voyant ici en se levant ? Mais il n’avait aucune envie de partir. Il se dirigea vers la cuisine et décida de préparer le petit déjeuner.
Sam se réveilla tandis que le parfum du café fraîchement coulé, parvenait jusqu’à elle depuis la cuisine. Elle s’étira longuement dans son lit, avant de se lever. Elle constata alors qu’elle était toujours habillée. Elle se rendit donc dans la salle de bain et après avoir prit une douche se changea. Elle se rendit ensuite dans la cuisine où l’odeur de pain grillé se mêlait désormais à celle du café.
Jack était assit devant la petite table ronde, et terminait de tartiner une tranche de pain, quand Sam entra. Il leva les yeux vers elle et l’accueillit avec un sourire.
– Bonjour, dit-il.
- Bonjour, répondit Sam en s’approchant et en s’asseyant en face de lui.
- Du café ?, demanda-t-il, tandis qu’il prenait la cafetière et l’approchait de la tasse qu’il avait préparée pour elle.
- Oui, merci.
Jack versa le café puis reposa la cafetière, ensuite il prit une petite panière contenant des tartines beurrées et la présenta à Sam.
- Merci, redit-elle en prenant une tartine.
Il lui répondit d’un sourire.
- Comme vous n’avez pas pu goûter à ma cuisine hier soir, j’ai pensé pouvoir vous faire profiter de mes talents culinaires pour le petit déjeuner.
En fait les dits "talents" se résumaient à une tasse de café et quelques tartines de pain grillées et beurrées, mais il promit de se rattraper une prochaine fois.
Sam se surpris à sourire à cette remarque. Au fond d’elle l’idée d’un prochain repas en compagnie de Jack l’enchantait.
Jack eut un petit sourire satisfait en voyant les traits de la jeune femme se décrisper. Pour la première fois depuis leur retour de mission, il la voyait enfin sourire, et ce sourire était pour lui. À cette pensée son cœur se remplit de joie.
- Alors qu’avez vous envie de faire aujourd’hui ?, demanda tout à coup Jack, tandis qu’ils terminaient de manger.
Étrangement Sam ne chercha pas à se dérober cette fois, au contraire, elle semblait accepter sa présence pour le reste de la journée.
- Et bien je ne sais pas trop…que me proposez-vous ?
- Que diriez-vous d’une petite ballade dans le parc, nous pourrions prendre des sandwichs et déjeuner près de l’eau.
- Oui, cela me paraît intéressant, répondit Sam.
- Parfait, alors allez vous préparer tandis que je range ici.
Sam voulut l’aider, mais il l’en empêcha, disant qu’il s’occupait de tout. Alors elle sortit de la cuisine pour ne revenir que quelques minutes plus tard, prête à partir pour cette ballade.
Après s’être arrêtés chez Jack afin que lui aussi puisse se doucher et se changer, ils se rendirent donc au parc. En chemin, ils discutèrent de banalité sur le temps essentiellement. Jack aurait tellement voulut parler de choses plus sérieuses, comme la raison des insomnies de la jeune femme, mais il préférait attendre que Sam en ait l’initiative.
– Il est dommage que nous n’ayons pas assez de temps devant nous, sinon je vous aurais montré ma petite cabane au bord de l’eau, dit Jack tout à coup, tandis qu’ils approchaient du parc.
- Celle où vous voulez absolument m’emmener pêcher, dit Sam en souriant, alors que le souvenir des nombreuses tentatives plutôt maladroites de Jack pour l’inviter, lui revenait à l’esprit.
- Oui, celle là même !, répondit Jack tout en faisant semblant de s’offusquer de sa réponse. Puis il rit de bon cœur, aussitôt imité par Sam.
Toute la journée, ils discutèrent de tout et de rien, riant tel des enfants. Sam en oublia ses cauchemars, il lui semblait qu’auprès de Jack rien ne pouvait lui arriver. Le repas quoique simple fut excellent, et ils mangèrent tout en riant des acrobaties culinaires de chacun. Ensuite ils profitèrent de cette splendide après-midi ensoleillée, pour se promener le long du petit étang.
Tout ce temps, Jack brûlait d’envie de poser des questions à son Major, mais le désir de voir cette journée se dérouler sans encombre l’en empêcha.
Au moment de se quitter, tandis qu’ils se tenaient sur le seuil de l’appartement de Sam, celle-ci se tourna brusquement vers Jack.
- Est-ce que vous accepteriez de rester dîner ce soir ?
- Bien, à condition que vous ne fassiez pas ce fameux poulet en papillote, oui j’en serai ravi. J’ai toujours eut du mal à digérer le sel à la viande, ajouta-t-il en souriant.
Sam sourit à son tour à l’évocation de l’anecdote qu’elle avait raconté dans l’après-midi alors qu’ils discutaient de leur désastre culinaire.
- C’est promis.
- Alors dans ce cas… avec un geste théâtral Jack invita Sam à le précéder dans l’appartement.
Le dîner se déroula de façon aussi agréable que la journée, jusqu’au moment du café. Assis sur le canapé, Jack observait depuis quelques instants Sam installée dans le fauteuil en face de lui. Elle était si silencieuse et pensive tout à coup. Alors la question qu’il retenait depuis si longtemps lui échappa.
- Major, que s’est-il exactement passé sur P9Z524 ?
Sam surprise releva la tête brusquement. On aurait dit que le simple fait d’entendre le nom de cette planète l’avait bouleversée. Le sang s’était retiré de son visage, et ses yeux devinrent inexpressifs.
Affolé par la réaction de Sam, Jack se leva et se précipita vers elle comme pour s’assurer que son cœur battait encore, tant elle était blanche et immobile soudainement.
– Sam, est-ce que ça va ?
L’intéressée eut alors un pâle sourire, avant de hocher la tête. Elle voulut chasser de son esprit les images de ses cauchemars, mais celle-ci étaient si présentes qu’elle ne put y arriver. Alors, sans qu’elle ne put les retenir des larmes coulèrent le long de ses joues. Jack prit son visage entre ses mains et l’essuya tendrement.
– Je suis désolé, je comprends que tout cela est difficile. Mais vous devriez en parler, ensuite vous vous sentirez mieux.
– Je ne sais pas, parvint à dire Sam entre deux sanglots.
- Faites-moi confiance Sam, je veux juste vous aider. Dites-moi ce qui s’est passé.
Sam leva vers Jack des yeux implorants. Elle n’avait pas envie de revivre les scènes horribles de ses cauchemars, mais elle devait reconnaître qu’en parler pourrait toutefois l’aider à les exorciser. Ainsi elle commença à lui raconter la douleur intense qu’elle avait ressentit tandis que le symbiote Goa’uld prenait possession de corps petit à petit, suivit ensuite de ce sentiment de chute interminable au fond de l’abîme. L’impression horrible de ne plus rien contrôler, d’être perdue dans son propre corps. Puis vint l’évocation de ses visions de sa famille, des membres du SGC, et de Jolinar.
– Jolinar !… C’est elle qui a combattu et vaincu le Goa’uld qui m’habitait, continua de raconter Sam. Je lui dois beaucoup.
En disant ces mots, Sam pensait à l’arme de poing Goa’uld, qu’elle avait pu utiliser pour vaincre Apophis.
- Comment… commença Jack hésitant. Comment avez vous réussis à surprendre et tuer Apophis ?
Sam sembla encore plus nerveuse. Jack posa alors ses mains sur celles de la jeune femme, afin d’en calmer le tremblement.
Alors au bout de quelques minutes d’un silence oppressant, Sam reprit son récit et les mots qui lui étaient si dur de prononcer s’échappèrent enfin de ses lèvres. Elle avoua à son colonel comment elle avait pu tromper la vigilance d’Apophis en feignant d’être encore sous le joug du Goa’uld qu’il avait choisit pour femme. Il lui sembla qu’il lui était encore plus dur de raconter ces événements à Jack, que de les avoir vécus.
Tandis qu’il l’écoutait sans un mot, son visage se décomposait à vue d’œil malgré son désir de rester maître de lui afin de ne pas effrayer Sam plus qu’elle ne l’était déjà.
Quand elle se tut enfin, Jack la prit dans ses bras et la berça lentement. Elle continua de pleurer pendant encore plusieurs minutes, avant de s’apaiser pour de bon. Jack la maintient contre lui encore longtemps après le dernier de ces sanglots, la réconfortant du mieux qu’il le pouvait.
Quand ils s’écartèrent l’un de l’autre, un certain malaise s’installa entre eux. Sam n’osait regarder Jack qui de son coté restait anormalement muet. Comment réagir face à de telles révélations ? Jack se reprocha encore plus durement de n’avoir rien pu faire pour empêcher cela d’arriver. Il aurait du mieux protéger son équipe. Jamais Sam n’aurait du vivre cela. Prit soudain d’un excès de violence, il frappa sans ménagement le mur. Sam sursauta au bruit sourd qui s’en suivit. Elle leva les yeux vers lui et croisa son regard. Elle y lut le sentiment de culpabilité qui habitait Jack. Instinctivement, elle se redressa et avança vers lui. Elle posa sa main sur son bras, alors qu’il s’était détourné pour faire de nouveau face au mur, regardant incrédule la marque qui s’y était creusée.
– Comme vous l’avez dit vous-même, c’est terminé maintenant. Rien de ce qu’on peut dire ou faire ne changera ce qui s’est passé. D’ailleurs nous devrions nous réjouir car Apophis est mort une bonne fois pour toute. Il n’est plus une menace pour la Terre, dit Sam doucement.
Jack resta silencieux.
– Ce n’est nullement de votre faute, mon Colonel.
Sam choisit délibérément d’utiliser son grade pour s’adresser à Jack à cet instant. Elle voulait ainsi minimiser son sentiment de culpabilité en lui montrant qu’avant tous ils étaient des militaires, ce qui impliquait parfois des sacrifices.
Jack, cette fois, détourna son attention du mur pour faire face à la jeune femme. Il voulut la prendre dans ses bras, mais les derniers mots de Sam résonnèrent dans sa tête : "mon colonel", de nouveau la barrière édifiée par le règlement militaire s’imposait à lui. Il laissa alors ses bras pendre le long de son corps et baissa la tête.
– Jack !, appela Sam.
Ce dernier releva la tête, et vit qu’elle hésitait à lui dire quelque chose.
– Qu’y-a-t-il ?
– Je me demandais…enfin je voulais savoir…, bafouilla-t-elle avant de s’arrêter un instant pour prendre une grande respiration. Est-ce que vous accepteriez de rester ici cette nuit ?
Jack surpris par sa question, ne sut pas quoi dire. Mais il reprit vite contenance et avec un sourire qui se voulait amical, répondit par l’affirmative.
– Je dois vous avouer que je trouve votre canapé très confortable, plaisanta-t-il afin de détendre l’atmosphère.
Sam esquiva un petit sourire et baissa la tête en rougissant légèrement.
– Merci, murmura-t-elle. Je vais vous chercher un cousin et des couvertures.
Sam déambulait dans les couloirs sans vraiment savoir où elle allait. Elle ne reconnaissait pas l’endroit mais pourtant elle se dirigeait vers quelque chose de précis. Enfin au détour d’un corridor, elle trouva une porte. Celle-ci était en bois très simple et très usé. Sam la poussa et pénétra dans un cachot sombre et humide. Sur l’un des murs, était enchaîné un homme dont le corps était couvert de nombreuses blessures. Sam le reconnu immédiatement.
– Jack !
Alors qu’elle allait s’avancer, un bras encercla sa taille, et la retint captive. Elle aurait voulu se débattre, mais son corps refusait de lui obéir. L’étreinte se resserra l’obligeant à se rapprocher d’avantage de son assaillant. C’est alors qu’une main effleura sa joue puis saisissant son menton la força à regarder l’homme qui la tenait si fermement. Le regard apeuré de Sam rencontra alors celui ravi d’Apophis. Leurs visages étaient maintenant très proches, et Sam pouvait sentir le souffle de son ennemi sur sa joue.
Apophis se pencha lentement vers elle et, la maintenant étroitement serrée contre lui, l’embrassa. Malgré ses efforts pour échapper à cette étreinte, Sam ne put réussir à faire un seul mouvement. Elle était comme paralysée. Enfin Apophis s’écarta, et tournant la tête vers le mur en face d’eux, éclata d’un rire narquois.
Sam se détourna à son tour dans cette direction et vit Jack toujours enchaîné, malmené par deux Jaffas. Du sang s’échappait de sa bouche, et ses yeux étaient vides de toute expression. Il était si inerte…
"JACK !", cria Sam, qui désormais se débattait énergiquement. Mais la force d’Apophis était si grande qu’elle ne pouvait s’échapper à son emprise.
"Jack ! Jack ! Jack !", répéta-t-elle sans cesse.
Jack se réveilla en sursaut en entendant crier son nom. Il bondit hors du canapé et courut jusqu’à la chambre, ouvrant la porte brusquement. Sam s’agitait dans le lit, répétant son nom en pleurant. Jack se précipita vers le lit, et la saisit par les épaules.
– Sam ! Réveilles-toi ! Sam, ce n’est qu’un rêve !
Mais Sam continuait de s’agiter, secouant la tête de chaque coté. Il essaya encore de la réveiller, mais elle resta prisonnière de son cauchemar.
– Sam, c’est Jack. Je suis là. C’est finit. Je ne laisserai jamais quelqu’un te faire du mal !
Jack la prit alors dans ses bras, mais Sam était toujours agitée. Elle tenta de s’écarter de lui, le frappant de ses poings. Insensible à ses coups, Jack continua de lui parler.
– C’est moi. C’est Jack. Chut c’est terminé maintenant.
Enfin Sam sembla se calmer, et Jack continua de la bercer, sa main parcourant son dos, d’un geste réconfortant.
– Je ne laisserai plus jamais quelqu’un te faire du mal, répéta-t-il alors. Tant que je serais vivant cela n’arrivera plus, promit-il.
Jack déposa ensuite un baiser sur son front, puis sur ses joues, murmurant des mots apaisant entre chaque baiser. Sam toujours endormie, passa ses bras autour de son cou, et à ce moment là, il réalisa ce qu’il était en train de faire. Il tenta de se reculer, mais les bras de Sam était comme visés autour de son cou et de ses épaules. Jack commença à paniquer. Ses sentiments étaient partagés entre l’envie de s’abandonner à son étreinte, et celui de s’enfuir avant qu’il ne soit trop tard. Il pouvait sentit la douceur de sa peau contre lui, ses cheveux étaient si doux, si parfumés. C’était trop. Quand les lèvres de Sam se posèrent dans son cou, un frisson parcourut son corps. Il voulut alors s’éloigner.
- Sam, murmura-t-il.
Sam resserra son étreinte et l’embrassa de nouveau. Jack sentit son sang bouillir, il eut l’impression d’être en feu. Il devait s’échapper de son étreinte maintenant, s’il voulait pouvoir encore rester maître de lui. Il la repoussa plus durement, s’arrachant enfin à ses bras, mais au lieu d’en être satisfait, il en éprouva un grand désarroi. Il se redressa, sa respiration s’était accélérée. Il regarda alors Sam qui soupira avant de laisser sa tête retomber sur l’oreiller, de nouveau calme. Sa respiration se ralentit, reprenant ainsi un rythme normal.
Jack quitta rapidement la chambre. Son corps était secoué de spasme, et trempé de sueur. Il alla dans la salle de bain et s’aspergea d’eau froide le visage et le cou, essayant de faire redescendre la fièvre qui l’habitait. Ensuite il se dirigea vers le salon, essayant de penser à tout autre chose qu’à Sam espérant ainsi calmer son esprit et son corps. Enfin il se laissa choir sur le canapé. Les événements lui avaient échappé, il ne savait pas comment il avait réussit à reprendre le contrôle. Le souvenir des lèvres de Sam sur son cou réveilla sa fièvre-- Non ! Elle était endormie. Elle ne savait pas ce qu’elle faisait. Il n’avait pas le droit d’en profiter.
Puis il pensa à ce stupide règlement. Il n’avait pas le droit de risquer leurs carrières juste parce qu’il ressentait une forte attirance pour elle.
– Mais c’est beaucoup plus qu’une simple attirance, murmura-t-il sans vraiment se rendre compte qu’il avait parlé à haute voix.
Au bout de longues minutes qui lui parurent des heures, Jack n’y pouvant plus, se leva et se dirigea vers la chambre de Sam. Cette fois, se fut lentement qu’il pénétra dans la pièce. Il resta un instant à fixer le lit. Sam semblait si tranquille, son visage ne laissait pas transparaître l’agitation qui l’avait habité un peu avant. Sa poitrine se soulevait lentement au rythme de sa respiration, ses cheveux blond auréolaient son visage, lui donnant ainsi l’air d’un ange. Jack se pencha vers elle, et caressa sa joue. Sam ne bougea pas. Alors Jack s’assit à coté d’elle sur le lit, et la regarda dormir.
Jack se réveilla d’un seul coup, réalisant avec horreur qu’il s’était endormi. Puis il se rendit compte d’autre chose. Dans son sommeil, il avait glissé et était maintenant allongé de tout son long sur le lit. Sam, toujours endormie, était blottie contre lui. De son coté, il avait passé son bras autour de sa taille, et sa tête reposait sur l’oreiller à quelques centimètres du visage de Sam.
Jack sentit son pouls s’accélérer et une vague de chaleur l’envahir, causant en lui un certain embarras. Ses yeux se posèrent alors sur les lèvres de Sam avec un besoin irrésistible de l’embrasser. Au prix d’un violent effort, il réussit à retenir son geste. Ensuite, lentement et avec attention il s’écarta de la jeune femme. Il quitta alors la chambre le plus silencieusement que possible.
Sam se réveilla doucement. Les dernières brides de son rêve lui revinrent en mémoire tandis qu’elle s’étirait longuement. Sa main s’attarda sur les draps à coté d’elle, comme si elle voulait ressentir sa présence. Si seulement cela avait pu être vrai, pensa-t-elle, avant de se réprimander rapidement pour avoir une telle pensée.
Jack était son supérieur hiérarchique, et le règlement était bien clair sur les relations entre deux militaires. Comment pouvait-elle avoir de telles idées ? Son rêve quoique si merveilleux qu’il fut, n’était qu’un simple rêve, juste un rêve. Il ne pourrait pas être plus que cela... un rêve.
Elle se leva alors, et se dirigea vers la salle de bain. Quand elle en sortit, elle retrouva Jack dans la cuisine pour le petit déjeuner tout comme la vieille.
Jack releva la tête en la voyant entrer. Un frisson parcourut son corps, mais il n’en laissa rien paraître. Il devait faire en sorte qu’elle ne sache jamais pour cette nuit. Cela devait rester dans son esprit, qu’un rêve impossible.
Il l’accueillit d’un sourire, et la journée continua aussi bien qu’elle avait commencé pour tous les deux.
Jack observa Sam du coin de l’œil, tandis que devant eux s’ouvrait le vortex bleuté. Elle avait désormais meilleure mine, ses cernes avaient disparues et son visage avait repris des couleurs. Son appétit était revenu, et elle semblait plus sereine, ses cauchemars avaient cessé de la hanter.
C’était la première mission de SG1, depuis leur repos forcé. Toute l’équipe semblait en pleine forme et prête à repartir pour de nouvelles aventures.
Alors que Jack regardait ses coéquipiers traverser la porte des étoiles, un sourire se dessina sur ses lèvres en repensant à ces derniers jours qu’il avait passé en compagnie de Sam. Il l’avait enfin retrouvé telle qu’elle avait toujours été : radieuse et souriante…
…Telle qu’il l’aimait.
FIN.