Ad majorem dei gloriam
Auteure : Maël
E-Mail : kelouage@hotmail.com
Site de l'auteure : http://www.multimania.com/jackoneill/
Genre : Je ne sais pas trop, drame et un peu de romance entre Jack et Sam, mais étant donné les circonstances…
Époque (Saison) : Dans un futur proche
Résumé : Non! Je refuse, ça vous vendrait le "punch" et en plus, je serais incapable d'en faire un qui se tient debout!!!
Message de l'auteure : Les commentaires sont les bienvenus. J'ai essayé un nouveau genre, ça vous dit quoi?
Avertissement : Les personnages présentés ne sont pas ma propriété. Je n'ai touché aucun gain suite à cette histoire et elle n'a pour but que de divertir les fans de la série Stargate. Je considère néanmoins avoir mon mot à dire si quelqu'un souhaite réutiliser mes idées ou s'en inspirer. Ainsi que si quelqu'un veut les archiver sur un autre site.
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L'homme se tenait debout. Debout au milieu d'un champ, l'herbe n'existait plus, depuis longtemps. Tout au fond de lui, un sentiment étrange, celui d'une défaite amère, l'envahit. Ils avaient tous perdus, leur liberté, leur mode de vie, leur civilisation. Mais plus que tout, leur vie…
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Tout autour de l'officier, une marée humaine hurlante et grouillante le submergeait. Il entendait des milliers de voix s'élever dans l'air, mais toutes ces voix ne s'envolaient pas très haut. Car bientôt, elles furent couvertes par le hurlement de machines de mort survolant le champ de bataille, arrosant de feux nourris les hommes et les femmes paniqués. Le bruit des détonations était assourdissant. Tout autour de lui, des centaines de personnes s'écroulaient, blessées ou déjà mortes avant même d'avoir touché le sol. Bientôt les soldats piétinaient leurs propres frères afin de monter au front. Le sol s'imbibait de sang. L'air s'emplissait d'une odeur ferreuse, celle du sang.
L'homme rassembla ses hommes, lança une offensive, entamant à peine les rangs ennemis. Les troupes au sol se mouvaient lentement, tuant au hasard, mais inlassablement, comme mues par une volonté de destruction divine, les troupes Jaffas repoussaient les soldats tant bien que mal.
Dans les airs, la maniabilité et la puissance de feu des planeurs de la mort, en tout point supérieur à tous les avions ou hélicoptères créés par l'homme, anéantissaient les défenses aériennes. Les milliers de débris résultant des explosions tombaient lourdement au sol, fauchant autant d'alliés que d'ennemis. Lorsqu'un Mig percuta le sol, un jeune homme se tenant au côté du colonel fut propulsé à plus de trente mètres. Son corps heurta le mur effondré d'une usine. Personne n'entendit le bruit sourd de son crâne s'ouvrant, déversant un flot rouge. Son corps désarticulé tomba lentement le long du mur comme une marionnette coupée de ses fils, laissant une trace rougeâtre sur le mur noirci de suie. Une jeune femme portant le grade de major fixa le corps, stupéfaite. Un appel de son colonel la détourna de cette vision. L'uniforme couvert de boue et de substances qu'elle préférait oublier, elle se dirigea vers son chef qui continuait à monter à l'assaut des forces ennemies.
La nuit était tombée, ou était-ce la poussière et les âmes des morts qui obstruaient le ciel? Les quelques survivants de l'attaque entraient au camp de fortune installé à même les égouts et le système sous-terrain de ce qui fut la ville de Colorado Springs … un des derniers remparts de civilisation. Le colonel, tout en dirigeant ses hommes, repensa à cette journée. Certes leur mission s'était clôturée par une victoire, lui et ses hommes avaient réussi à voler à l'ennemi une bonne quantité de vivres, d'armes et de matériels de pointe, mais il ne pouvait oublier les images de la mort de son ami, Daniel, tué par le souffle de l'explosion du jet. Il était son ami, un ami avec qui il avait mené une quantité de combats. Mais aujourd'hui, de son équipe initiale, nommée autrefois SG1, il ne restait que deux membres plus lui-même. Daniel Jackson n'était plus. Jamais il ne pourrait se pardonner de ne pas avoir ramené son corps. Mais, s'il avait essayé, il est plus que probable qu'il serait mort; jamais il n'aurait accompli sa mission et tous les autres membres de sa nouvelle équipe y auraient laissé leur vie. Le colonel savait que jamais Daniel n'aurait accepté d'être la raison de ce désastre. Sortant de ses pensés, le colonel pris conscience du poids démesuré qu'il portait sur ses épaules. Autrefois, commandant de la meilleure équipe d'exploration interplanétaire, maintenant il commandait une équipe spécialisée dans les missions d'infiltrations et de sabotages. Ironiquement cela ressemblait beaucoup à ses anciennes missions dans le SGC. Mais ici, jamais plus de dix pour cent de ses hommes revenaient … il se sentait vieux, si vieux…
Le major pensait, elle aussi, à Daniel, mais elle savait qu'il fallait maintenant s'occuper des blessés et de ceux qui étaient encore en vie. Devant elle, marchait d'un air las, le colonel Jack O'Neill, SON colonel. Bien que cette idée lui fasse horreur, elle remerciait Dieu que ce soit Daniel et non Jack qui soit mort. Le chagrin vis-à-vis cette perte était immense, mais elle aurait été complètement perdue si c'était Jack qui avait trouvé la mort aujourd'hui. Elle luttait contre l'envie de pleurer ; Jack avait besoin d'elle, elle le savait. Doucement, elle se glissa à ses côtés et étreignit tendrement sa main.
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La guerre durait depuis des mois. Les terriens avaient été les premiers surpris d'être capable de résister aussi longtemps. Si au début ils avaient gardé espoir, maintenant ils comprenaient le but des Goa'ulds. Et il était terrible. Pire que tout…
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Dans une salle obscure, une dizaine de personnes se tenaient autour d'une carte, l'air découragé. Les nouvelles n'étaient pas bonnes. Leur groupe de résistance était l'un des derniers. Aujourd'hui, les communications avec l'Europe avaient été rompues. Il fallait les considérer comme perdu. D'après les derniers rapports, le reste du monde n'était que ruine, la majorité de la population et les soldats restants se dirigeaient vers leur camp. Cela ne surprenait personne. La mission ultime de leur groupe était de reprendre le contrôle de la porte des étoiles. Cette porte était leur dernier espoir.
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SG5 revenait de mission. Les chevrons de la porte des étoiles, conservée dans le plus grand secret au sein de la base de la montagne Cheyenne, s'enclenchaient un à un. Le vortex se format dans un fracas qui n'impressionnait plus personne maintenant. Après réception du code, l'iris fut ouvert, permettant le retour de l'équipe. Alors que tous s'attendaient à voir apparaître SG5, une balle de métal d'une dizaine de centimètres de diamètre apparue et roula jusqu'au bas de la rampe. Le temps que les soldats comprennent ce qui allait leur arriver, la bombe explosa. Les corps pulvérisés ne laissant qu'une bouillie rougeâtre à leur place. La force de l'explosion souffla la vitre de la salle de contrôle et celle de la salle de briefing. Les éclats de verres se firent un chemin mortel à travers les différentes salles. La fumée n'eut pas le temps de tomber qu'une volée de Jaffas entrait dans la base fauchant vie après vie, enfonçant porte après porte.
Au même moment, dans le ciel des centaines de vaisseaux apparurent, libérant par millier des planeurs de la mort. La guerre était commencée …
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Sam se redressa brusquement. Elle avait encore fait ce rêve. En fait, ce n'était pas un rêve. Ils avaient bel et bien étés chassés de la montagne Cheyenne.
Lors de l'attaque, elle se trouvait dans son laboratoire, testant la résistance d'un nouveau composé à base de Naquada. Les alarmes s'étaient déclenchées une seconde après la première déflagration. Contre toute logique, elle s'était précipitée vers la salle de contrôle. Pourquoi? Elle ne le savait pas. Encore aujourd'hui cette question la harcelait. Elle passa doucement les doigts sur la large cicatrice qui partait de la base de sa nuque et remontait en sinuant le long de sa joue jusqu'à son sourcil. Elle se souvenait d'avoir traversé un corridor empli de soldats se précipitant vers l'armurerie, les autres se dirigeant vers les portes de la salle d'embarquement. Puis soudainement, il n'y avait plus personne. Lorsqu'elle avait grimpé les escaliers de la salle de contrôle, une fumée épaisse lui brûlait les poumons. Puis elle les avait vus ; les gens étendus sur le sol, fixant le plafond, le regard vide. Le général Hammond gisait là, le corps transpercé d'éclats de verres. Dans un dernier souffle, il la regarda et ses lèvres ne formèrent qu'un mot : "fuyez". Glacée, elle regarda la vie quitter l'homme qui avait été comme un père pour elle. Sam allait obéir, mais avant elle lutterait. Alors qu'elle tournait les talons, un Jaffa l'aperçut à travers la fumé et fit feu. La boule d'énergie la frôla, brûlant cheveux et chair et alla percuter un mur. Sonnée, Sam s'effondra. La douleur était insoutenable, elle entendit une porte cédée et des coups de feu résonnés. Puis, le vide, elle ne voyait que des flashs imprécis. Le colonel l'avait trouvée sur le sol et l'avait traînée à l'infirmerie. Là, Janet l'avait soignée de son mieux malgré la quantité de blessés. Puis c'était arrivé. Les Jaffas réussirent à envahir l'infirmerie, massacrant les malades et les blessés dans leur lit. Sam avait vu Janet volée à travers la pièce. Elle avait un trou à la place du cœur. Jack avait agrippé Sam. Daniel et Teal'c ouvraient le chemin.
Carter ferma les yeux. Tant de gens étaient décédés depuis ce jour. Elle regarda autour d'elle. Une dizaine de personnes se serraient les uns sur les autres dans la petite pièce qui leur servait de chambre. Étendu à côté d'elle, Jack la fixait intensément. Il leva doucement la main et caressa tendrement la marque rouge qui lui traversait le visage. Elle sourit faiblement et déposa sa tête sur son épaule. Enlacés, ils se rendormirent, il n'y avait rien d'autre à faire. Demain ils lanceraient l'assaut de la montagne. Beaucoup de gens périrons.
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La montagne les surplombait de toute sa hauteur. Plus aucun arbre ne se dressait majestueusement sur ces flancs. Il ne restait que des troncs noircis et carbonisés. Des centaines de soldats se mouvaient en silence, et encerclaient la montagne. Le plan des terriens était simple. Des groupes spéciaux allaient forcer le passage et ouvrir le chemin aux troupes. Le groupe qui mènerait cette action par l'avant était dirigé par Teal'c. Lorsqu'une ouverture serait créée, toutes les troupes fonceraient à l'intérieur pour noyer l'ennemi. C'était une stratégie simple, mais la simplicité avait la qualité d'être efficace.
Tout se passait à merveille. Après une brève résistance, plusieurs points d'entrée furent enfoncés et l'invasion commença. Jack avait une bonne vision des opérations, et avec ses hommes, il attendait le moment de passer à l'attaque. Il vit Teal'c entrer férocement, puis tout s'écroula…
Dans un éclair gigantesque, la montagne implosa. Projetés par le souffle, les humains volèrent dans tous les sens, s'écrasant ça et là. Lorsque la poussière retomba, Jack se souleva sur un coude et regarda autour de lui complètement bouleversé. Sous lui, Sam bougea légèrement. Tout s'était passé vite, mais il avait réussi à attraper Sam au vol et ensemble ils avaient dégringolé au bas d'une butte les protégeant de la multitude d'éclats. Sam saignait des oreilles, Jack lui demanda si elle allait bien et il fut surpris de ne pas s'entendre. Il vit les lèvres de Sam former le mot "Quoi". L'explosion les avait assourdi tous les deux.
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Les humains résistèrent aussi longtemps qu'ils purent, mais bien rapidement, la guerre fut finie. Pour les terriens, elle se termina en catastrophe. Des trois millions d'hommes et de femmes venus des quatre coins de la planète pour combattre l'envahisseur, deux milles seulement survécurent. Mais bientôt ils souhaitèrent que la mort les délivre du sort que leur réservaient les vainqueurs. Car, comme la majorité du reste de la population, ils vécurent sur terre avec pour seule technologie des pieux et des roches. Industrie, communication, habitation, culture, histoire, agriculture, tout fus détruit afin de punir les habitants de la terre. La peste, le choléra et la lèpre foulèrent à nouveau la surface de la terre comme employés de la grande faucheuse, décimant la population. La lutte pour survivre allait recommencer.
En quelques années, la terre ne fut plus qu'une étendue désertique et stérile. Le soleil surchauffant la terre empoisonnée. En moins d'une décennie, six milliards d'individus moururent pour assouvir la vengeance d'une race de conquérants : les Goa'ulds.
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L'homme secoua la tête. Devant lui se trouvait un cratère aussi profond que large, les restes de la Montagne Cheyenne. Au centre du trou, un obélisque d'une blancheur éclatante pointait vers le ciel. Partant du fond du trou et montant d'une trentaine de mètres au-dessus du niveau du sol, l'obélisque narguait l'homme. Sur ses quatre surfaces, une phrase et une seule se répétait continuellement : " Ad majorem dei gloriam". " Pour une plus grande gloire de Dieu ", ironiquement cette phrase servait de devise à l'ordre des Jésuites. Aujourd'hui, elle signifiait mort et dévastation.
L'homme ferma les yeux, tant de choses avaient changées en si peu de temps. Daniel Jackson était mort pulvérisé sur un mur, Teal'c avait été transformé en poussière d'étoile, et Sam… Sam… Une larme coula sur la joue ridée et tannée de l'homme. En quelques années, il avait tout perdu; son monde, ses amis et Sam.
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De l'eau coulait le long d'une paroi rocheuse, s'écoulant goutte à goutte comme pour marquer le temps. L'humidité dans la grotte était oppressante. Étendue à même le sol sur une mince couche d'herbe, une femme aux cheveux mi-longs qui avait dû être blond respirait avec difficulté. Couverte de sueur, les yeux dilatés, elle fixait son compagnon. Celui-ci lui soutenait la tête et épongeait son front tendrement. La mort était proche, ils le savaient tous les deux. Elle lui sourit avec ses dernières forces, puis lentement elle expira une dernière fois…
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L'homme releva la tête le visage en larme. Un cri lui déchira la gorge. Provenant du plus profond de son ventre, toute sa rage et tout son amour sortis en une seule fois. Lorsque que le silence revint, ses idées étaient plus claires. Devant lui, avec comme toile de fond l'obélisque, une forme rectangulaire se dessinait sur le sol. C'était une butte de terre fraîchement retournée. À l'une de ses extrémités, un gros rectangle métallique y prônait. Sur sa surface, un triangle, dominé par un cercle, y était gravé. Le seul morceau retrouvé de ce qui fut la porte des étoiles était le septième chevron. La terre.
L'homme déposa à côté du chevron une photo usée montrant un gamin souriant tenant un bâton de base-ball et arborant fièrement une casquette des Cubs de Chicago. Il y déposa également deux plaques militaires, l'une portait le nom de Samantha Carter, l'autre John O'Neill.
Il se redressa, regarda le ciel encore une fois, puis, il sortit une arme de ses loques. Il recula le chien, posa le canon sur sa tempe et actionna la détente. Le bruit résonna longtemps après qu'il fut tombé. Son corps reposait sur le ventre sur la tombe de celle qui avait été le Major Sam Carter. Son sang quittait son corps pour abreuver la terre asséchée.
Longtemps, plus tard, lorsque le corps du colonel Jack O'Neill ne fut plus qu'un squelette blanchi par le soleil, une petite pousse toute verte sortit du sol, là où il y a quelques années un homme de courage s'était donné la mort.
FIN