C'est la vie
Auteure : Jo R.
Traduit de l'anglais par Xeen, avec l'autorisation de l'auteur.
Email :
Xeen67@hotmail.com
Catégorie
: Futur/possible UA, Romance(Sam/Joe,Sam/Jack).Résumé : un rendez-vous entre deux vieilles connaissances.
Disclaimer: Stargate SG-1 et ses personnages sont la propriété de Showtime/Viacom, Sci-Fi Channel, MGM/UA, Double Secret Productions, et Gekko Productions.
*
Il ne savait pas pourquoi elle avait accepté ce rendez-vous. Cela faisait tellement longtemps qu'ils ne s'étaient pas revus qu'il était presque certain qu'elle refuserait. Il repensa au bref moment de silence à l'autre bout du fil quand il avait fini par trouver le courage de l'appeler pour le lui demander. Il ne se rappelait que trop bien le bruit étouffé de leur voix, quand ils en avaient rapidement discuté, elle et lui. Son mari. Il reconnaissait la douleur familière quand il pensait à elle, avec *lui*.
Quelles qu'en soient les raisons, il avait été surpris qu'elle dise oui. Il avait été agité par un frémissement de plaisir pervers à l'idée qu'elle *voulait* le voir. A l'idée du regard contrarié de son mari quand elle avait pris la décision de venir.
Le jour du rendez-vous, sa confiance commença toutefois à battre de l'aile. Il s'assit à une table en terrasse et attendit en jouant avec son couteau, sa fourchette, son verre d'eau… Avec tout ce qui était susceptible d'éloigner ses pensées de la femme qu'il attendait.
"Ce siège est occupé ?" Le son de sa voix le fit sursauter.
Il arrêta de respirer et leva les yeux. Il la vit, debout devant lui, le soleil dans le dos entourant sa silhouette d'un halo pratiquement surnaturel. Et ce sourire…. Comme il lui avait manqué. "Non, je vous en prie." Sans savoir comment, il réussit à articuler une réponse en tendant le bras vers son verre tandis qu'elle s'asseyait avec grâce.
"Excusez-moi. Je suis en retard." Elle sourit encore, avec chaleur, les yeux aussi bleus que dans son souvenir. "Je n'ai pas vu l'heure…"
"Pas de problème." Il profita que la serveuse venait prendre sa commande – une eau minérale, la même que la sienne, pour la regarder. Ses cheveux étaient plus longs, son visage avait vieilli, quelques rides en plus… Il se dit que c'était dans l'ordre des choses. Les années avaient passé, même si elle ne faisait pas son âge. Elle était toujours aussi belle.
Elle s'aperçut qu'il la fixait et mal à l'aise s'éclaircit la gorge. Elle croisa les mains devant elle sur la table; son alliance en or reflétait le soleil. Impossible d'oublier. "Alors ? Comment allez-vous ? Je ne vous ai pas vu depuis que les Aschens…"
"Oui." Il lui coupa la parole brutalement, avec de la colère dans les yeux. Il n'avait pas besoin qu'on lui rappelle les Aschens. Pas après tout ce qu'ils avaient fait, et essayé de faire. "Ca va. Je vais bien. Et vous ?" Un sourire fugitif flotta sur ses lèvres, relevant les commissures de sa bouche pendant quelques secondes. "Ca va. Tout va bien."
"Et bien…" Un silence gêné s'ensuivit. Il aurait dû se douter, qu'est-ce qu'il espérait… "… des enfants ?"
Il avait entendu des rumeurs, des choses racontées par de vieux amis, d'anciens collègues. Des gens qui les connaissaient, elle et *lui*. Des gens qui n'avaient pas à rester à l'écart.
Le sourire revint et cette fois-ci elle continua à sourire. Il sentit son estomac se nouer quand il vit la tendresse et l'amour au fond de ses yeux. " Un qui marche et l'autre en route."
"C'est… c'est bien." Il le pensait, il le pensait vraiment… Alors pourquoi est-ce que ces paroles lui restaient en travers de la gorge ? "Toutes mes félicitations."
Il se rendait compte qu'elle ne disait rien d'important. Rien de plus que nécessaire, gardant ses distances, une conversation calme. Sans danger. Elle avait l'air heureux et il voulait se réjouir de son bonheur. C'était bien qu'elle soit heureuse. Oui, vraiment. Alors pourquoi est-ce qu'il avait tellement de mal à lui rendre son sourire ?
"J'ai entendu dire que vous aviez quitté le SGC ?"
Il vit que le sourire s'estompait un peu. Ses yeux s'emplirent de tristesse. "Oui. Quand j'ai su que j'étais enceinte, je ne me voyais pas rester…" Elle sortit de la contemplation de son verre devant elle. "Enfin, pas à plein temps…"
"Et lui… ?" Il agita la main, laissant le mouvement remplir le silence à la place de son nom.
"Il n'a plus grand chose à voir avec le SGC maintenant," répondit-elle rapidement. Un peu trop vite ? Ses yeux rencontrèrent les siens et elle ne paraissait pas regretter ce qu'elle était en train de dire. En tout cas, elle se remit à sourire. "De temps en temps, on nous rappelle encore tous les deux mais…" Elle s'arrêta en haussant les épaules et elle regarda dans le vide avec une expression lointaine. "Mais nous avons d'autres choses à faire à présent. Comme être ensemble et nous occuper des enfants."
Elle n'avait pas besoin d'en dire plus. Il comprenait.
Le "nous" le rappela à la réalité. Un rappel pas très subtil du fait qu'elle faisait partie de ce 'nous'. Il n'y a pas de 'je' dans 'nous'. De la même façon qu'il n'y avait jamais eu de 'je' dans l'équipe. Exactement comme dans ses souvenirs. Les membres de l'équipe avaient toujours été proches, ils étaient plus comme une entité que comme quatre individus distincts. Il ne se rappelait que trop bien à quel point il était difficile de faire partie de ce tout, d'être accepté par tout le monde.
Il ne pouvait pourtant pas s'empêcher de poser des questions. Il la regarda, elle pensait à autre chose, les yeux dans le vague. Oubliés l'eau, leur conversation, lui. Il ne pouvait pas s'en empêcher. Il *fallait* qu'il sache.
D'une manière ou d'une autre.
"Vous êtes heureuse ?" Ses yeux marrons l'imploraient de répondre non ou au moins de lui laisser un espoir. Il avait envie qu'elle réponde tout de suite pour qu'il puisse croire qu'elle mentait ou qu'elle mette trop longtemps à trouver une réponse et qu'elle hésite.
Mais elle ne fit ni l'un ni l'autre, même en sachant qu'elle allait le faire souffrir. Même si elle voulait plus le faire souffrir. Elle le regarda bien en face, avec un véritable sourire qui faisait briller ces yeux auxquels il avait passé tant de temps à rêver. "Je suis très heureuse. Il me rend heureuse."
Il avala avec difficulté et se leva en hochant la tête. Il s'éclaircit la gorge, évitant de regarder son visage, évitant de regarder ses yeux. Ses yeux dans lesquels il voyait qu'elle disait la vérité. Il se força à parler. "Je suis content… je suis… je suis heureux pour vous." Avec un sourire contraint, il commença à partir, toujours incapable de la regarder dans les yeux. "Il faut que j'y aille… J'ai des choses à faire, des gens à voir. Peut-être est-ce qu'on se reverra un de ces jours."
"Peut-être." Elle parlait calmement, les yeux fixés sur lui tandis qu'il reculait. "Prenez soin de vous."
"Vous aussi.." Il y eut une pause, le temps qu'il se retourne, les épaules rigides, se méprisant de réagir de cette façon tout en sachant qu'il aurait dû s'y attendre. "Au revoir Samantha."
"C'est la vie," pensa-t-il en s'éloignant. Ce n'était pas facile, mais la vie c'était comme ça.
Elle le regarda se lever et partir, souriant doucement quand il se retourna vers elle et lui adressa un petit salut de la main par-dessus son épaule avant de disparaître pour toujours de sa vie, elle l'aurait parié.
Elle resta là, à faire tourner son alliance sur son doigt, à se demander pourquoi elle ne se sentait pas différente. A se demander pourquoi elle ne ressentait aucun remords d'avoir fait les choix ou les sacrifices qu'elle avait faits. A se demander pourquoi elle ne ressentait rien pour lui. Rien de ce qu'il ressentait encore apparemment pour elle.
Les mains qui se posèrent sur ses épaules auraient dû la faire sursauter si elles avaient été à quelqu'un – à n'importe qui – d'autre; mais au lieu de cela, cela la fit sourire. Elle posa sa main sur la sienne et pencha la tête en arrière, attendant qu'il l'embrasse.
"Ca s'est bien passé ?"
"Oui." Elle lui sourit amoureusement tandis qu'il s'asseyait en face d'elle, sa main serrant doucement la sienne.
"Pas de regrets ?" Son mari la regarda attentivement, tout en essayant de ne pas le montrer. C'était quelque chose qu'il pensait encore de temps en temps. Quand il était déprimé, dans les moments où il doutait de lui, il se posait encore la question de savoir s'il était assez bien pour elle. S'il fallait la conquérir…
"Pas de regrets, Jack." Elle tendit les mains pressant ses paumes contre la siennes, leurs doigts enlacés et lui adressa un regard de parfait contentement. "Il n'y aura jamais de regrets."
Jack lui répondit par un large sourire et se pencha par-dessus la table pour l'embrasser doucement. Il se rassit en lui tenant toujours les mains et se demanda pourquoi il s'était tellement angoissé. Joe Faxton avait eu sa chance, il y a longtemps.
C'est lui que Sam avait choisi à l'époque, et elle l'avait choisi aujourd'hui. Tout comme elle le choisirait toujours.
FIN