Titre : Vampires
Auteur : Egyptia
Email : Aegyptia@aol.com
Catégorie : Suspense ; Jack&Sam Romance
Saison : Début de la saison 4
Résumé : En mission, SG-1 rencontre un homme mystérieux qui vit dans les sous-sols de la planète. Samantha sera la première à adopter un comportement pour le moins étrange...
Archive : Cette histoire ne peut être publiée sans l'autorisation de son auteur.
Disclaimer : Les personnages et la série sont la propriété de Showtime, Gekko et MGM. L'histoire ci-dessous n'existe pas dans un but lucratif mais uniquement dans un but de divertissement.
Note de l'auteur : Cette histoire est surtout un prétexte à quelques belles scènes entre Jack et Sam. Je l'ai écrite en pensant à ma sœur Jessica qui adore autant les vampires que notre attachant couple de militaires. J'espère que vous apprécierez.

Vampires

 

 

Jack ouvrit brusquement la porte du laboratoire de recherches de Samantha :

- Major, je suis venu vous prévenir que...

Il s’interrompit en voyant la jeune femme affalée sur son précieux réacteur à naqahdah. Un ange. Aucun autre mot ne vint à l’esprit du colonel. Il s’approcha et laissa sa main caresser les cheveux de la belle. Elle cilla à peine mais il recula aussitôt, craignant d’être surpris dans sa contemplation. Jack passa la tête dans l’entrebâillement de la porte et surveilla les allées désertes de la base. La chambre de Samantha se trouvait au bout du couloir. Il retourna alors auprès de la jeune femme et passa un bras autour de sa taille. Il la souleva avec délicatesse, priant pour qu’elle ne se réveille pas, et la porta jusqu’à sa chambre. Là-bas, il l’étendit sur le lit en luttant contre les battements trop rapides de son cœur. Son souffle dérangea les mèches blondes sur le front de Samantha lorsqu’il déposa sa tête sur l’oreiller. Jack s’assit ensuit sur le bord du matelas et admira l’ange endormi pendant quelques secondes. Un léger sourire apparut sur ses lèvres, puis sa mine s’assombrit à l’idée de ce rêve inaccessible. Il tendit la main vers le réveil et régla l’heure de la sonnerie. L’homme se dirigea ensuite vers le bureau, attrapa un stylo, un bout de papier, et laissa un message :

"Le briefing aura lieu plus tôt demain matin. Le général nous attend à sept heures. Jack"

Le colonel jeta un dernier regard à Samantha puis quitta la chambre.

* * *

Daniel entra dans la salle de briefing, termina rapidement son café et déposa discrètement la tasse sur le rebord d’un meuble comme il le faisait toujours. Il alla s’asseoir à son fauteuil et constata qu’il n’était pas le dernier. Ni Jack, ni le général Hammond n’étaient arrivés. Samantha jouait négligemment avec un verre d’eau tandis que Teal’c patientait en fixant le mur d’en face, impassible. Jack fit enfin son apparition, l’air fatigué et mal coiffé.

- Désolé pour le retard, s’excusa-t-il en baillant. J’avais oublié de réglé mon réveil. Le général n’est pas encore là ?

- Si, il est là, répondit le général Hammond en entrant dans la pièce. En fait, le briefing était prévu pour sept heures quinze, mais comme je me doutais qu’il y aurait des retardataires, expliqua-t-il en dévisageant Jack, je vous ai demandé de venir à sept. Résultat, il est sept heures quatorze et personne n’a de retard.

Le général Hammond s’installa dans son fauteuil avec une mine satisfaite. Il commença son briefing, montra les images filmées par la sonde sur P3X982, puis conclut :

- Il y a un village au bas de la colline, mais la sonde ne peut pas se rendre jusque là-bas. Vous savez donc ce qu’il vous reste à faire. Départ à huit heures zéro zéro.

- Ca veut dire qu’on a jusqu’à huit heures et quart ? demanda Jack.

- Colonel, reprocha le général en soupirant.

- Bon d’accord, huit heures zéro zéro, à vos ordres.

L’équipe quitta la salle de briefing en prenant la direction des vestiaires. Lorsque Daniel et Teal’c furent suffisamment éloignés, Samantha rattrapa Jack dans le couloir :

- Euh, mon colonel.

- Oui major ?

- Je voulais vous remercier pour hier soir, enfin... de m’avoir prévenue pour le changement d’horaire du briefing, et aussi pour avoir réglé mon réveil.

- De rien, c’est tout à fait normal. A un détail près : j’avais le souvenir d’avoir déjà programmé un réveil, ce qui fait que j’en ai oublié le mien.

- Je suis désolée, dit Samantha en riant. Vous savez, ça n’était pas la peine de vous déranger pour moi. Enfin, vous auriez pu me réveiller... C’était gentil quand même, merci.

- Ca m’a fait plaisir... Après vous, proposa-t-il en s’arrêtant devant la porte des vestiaires.

Samantha entra. Jack la suivit.

* * *

Chevron sept enclenché. Le tourbillon instable jaillit de la porte des étoiles et la salle d’embarquement fut bientôt emplie d’une apaisante lumière bleutée. Les quatre membres de SG-1 s’avancèrent et traversèrent le vortex en se demandant si pour une fois au moins ils allaient avoir droit à une mission calme. Il débouchèrent sur une petite place sablonneuse parsemée de blocs de pierre usés sur lesquels poussait de la mousse.

- On dirait les ruines d’un ancien temple, commença Daniel. Peut-être...

- Plus tard, l’interrompit Jack. Pour l’instant notre objectif est d’entrer en contact avec les habitants de cette planète. Je renvoie la sonde sur Terre et on descend au village.

Alors que le colonel entrait les coordonnées de la Terre sur le tableau de commande, Daniel s’engagea sur un petit sentier de poussière entre les ruines. Ses doigts effleurèrent la roche friable à la recherche d’une quelconque inscription gravée. Il sentit soudain une irrégularité dans la pierre. Il s’accroupit et souffla sur le bloc. Le jeune homme éternua lorsqu’un nuage de poussière l’enveloppa. Alertés, les trois autres membres de l’équipe le rejoignirent aussitôt.

- Vous avez découvert quelque chose, Daniel ? s’enquit Samantha.

- Oui, une inscription. Ces ruines sont très anciennes et la surface des blocs de pierre s’est effritée avec le temps. Mais j’arrive tout de même à distinguer quelques mots. C’est du latin. Damnabilitas qui signifie quelque chose comme damnation, malum veut dire le mal et domus signifie maison. Le reste a été très abîmé par les années, se désola-t-il.

- Mouais, marmonna Jack en remettant sa casquette. Moi qui croyais que vous étiez tombé sur quelque chose d’intéressant pour une fois. Je sais pas moi, un cadavre, une menace pour l’humanité, quelque chose de distrayant quoi.

Daniel se redressa, prêt à se lancer dans une argumentation sur l’importance de détails de ce type, lorsqu’une dalle se déroba sous ses pieds. L’égyptologue tomba en arrière et dévala les marches d’un escalier sur plusieurs mètres. Ses amis coururent à son secours. Ils se retrouvèrent dans une sorte de cave sombre et humide. Seule une bougie éclairait faiblement l’obscurité. Samantha ramassa les lunettes de Daniel sur le sol et les lui tendit :

- Je crois qu’elles sont brisées.

- C’est rien, mon opticien a l’habitude.

- Rien de cassé ? demanda Jack en aidant l’égyptologue à se relever.

- Ca va, juste un peu mal au dos.

- Bon, alors on remonte à la surface. Cet endroit me flanque la chair de poule.

Une nuée de chauve-souris passa soudain au-dessus de leurs têtes et s’échappa par la dalle ouverte en poussant d’ignobles cris suraigus.

- Sales bestioles ! maugréa Jack en remarquant l’excrément de chauve-souris sur la visière de sa casquette.

- Vous parlez la langue des Goa’uld, observa un homme dissimulé dans le coin le plus sombre de la pièce.

- Euh, on peut savoir qui... commença Jack.

- Les Goa’uld ne sont pas les bienvenues ici, poursuivit l’inconnu sans tenir compte de la remarque du colonel.

- Nous ne sommes pas des Goa’uld, affirma Daniel. Il est vrai que certains d’entre eux parlent anglais, mais...

- Etes-vous des humains ? coupa l’homme.

- Oui, tout à fait. Enfin, Teal’c est...

- Dans ce cas vous êtes les bienvenues.

- Eh bien merci, reprit Jack. Mais j’aimerais d’abord savoir si vous, vous êtes humain.

- Ai-je l’air d’un alien ? demanda l’homme en s’avançant sous la lumière de la bougie.

Il révéla des traits parfaitement humains, quoi que pâles. Une pâleur sans doute accentuée par la noirceur de ses cheveux et l’intensité de son regard gris.

- Bein, vous savez, les apparences sont parfois trompeuses, objecta Jack. Tenez, par exemple les Goa’uld, ils...

- Les Goa’uld sont nos ennemis.

- Oui, ça on l’avait compris.

- Les Goa’uld sont nos ennemis à nous aussi, expliqua Daniel. Nous explorons différentes planètes afin de créer une alliance entre tous les ennemis des Goa’uld qui pourront ainsi être vaincus. Un jour, nous serons...

- Notre peuple serait ravi de servir à cette grande cause, intervint l’homme. Si vous voulez bien me suivre, nous pourrions en discuter avec les anciens.

- Euh, pfff, hésita Jack. Pourquoi pas, après tout on...

- C’est par-là, annonça leur hôte en désignant un couloir obscur.

- Vous pourriez arrêter de m’interrompre à chaque fois que je parle ? se plaignit le colonel. C’est très désagréable.

Ainsi, les quatre membres de SG-1 disparurent dans les sous-sols d’un temple en ruines à la suite d’un étrange inconnu.

* * *

- Dites, c’est encore loin ? gémit Jack.

- Vous êtes fatigué ? demanda leur guide.

- Ah non non. Euh, c’est pour Teal’c, je me disais qu’il aurait peut-être besoin de se reposer un peu mais si...

- Nous arriverons dans cinq minutes.

- Oui mais ce qui me dérange c’est que vous nous avez déjà dit ça il y a cinq minutes.

Cela faisait approximativement trois heures que les cinq personnes progressaient dans l’obscurité ambiante des galeries souterraines. Ce fut avec soulagement qu’ils arrivèrent finalement devant de larges doubles portes ornées de gravures épiques : dragons, épées, chevaliers. Ils suivirent leur hôte dans une gigantesque salle à manger. Des peintures recouvraient les murs et de nombreux chandeliers étaient disposés sur la longue table de bois. Les visiteurs s’installèrent sous l’œil connaisseur de l’homme qui avait jusqu’à présent refusé de décliner son identité.

- Bienvenue sur la planète Drakk, ainsi que dans ma demeure.

- Eh bien merci, monsieur... ? questionna Jack.

- Je m’appelle Elian, et je suis le seigneur de ces terres.

- Je suis le docteur Daniel Ja...

- Et voici les anciens de mon peuple.

Cinq personnes, dont trois femmes, entrèrent dans la salle et s’assirent à table. Ils avaient tous l’air très âgés et encore plus pâles qu’Elian. De longs cheveux blancs retombaient sur leurs épaules voûtées et leurs mains tremblaient incontrôlablement. Ils demeurèrent immobiles, la tête penchée en avant et le regard vide, lorsqu’Elian frappa dans les mains. Des dizaines d’esclaves accoururent aussitôt et mirent la table. De succulents mets furent bientôt servis, plus fumants et alléchants les uns que les autres. Les invités ne se firent pas prier pour goûter. Ce fut sans doute l’un des repas les plus exceptionnels qu’ils aient jamais mangé.

- Mais alors, interrogea Daniel, pourquoi vivez-vous sous terre ?

- Nous sommes à l’abri des Goa’uld ici, expliqua Elian. Un réseau de tunnels parcourt la moitié de la planète et nous vivons très bien comme ça.

- Pourtant notre sonde a repéré un village et des traces de vie à la surface.

- Les gens sont libres de vivre où bon leur semble, ne croyez-vous pas ?

- Certainement, admit Daniel.

Elian porta un verre de vin rouge à ses lèvres et le but avec délectation. Une goutte roula sur son menton, il l’essuya du bout des doigts et la lécha en jetant un regard en coin à Samantha. La jeune femme se sentit mal à l’aise et en eut l’appétit coupé. Elle repoussa son assiette avec un sourire reconnaissant :

- C’était très bon, merci.

Elian se leva de table et marcha lentement vers la jeune femme. Il se tint derrière elle et posa la main sur son épaule en fermant les yeux.

- Je sens une grande force en vous, affirma-t-il d’une voix sereine.

Le major ne sut que répondre. Elle regarda le colonel dans l’attente d’un quelconque ordre mais il resta indécis lui aussi.

- Il se fait tard et il n’est plus temps de discuter diplomatie, poursuivit Elian en regagnant sa place. Vous pourrez visiter nos installations plus tard. En attendant, je serais honoré que vous acceptiez de dormir dans nos chambres d’invités.

- Dormir ? répéta Jack en regardant sa montre. Il est à peine deux heures de l’après-midi chez nous. Il est quelle heure ici ?

- L’heure de trouver le sommeil.

- Ah je vois. Dans ce cas on va prendre ça comme une petite sieste de l’après-midi, j’ai rien contre. Vive le décalage horaire !

Elian eut un sourire carnassier, les yeux brillant d’une inquiétante lueur.

* * *

Samantha admira la magnifique fresque au plafond en tournant sur elle-même. Des rosiers enlaçaient des épées, des femmes revêtant de longues robes noires dansaient aux pieds de sombres troncs d’arbres sans feuilles, des loups couraient sous la pleine lune en poussant des hurlements. Un véritable travail de maître qui inspirait peur et respect. Le major se demandait si elle parviendrait à s’endormir avec la présence angoissante de ces peintures au-dessus d’elle. On l’avait installée dans une immense chambre aux murs recouverts de rideaux de soie rouge. Il y avait quelques bougies et un large lit contre le mur du fond. Lorsque Samantha parvint enfin à détacher son regard à la fois émerveillé et effrayé du plafond, elle se retrouva subitement nez à nez avec Elian. Elle sursauta en plaquant la main sur son cœur :

- Elian, vous m’avez fait peur. Je croyais être seule dans la chambre. J’étais tellement fascinée par ces magnifiques peintures que je ne vous ai pas entendu entrer. C’est...

- Ces peintures sont d’une rare beauté, vous avez raison. Mais vous les apprécierez encore plus lorsque vous comprendrez leur symbolique et leur véritable signification. Elles racontent une histoire fabuleuse.

Elian se dirigea vers un petit meuble, saisit une carafe et remplit deux verres. Il en proposa un à Samantha. Elle refusa d’abord mais il insista. La jeune femme porta avec méfiance le liquide rouge à ses lèvres et en but une gorgée. Brusquement, Elian attrapa le verre et le pencha en avant pour qu’elle continue à boire. Samantha tenta de se débattre mais l’homme la saisit fermement par la nuque et déversa tout le liquide dans sa bouche. Lorsqu’il n’en resta plus une goutte, Elian laissa le verre rouler sur le sol et recula d’un pas. Samantha porta la main à sa gorge en toussant. La pièce se mit à tanguer autour d’elle et elle tomba à genoux, affolée. C’était bien le goût du sang qu’elle avait senti couler dans sa gorge.

* * *

Jack sentit un poids sur son torse, mais il était trop fatigué pour s’en soucier. Il s’apprêtait à regagner le pays des rêves lorsqu’un baiser sur ses lèvres le convainquit d’ouvrir les yeux. Samantha s’était faufilée dans la chambre du colonel, puis dans son lit. Elle était allongée sur lui et ne lui laissait pas l’occasion de parler.

- Major... parvint-il à glisser entre deux baisers enflammés. Sam, qu’est-ce qui...

- Chut, siffla-t-elle en l’embrassant dans le cou.

Le colonel songea à tenter de raisonner la jeune femme mais y renonça en sentant une main délicate parcourir son torse, telle la légère caresse d’une brise d’été. Le major avait cependant les mains froides.

- Sam, je ne sais pas ce qui vous...

- La ferme, Jack, coupa autoritairement la jeune femme.

Soudain, un grognement rauque s’échappa du plus profond de ses entrailles. Paniqué, le colonel voulut la repousser mais elle ne lui en laissa pas le temps. Deux longues canines s’enfoncèrent douloureusement dans le cou de l’homme, un hurlement emprunt de surprise, de peur et de souffrance mourut dans sa gorge contractée. Ses doigts se crispèrent sur les draps du lit, la sensation de succion devenait intolérable, il ne pouvait supporter la vision d’être vidé de son sang. Il aurait voulu crier, parler, ou au moins murmurer, mais ses forces l’abandonnaient peu à peu. Samantha serra plus fort le corps du colonel contre le sien, sa respiration s’accéléra, elle mordit avec plus d’ardeur et l’enlaça frénétiquement. Son sang coulait en elle, elle sentait la chaleur de Jack dans ses veines, sa peur, ses émotions. Enfin, la puissante mâchoire de la belle relâcha sa prise. Elle leva la tête en direction de la fresque du plafond, la même que dans sa chambre, et elle poussa un rugissement digne d’une lionne. Elle se sentait à présent plus forte tandis que de brèves convulsions secouaient le corps de Jack sous elle.

- Ne me laisse pas... mourir... souffla-t-il avec difficulté.

Samantha lui caressa la joue, hésita, puis finit par demander :

- Tu veux vivre ?

- Oui, parvint-il à dire tout en étant secoué par un spasme.

Le major se pencha sur Jack. Ses dents ruisselaient du sang de l’homme et des gouttes faisaient briller ses lèvres à la lueur des bougies. Elle lui accorda quelques secondes de répit, au cas où il changerait d’avis, puis partagea un baiser sanglant avec lui. Il ne protesta pas, en dépit du goût âpre du sang qui s’imprégnait dans sa bouche. Il avait peur, mais au moins s’il mourait il aurait le bonheur que ce soit dans les bras de Samantha. Elle releva la tête et s’assit sur le colonel. D’un geste vif elle s’entailla le poignet avec les dents, deux longues canines. Elle lécha la blessure puis l’amena aux lèvres du colonel. Ce dernier accepta craintivement le liquide de la vie, ne sachant pas ce qui l’attendrait ensuite. Lorsqu’il eut suffisamment bu, un abominable tourbillon de douleur l’assaillit, il ressentit des élancements dans l’estomac et la pièce se mit à tourner autour de lui. Peu à peu, sa tête retomba sur l’oreiller tâché de sang et il perdit connaissance.

* * *

Daniel et Teal’c étaient assis face à face à la grande table. Ils étaient seuls. Un enfant avec la peau sur les os les avait timidement réveillés pour leur annoncer qu’ils étaient attendus dans la salle à manger.

- Alors, euh, bien dormi Teal’c ? badina Daniel, histoire de rompre le silence pesant.

Le Jaffa le dévisagea en dressant un sourcil comme lui seul savait le faire, les gens de son peuple ne posaient jamais ce genre de question. Jack et Samantha apparurent enfin dans l’encadrement de la porte. Le colonel avait le bras reposé sur les épaules de la jeune femme. Ils avaient tous les deux l’air hautain, sûrs d’eux, différents. Samantha portait une longue robe de satin noire laissant ses épaules et son dos nus. Elle avait rarement paru aussi séduisante. Elle tourna la tête vers Jack, lui aussi tout de noir vêtu, et s’assura que le foulard qu’il portait autour du cou ne laissait pas paraître les traces de la morsure. Ils firent quelques pas et s’installèrent à table côte à côte. Daniel sentit un frisson le parcourir lorsqu’il croisa le regard de ses amis. Un regard intense et sombre, presque hypnotique. Quelque chose avait indéniablement changé en eux. Avec l’arrivée des deux officiers, le silence se fit plus écrasant et plus gênant encore. L’arrivée d’Elian détendit quelque peu l’atmosphère.

- Ravi de vous revoir, chers invités.

Il s’approcha de Samantha et déposa un baiser sur le dos de sa main. Tout à coup, il se redressa en écarquillant les yeux. Il tourna la tête vers Jack et le foudroya du regard. Le colonel resta assis, immobile, regardant droit devant lui. Elian se posta derrière lui, se pencha sur sa nuque et respira profondément. Les traits de son visage se firent plus durs, un grognement étouffé lui échappa.

- Peut-être pourrions-nous reprendre notre conversation à propos de... commença Daniel avant d’être sèchement interrompu par Elian.

- Dehors. Nous parlerons de cela plus tard.

Deux hommes de stature relativement imposante invitèrent Daniel et Teal’c à se relever puis les menèrent jusqu’à leur chambre respective. Elian se tenait debout entre Jack et Samantha, les mains sur les épaules de ses invités.

- Samantha, siffla-t-il entre ses dents, contrôlant avec peine sa colère. Je croyais pourtant t’avoir défendu de transformer qui que ce soit. Tu devais vider cet humain de son sang et le laisse mourir ensuite. Peux-tu m’expliquer pourquoi il est des nôtres à présent ?

- Je... hésita-t-elle, honteuse. Je n’ai pas eu le courage de le laisser mourir.

- Tu dois apprendre à contrôler tes sentiments humains, mon élève.

- Oui, maître.

- Qui va éduquer ce jeune vampire maintenant ?

- Je le ferais maître, c’est mon sang qu’il a bu, c’est donc à moi que revient cette tâche.

- Tu es toi-même une jeune recrue, que crois-tu pouvoir lui apprendre ?

Samantha baissa la tête. Elle n’osa plus bouger avant d’entendre le claquement de la porte derrière Elian qui s’en allait. Soudain, une douleur lancinante lui martela le crâne. Elle porta les mains à ses tempes et s’agenouilla au sol en laissant échapper un petit cri. Jack repoussa sa chaise et s’agenouilla à côté d’elle, paniqué à l’idée qu’il ne puisse rien faire pour l’aider et pour mettre fin à ses souffrances.

* * *

Daniel était assis au bureau de la chambre qu’on lui avait attribuée. Il complétait ses notes sur la mission. Il était plongé dans l’étude de son texte lorsqu’il sentit une main sur son épaule. Il se redressa vivement en renversant la chaise. Une femme à l’air serein le fixait intensément de son regard obscur.

- B-bonjour, bafouilla l’égyptologue en reculant de quelques pas.

- Bonsoir, répondit la femme en avançant vers lui. Je suis la fille d’Elian, Victoria.

Daniel recula encore et se prit les pieds dans le pli d’un tapis. Il tomba en arrière en se blessant à la cheville. L’intruse s’accroupit aussitôt à côté de lui dans un geste simple et rapide. Elle plaqua la main sur le torse du jeune homme pour l’immobiliser au sol et chuchota à son oreille :

- Mon père vous a offert à moi.

- Offert ? Je ne comprends...

- Tu ne vas pas tarder à comprendre, l’interrompit-elle en souriant. Ce sera très agréable.

Soudain, les canines de la jeune femme doublèrent de taille. Elle poussa un faible grognement approchant le cri d’un chat qui se hérisse à la vue d’un prédateur et ses pupilles se dilatèrent. A l’instant où Victoria s’apprêtait à enfoncer ses crocs dans la chair fraîche, Daniel la repoussa d’un coup de genou. Il se releva aussi vite que le lui permit sa cheville foulée, passa par-dessus le lit défait et se rua sur la porte. Il courut jusqu’à la chambre de Teal’c à l’autre bout du couloir et tambourina frénétiquement à la porte. Le Jaffa vint aussitôt ouvrir.

- Docteur Jac...

- Des vampires ! s’exclama l’égyptologue en entraînant son ami dans le couloir. Je ne sais pas comment c’est possible mais ce sont des vampires ! Jack et Sam sont en danger !

Les deux compères sillonnèrent les sombres couloirs au pas de course. Le dernier endroit où ils avaient vu les deux officiers était la salle à manger... en compagnie d’Elian. En quelques minutes, ils furent arrivés à destination. Teal’c ouvrit les doubles portes d’un coup de pied. Jack et Samantha étaient toujours là. La jeune femme était allongée sur le sol, dans les bras du colonel, et reprenait lentement conscience. Daniel s’approcha, inquiet :

- Comment va-t-elle ?

- Ca ne vous regarde pas, annonça sévèrement Jack.

- Il faut absolument partir d’ici !

- Ce sont des vampires, affirma Samantha d’une voix faible.

- Vous allez bien, Sam ? s’enquit Daniel en lui prenant la main.

Jack foudroya l’égyptologue du regard. Il se releva très lentement en fixant le jeune homme sans cligner des yeux une seule fois. Une force mauvaise émanait de lui. Daniel se releva également et recula d’un pas incertain :

- Jack, dit-il d’une voix pleine d’appréhension. Jack, reprenez-vous.

L’égyptologue remarqua alors les traces des morsures sur le cou du colonel, ce dernier avait retiré son foulard. Il s’apprêta à en faire la remarque lorsque Jack poussa un terrifiant grognement, dévoilant ses inquiétantes canines. En une fraction de seconde, le vampire se jeta sur Daniel et étancha sa soif. Teal’c intervint aussitôt. Il attrapa le colonel par le dos de sa chemise et l’envoya s’écraser contre un mur. Jack se redressa et revint à la charge mais le Jaffa lui asséna un poing en plein visage et il perdit connaissance. Daniel s’était quant à lui effondré à terre, à peine conscient, et le sang continuait de s’écouler abondamment sur le sol. Samantha rampa jusqu’à lui et l’examina sommairement :

- Il va mourir si on ne fait rien, annonça-t-elle gravement à Teal’c.

- Le docteur Fraiser pourra lui faire une fusion sanguine, proposa le Jaffa.

- On dit une transfusion sanguine, Teal’c. Mais ça ne sera pas possible, nous sommes à environ trois heures de la porte des étoiles. Jusque là il sera trop tard.

- Alors le docteur Jackson va mourir.

- Pas nécessairement. Il peut encore survivre en... en devenant un vampire.

- Est-ce que cela n’équivaut pas à la mort, major Carter ?

- Non, en tant que vampire on reste soi-même. La différence réside dans le fait que l’on éprouve plus de difficulté à faire des choix rationnels. On se sent plus fort, peut-être plus égocentrique en un sens, c’est comme une drogue. En fait, on répond à nos pulsions sans réfléchir avant, sans penser aux conséquences. Je suis certaine qu’il y a un moyen de les guérir.

- Et s’il n’y en a pas ?

- Alors nous les perdrons. Mais s’il y a une chose dont je suis sûre c’est que je ne me sens plus vampire. Je suis redevenue humaine et si on découvre pourquoi on pourra les soigner.

La jeune femme saisit le couteau dans le pantalon de Daniel et se dirigea vers Jack. Elle prit son bras et remonta la manche, lui demandant intérieurement pardon, puis elle entailla son poignet. Elle attrapa un verre sur la table et le remplit du sang de Jack. La jeune femme noua ensuite le foulard du colonel qui traînait sur le sol autour de son poignet pour stopper l’écoulement puis elle retourna auprès de Daniel. Elle lui releva légèrement la tête et lui fit boire le liquide. Le jeune homme, déjà très faible, fut pris de quelques spasmes puis perdit connaissance. Samantha se précipita aux pieds du colonel au premier gémissement indiquant son réveil.

- Mon colonel, il va falloir retourner sur Terre.

- J’ai soif.

- Pas maintenant, essayez de vous contrôler.

- Je vous trouve très attirante dans cette robe.

La jeune femme rougit. Jack aurait lui aussi été gêné s’il avait été lui-même. Mais elle savait qu’il le pensait réellement, un bon point pour cette version du colonel.

- Colonel O’Neill, est-ce que vous réalisez que nous sommes cernés de vampires ?

- Oui, d’ailleurs je vous mordrai bien.

- Soyez sérieux, je vous en prie. Nous devons rentrer au SGC de toute urgence. Vous comprenez ça ?

- Oui, mais je viens seulement si vous m’invitez au restaurant.

Samantha sourit, elle était ravie d’accepter ce compromis, d’autant plus qu’elle était certaine d’avoir gagné la confiance du colonel à présent. Ne restait plus qu’à convaincre Daniel à son réveil.

* * *

Jack entra dans la salle à manger et referma les lourdes doubles portes derrière lui. Il déposa un grand sac sur la table en affirmant que c’était tout ce qu’il avait pu trouver. Il avait été chargé de réunir leurs affaires. Samantha fut soulagée de récupérer le petit appareil qui indiquait leur position géographique par rapport à la porte des étoiles et la distance qui les séparait de celle-ci. Sans cela ils auraient du mal à retrouver leur chemin parmi les nombreux tunnels souterrains qui serpentaient en tous sens.

- Il n’y a personne dans le couloir, informa Jack. On peut y aller.

- D’accord. Teal’c, portez Daniel jusqu’à ce qu’il se réveille, ordonna Samantha.

Ainsi, les quatre compères faussèrent compagnie à Elian et ses frères vampires. Ils marchèrent pendant une demi-heure avant que Daniel ne revienne à lui. Il était encore faible, un jeune vampire facile à influencer, et il n’opposa donc aucune résistance à leur décision de rentrer sur Terre. Au fur et à mesure de leur progression en sous-sol, Jack perdit de sa vigueur. Il marcha plus lentement et eut bientôt du mal à avancer. Il était transi par le froid et ses membres se raidissaient progressivement. Malgré tous ses efforts, il finit par s’effondrer à terre. Samantha courut aussitôt à son secours.

- Mon colonel ! paniqua-t-elle. Vous êtes complètement gelé !

- Il est pâle comme un cachet d’aspirine. Il a besoin de sang, expliqua Daniel en se léchant les canines.

Samantha frotta nerveusement les mains du colonel dans les siennes pour tenter de les réchauffer. Une larme perla au coin de son œil, roula sur sa joue de porcelaine et tomba sur la main de Jack.

- Vous n’avez plus suffisamment de sang pour transporter l’oxygène et les protéines dont vos muscles ont besoin pour fonctionner, avertit-t-elle en réprimant quelques sanglots. C’est pour cela que vos articulations sont douloureuses et que le moindre effort vous épuise. Je vous en prie Jack, tenez bon. Teal’c peut vous porter, nous sommes à moins d’une demi-heure de la porte des étoiles et...

- Non, ânonna le colonel. Je ne tiendrai pas. Allez-y sans moi.

- Il n’en est pas question.

Samantha plongea le regard dans les yeux tristes de Jack. Elle ne pouvait pas se résoudre à l’abandonner ainsi. Une idée lui traversa alors l’esprit, une idée qui la fit frémir, une idée qui était sa dernière chance.

- Si c’est du sang qu’il vous faut... commença-t-elle d’une voix curieusement tremblante et résolue. J’ai ce qu’il vous faut.

- Non, je ne veux pas prendre... prendre le risque que vous en mourriez.

- Je veux que vous me mordiez Jack, insista-t-elle en rapprochant la tête du colonel de son cou dénudé. C’est un ordre.

- C’est moi qui donne les ordres d’habitude, major.

- ... Je ne veux pas que tu meurs Jack, dit-elle d’une voix étranglée.

Les larmes avaient à présent noyé le doux visage de la belle. L’odeur enivrante de sa peau délicate parvint aux narines du colonel. Il s’approcha lentement jusqu’à ce que ses lèvres caressent le cou de la jeune femme. Une veine battait sous sa peau, chaude et appétissante. Le cœur de Samantha s’emballa, sa poitrine se soulevait par à-coups au rythme effréné de sa respiration. Le vampire se délectait par avance de ce met succulent. Un grognement rauque résonna sourdement dans sa cage thoracique puis il enfonça ses canines dans la chair fraîche, buvant avec avidité. Samantha prononça le nom du colonel dans un souffle et s’agrippa à son dos. Elle bascula peu à peu en arrière, sentant ses forces la quitter. Tous ses muscles se détendirent et elle ne fut bientôt plus qu’un pantin dans les bras de Jack. Celui-ci se contraignit à cesser de boire. Il retira ses crocs de l’entaille et serra le corps passif du major contre lui. Elle était encore consciente, mais très affaiblie. Jack ferma les yeux, la tête de Samantha contre son torse, sentant le sang de celle qu’il aimait courir dans ses veines. Après quelques secondes, les forces lui revinrent. Il se redressa en portant la jeune femme.

- On peut y aller ? demanda Daniel dont les sens avaient été émoustillés par la scène. Moi aussi je commence à avoir soif, et je ne tiendrai pas des heures.

- Ok, on y va. Le docteur Fraiser doit examiner Carter au plus vite.

Samantha tendit faiblement la main vers le visage du colonel et essuya du bout des doigts une goutte de sang à la commissure de ses lèvres. Elle esquissa un fébrile sourire mais n’eut pas la force de parler. L’équipe reprit donc sa progression dans les interminables tunnels moites. Ils croisèrent quelques rats et autre chauve-souris. L’air se raréfiait à cette profondeur. Quelques centimètres d’eau chatouillaient la semelle de leurs chaussures. Ils surent qu’ils étaient arrivés à la sortie lorsque l’atmosphère se rafraîchit, quelques légers courants d’air se firent ressentir. Teal’c gravit les escaliers et entrebâilla la dalle, la lumière du jour s’y engouffra immédiatement.

- Le soleil est levé, colonel O’Neill, informa le Jaffa. Il est à son zénith et ne se couchera pas avant un moment.

- On ne peut pas attendre plus longtemps, Carter a besoin de sang... Et Daniel aussi, ajouta-t-il en constatant que ce dernier devenait de plus en plus nerveux et montrait les crocs.

- Je ne comprends pas, colonel, pourquoi refusez-vous de sortir en plein jour ?

- Vous ne connaissez pas le mythe des vampires, Teal’c ? Dracula, ça vous dit rien ?

- Non.

- Eh bien, la mythologie Jaffa laisse vraiment à désirer. Les vampires n’aiment ni le soleil, ni l’ail, ni les... Attendez, mais si ça n’est qu’un mythe, qu’est-ce qui nous prouve que c’est la vérité ? Après tout, je ne ressens aucune crainte en pensant à un crucifix alors pourquoi la lumière me ferait-elle quelque chose ?

Il allongea Samantha par terre et s’approcha avec méfiance du petit raie de lumière qui transperçait l’obscurité. Lentement, il tendit la main. Ses yeux se fermèrent instinctivement une fraction de seconde avant le moment de vérité.

- J’approche Teal’c ? demanda-t-il sans relever les paupières.

- Votre bras est dans la lumière, colonel O’Neill.

- C’est vrai ?! s’exclama-t-il en osant enfin regarder. Super ! Je ne me suis pas transformé en un tas de cendres. Je vous avais bien dit que tout ça c’était des histoires.

Jack s’engagea sur l’escalier avec un large sourire. Il poussa la dalle pour dégager entièrement le passage et laissa soudain échapper un hurlement de douleur. Il glissa sur une marche et dévala l’escalier sur le dos. Une main devant les yeux, il rampa jusqu’au coin le plus sombre de la pièce sans cesser de gémir.

- Qu’avez-vous, colonel ? s’inquiéta Teal’c.

- Mes yeux. Ca brûle ! Je vois des points lumineux partout.

Samantha tenta de se redresser mais n’en trouva pas la force.

- Le mythe n’avait raison qu’en partie, dit-elle d’une voix à peine audible. Les vampires craignent effectivement la clarté du jour, mais pas pour les raisons qu’on croit. Leurs yeux ne sont pas adaptés à une lumière vive, un peu comme les personnes atteintes d’albinisme qui...

- Oui bon, ça va. Vous nous ferez la leçon un autre jour. Vous pensez qu’on peut quand même sortir ? Parce que nos potes vampires ont sans doute déjà constaté notre absence et ils doivent être à notre recherche.

- Je pense que des lunettes de soleil vous protégeraient un minimum mais...

- Aidez-moi à trouver deux paires de lunettes, ordonna le colonel en fouillant dans son sac.

Equipés de verres noires, Daniel et Jack s’approchèrent de l’escalier. Le colonel avait repris Samantha dans ses bras. Il monta les marches une à une en plissant les yeux. L’équipe au complet se retrouva bientôt en plein jour au centre du temple en ruines. Par chance, le soleil était partiellement voilé par des nuages, réduisant ainsi les risques de brûlure au niveau des yeux. Teal’c se hâta de composer les coordonnées de la Terre et ils traversèrent tous la porte des étoiles. Le général Hammond les attendait de l’autre côté. Ses yeux s’écarquillèrent à la vue de Samantha, sublime reine noire, dans une robe des plus séduisantes, et par-dessus tout dans les bras du colonel O’Neill. Jack s’avança vers son supérieur d’un pas mal assuré, les murs commençaient à tourner autour de lui et un bourdonnement résonnait dans ses oreilles. Il s’arrêta et déposa le major aux pieds du général Hammond. Tout devint ensuite plus flou, puis ce fut le noir total.

* * *

Le colonel revint peu à peu à lui. Sa tête était douloureuse et sa bouche pâteuse. Il était allongé sur un lit de l’infirmerie pendant que le docteur Fraiser lui dispensait tous les soins nécessaires. La femme s’éloigna à l’arrivée d’un infirmier. Ce dernier transportait une caissette en plastique qu’il remit précautionneusement à Janet. Elle souleva le couvercle et attrapa précautionneusement un petit sachet de plastique laissant transparaître la chaude couleur du sang. Elle s’approcha de Daniel qui faisait les cents pas dans l’infirmerie en respirant bruyamment. Le vampire se retourna prestement et mordit à plein crocs dans le sachet. Janet recula en un sursaut alors que quelques gouttes rougeâtres séchaient déjà sur le sol. Samantha sortit un second sachet et alla le proposer au colonel. Il hésita, le met ne semblait plus aussi appétissant, et il ne pouvait de toute façon pas égaler le sang de la délicieuse Samantha. Il poussa un grognement enroué et montra ses crocs, des dents parfaitement égales, humaines. Il concentra tous ses efforts mais rien n’y fit, ses canines demeurèrent aussi courtes et inoffensives qu’avant. Le visage de Samantha s’illumina, elle rejoignit rapidement le docteur Fraiser à l’autre bout de l’infirmerie. Janet referma alors le dossier qu’elle venait de parcourir et se tourna vers sa collègue sans lui laisser le temps de parler :

- Je viens de recevoir les résultats de l’analyse sanguine du colonel O’Neill.

- Vous pensez pouvoir le soigner ?

- Ce ne sera pas nécessaire. D’après mes résultats, vous avez été atteints tous les trois par un virus qui se transmet dans le sang. Je n’en ai pas trouvé dans votre échantillon, Samantha. Par contre, il ne cesse de se multiplier dans les veines du docteur Jackson.

- Et le colonel ? s’impatienta le major.

- Le virus se meurt. Dans moins d’une heure il sera entièrement éliminé.

- Comment est-ce possible ?

- Je l’ignore, mais vous et le colonel O’Neill avez quelque chose en commun.

Daniel jeta le sachet de sang vide par-dessus son épaule et en réclama un autre. Le docteur Fraiser refusa et ordonna à un infirmier de nettoyer les tâches sur le sol. Teal’c s’approcha alors de Daniel et le regarda comme une bête curieuse.

- Pourquoi buvez-vous du sang ? demanda-t-il.

- C’est le virus, répondit Samantha. Il attaque les globules rouges, le malade ne peut pas en fabriquer de nouveaux suffisamment vite et a donc besoin d’un apport extérieur. A mon avis, les vampires sur Drakk se nourrissent des gens qui vivent à la surface, eux doivent êtres humains.

- Pourquoi aucun vampire n’a tenté de me mordre, moi ? poursuivit Teal’c.

- Vous êtes un Jaffa, supposa Daniel. Elian a dit que les Goa’uld étaient leurs ennemis, probablement parce qu’ils ne peuvent pas les inscrire à la carte du menu.

- Mais le major Carter a des résidus de protéines laissés par Jolinar.

Tous les regards se tournèrent vers Teal’c.

- Vous êtes un génie ! s’exclama Samantha. Evidemment ! Jolinar a laissé une trace de protéine dans mon sang. Même si j’ai été transformée en vampire au départ, le virus a finalement été vaincu. C’est dans mon propre sang qu’est la clef.

- Mais le colonel O’Neill n’a aucune trace de protéine, intervint le docteur Fraiser.

- Il a bu une quantité importante de mon sang, et par la même occasion une quantité suffisante de protéine Goa’uld.

- Pour guérir il faut donc que je boive votre sang, chère major, conclut Daniel en s’approchant d’un air malveillant de la jeune femme.

Teal’c s’interposa immédiatement. Furieux, Daniel se jeta sur lui, tous crocs dehors. Il le mordit au bras avant d’effectuer un vol plané au-dessus du lit de Jack. Trois gardes se précipitèrent pour le menotter et l’enfermer dans la cellule la plus proche. Le docteur Fraiser soigna rapidement la blessure de Teal’c puis se consacra entièrement à la confection d’un vaccin basé sur les prises de sang de Samantha. Quelques heures plus tard, Daniel fut soigné et il put enfin quitter sa cellule.

* * *

Teal’c salua ses trois amis et collègues d’un signe de la tête puis s’éloigna en direction de sa chambre. Il leur avait proposé de faire une séance de kel no rim tous ensemble mais ils avaient poliment décliné l’invitation, il ne comprenait vraiment pas pourquoi.

- Vous avez pas un bouquin à étudier ? demanda Jack à Daniel.

- Beuh... non.

- Mais si, cherchez bien, insista le colonel en regardant Samantha du coin de l'œil.

- Ah oui ! J’ai un truc à faire, euh, à cause du machin qui... vous savez ?

- Oui oui, allez faire votre truc.

Daniel tourna le dos aux deux officiers et s’éloigna, laissant Jack et Samantha seuls dans le couloir.

- Alors major, qu’avez-vous pensé de cette mission ?

- Eh bien on a des hypothèses quant à la dose de protéine proportionnelle...

- Non non, pas sur le plan scientifique. Je vous rappelle que c’est à Jack O’Neill que vous vous adressez là.

- Désolée.

- Je vous parlais du plan humain. J’ai bien aimé être un vampire moi, avoua-t-il en regardant le cou de la belle. Pas vous ?

- Je... Oui, peut-être. C’était... agréable, reconnut-elle en se remémorant certains bons moments.

- Par contre, il reste un mystère que l’on élucidera probablement jamais.

- De quel mystère parlez-vous, mon colonel ?

- Pourquoi ce vampire nous coupait-il toujours la parole ? Ca devenait agaçant à la longue.

Samantha ne put s’empêcher de rire, et Jack ne put s’empêcher de l’admirer.

- ... Au fait major, vous me devez un dîner.

- ... Avec plaisir.

Et ils s’éloignèrent tous les deux en direction de l’ascenseur, à nouveau humains mais à jamais différents.

 

Avril 2001