L E S A U G U R E S

auteure : Xeen

e-mail : Xeen67@hotmail.com

résumé : SG 1 vole au secours de la planète Antaressia, mise en danger par les Aschens

spoilers : 2010 , 2001, Beneath the Surface, Entity et sûrement d'autres…

disclaimer : les personnages de cette fanfiction ne sont pas ma propriété mais celle de la MGM et de SHOWTIME. Je n'ai pas reçu un kopek (ni aucune autre monnaie d'ailleurs) pour l'écrire, et c'est bien dommage LOL

merci de me demander avant de publier mes histoires ou une partie de mes histoires sur votre site

note : ce fic est un peu bavard, alors excusez-moi à l'avance ;o)

"Bon Daniel, Carter qu'est-ce qu'on a ?" demanda Jack qui tournait sur lui-même en contemplant les environs. "On est tous d'accord ? Pour une fois ???" ajouta-t-il avec une mimique expressive.

A perte de vue s'étalait une sorte de savane pelée. Le soleil au déclin tapait fort et les membres de SG 1 transpiraient dans leur accoutrement militaire. Teal'c leva un sourcil, fit une moue dubitative et hocha la tête.

"C'est votre manière de dire que vous êtes d'accord Teal'c ?" attaqua Jack sur la défensive.

"Absolument O'Neill, ce que je vois corrobore les relevés de la sonde, ce monde ne présente pas d'intérêt " répondit le Jaffa imperturbable.

"Ah ! " s'exclama Jack, "un bon point pour vous Teal'c ! Carter ? Des relevés pertinents ? " Le mutisme de ses coéquipiers lui tapait sur les nerfs. La propension du SGC à les envoyer sur des missions de routine le rendait fou. Si Hammond voulait qu'ils prennent du repos, il suffisait de leur donner une permission. Et pas une permission de trois jours ! Une permission digne de ce nom. Des vacances en quelque sorte… Il pensait tout à fait pouvoir s'arranger d'une absence prolongée du service. Inconsciemment, il détaillait Carter. Elle aussi mettrait un congé à profit. Ces derniers temps, elle avait perdu son allant et ne sortait plus de la base, entièrement préoccupé par son nouveau jouet rapporté de P4… quelque chose. Il ne comprenait pas son 'fanatisme' scientifique, pas plus que la destination finale du jouet en question, mais le comportement de sa subordonnée la menait au désastre. Il suffisait de la regarder pour s'en apercevoir. Pâle et épuisée. L'ombre d'elle-même.

Jack secoua la tête. Oh là ! Calme-toi, mon petit père, ce que Samantha Carter fait de sa vie ne te regarde pas… tant qu'elle ne met pas en danger les missions. Revenons à nos moutons… Il détourna tristement la tête sans même s'en rendre compte. Pour une fois Daniel ne s'aperçut de rien.

" Carter ? Daniel ? Ça vous ennuierait de me répondre ! " explosa-t-il.

"Excusez-moi mon colonel " répondit aussitôt Carter qui revenait d'un tour d'exploration rapide, "rien pour moi monsieur".

"Moi non plus Jack !" ajouta à son tour Daniel "cette planète est totalement dépourvue d'intérêt archéologique. J'aurais dû tomber sur quelques artefacts dans la zone de la porte, mais même en cherchant bien, je n'ai rien trouvé".

"Parfait ! Puisque nous sommes d'accord" répéta Jack avec gourmandise, "nous pouvons rentrer ! Daniel composez la séquence on rentre à la maison ! Carter ? Vous êtes avec nous ? Envoyez le code, s'il vous plaît !"

"Tout de suite mon colonel" s'excusa Sam.

"SG 1, un problème ?" demanda le général Hammond qui se précipitait à leur rencontre.

Lui aussi ferait mieux de faire un peu d'exercice et de sortir de cette base se dit O'Neill. Il va falloir qu'il se refasse une garde-robe. Je ne donne pas cher de ses boutons de chemise. Il contemplait fixement l'abdomen rebondi de son CO. Il sourit innocemment.

"Aucun mon général ! La routine, même pas un arbre à nous mettre sous la dent ! Nous allons de ce pas à l'infirmerie ! Carter a besoin de se refaire une santé…" ajouta-t-il pas peu fier de couper l'herbe sous le pied d'Hammond. Il remarqua alors l'air soucieux du général. "Un problème monsieur ?"

"Oui colonel ! Et pas des moindres ! Je crains qu'il ne vous faille écourter votre check-up ! Major ? Vous pourrez tenir le coup ? "

Devant l'absence de réaction de Carter il continua "Je veux que vous vous rendiez dans les plus brefs délais sur Antaressia" il fit une pose, plus liée à son essoufflement qu'à un quelconque effet dramatique "le docteur Fraiser et Cassandra vous y attendent. SG 11 a établi un premier contact et il semblerait que les Aschens aient encore fait des dégâts sur ce monde", conclut-il d'un air soucieux.

"Les Aschens monsieur ?" demanda Sam, sans se préoccuper du colonel qui la fusillait du regard comme à chaque fois qu'elle outrepassait les prérogatives de son grade.

Hammond ne releva pas ce signe d'insubordination. Il soupçonnait ses deux gradés d'y prendre un malin plaisir. Après tout Jack était assez grand pour se faire obéir de ses subordonnés !

"Oui major. Il semble que la population ait un problème et je vous demanderais de bien vouloir apporter au docteur Fraiser toute l'aide nécessaire. Jack, docteur Jackson, vous enquêterez discrètement. Ce monde n'est pas très éloigné du système booléen et je veux être absolument sûr que les Aschens ne sont pas responsables du coup du sort qui frappe Antaressia. Teal'c vous êtes libre de retourner sur Chulak, votre présence n'est pas requise" conclut Hammond.

"Mon apparence risque-t-elle de troubler les habitants de ce monde général ?" s'enquit le Jaffa en s'inclinant discrètement.

"Absolument pas Teal'c ! Mais je sais que vous avez tous besoin d'un repos bien mérité et vous Teal'c de revoir votre famille ?" dit Hammond d'un trait. Devant le silence de Teal'c, il continua, " Je ne peux pour l'heure vous accorder à tous ces vacances, mais Teal'c je vous donne le choix…"

"Ce sera inutile général. J'enquêterai aux côtés de O'Neill si vous le permettez" conclut le Jaffa. "

"Permission accordée ! SG 1 vous vous mettrez en route immédiatement ! Ouvrez la porte Simmons !" lança-t-il, "et bonne chance mes amis ! "

Sans plus s'inquiéter du sort de son équipe, ni de Jack qui commençait à protester, il retourna au pas de charge dans son bureau. Les quatre membres de SG 1 échangèrent des regards étonnés et s'engagèrent sur la coursive en rang par deux. C'était une première au SGC. Quel drame avait donc frappé la planète où ils se rendaient ?

Jack nota à nouveau les signes d'épuisement qui se lisaient sur le visage de Sam avant que le vortex ne les engloutissent.

Hammond décrochait impatiemment le combiné de son téléphone rouge. La colère marquait ses traits poupins. Il ne se pliait que difficilement à des ordres aussi absurdes que ceux qui lui avaient été transmis le matin même par le Pentagone.

Ses équipes ne tiendraient pas le coup si ses messieurs bien au chaud dans leurs bureaux continuaient de les mener à cette cadence.

Seule SG 8 était dans la base après une mission catastrophique. Deux de ses membres étaient dans le coma, souffrant de traumatismes divers. Quant aux autres, le colonel Ryan avait les deux jambes cassées et son second le major Evans souffrait d'amnésie aphasique.

Hammond était connu pour son caractère entier et son respect des procédures.

"S'ils croient qu'ils vont nous mener à la baguette et continuer de réduire le budget, ils se trompent !" jura-t-il entre ses dents " Major-Général Hammond ! Je voudrais parler… Comment enseigne ? Vous avez vu la couleur de ce téléphone ? … C'est entendu ! "

Il raccrocha rageusement. Voilà que ça recommençait. Il pensait pourtant Maybourn et Kinley hors course… Le N.I.D. et ces messieurs de Washington voulaient leur mener la vie dure ? Qu'à cela ne tienne ! Il allait leur montrer quel excellent travail des équipes épuisées étaient encore capables d'abattre ! Ensuite, il s'arrangerait pour régler leur compte à tous ces bureaucrates incapables. Il trouverait bien le moyen d'avoir l'oreille du Président…

"Cassie, recule-toi un peu, voilà ! Maintenant ! Parfait " déclara Janet qui couvait littéralement la fillette du regard. Elle était extrêmement surprise de constater que Cassandra en dépit de son jeune âge puisse se comporter de manière aussi responsable et adulte dans une telle situation. Elle-même commençait à perdre pied alors qu'elle avait le soutien d'une équipe hors pair. Mais elle reconnaissait qu'elle avait du mal à faire face.

Les hôpitaux étaient pleins à craquer et les réquisitions effectuées ne suffisaient pas à endiguer le flot des enfants qui réclamaient des soins.

Il aurait fallu plus de lits, plus de matériel, plus de bras. Elle soupira.

Leur condition à tous était critique.

Elle ne voyait pas comment juguler cette pandémie. Tous les moins de 12 ans étaient touchés à des degrés divers. Les signes cliniques étaient les mêmes mais depuis deux jours, elle constatait que de nouveaux cas se multipliaient. De nouvelles pathologies se greffaient aux précédentes et dès qu'elle pensait avoir trouvé un remède, la maladie mutait.

Etrange de penser qu'il ne s'agissait ni d'un virus, ni d'une bactérie encore moins d'un bacille. Elle était arrivée à détecter une anomalie dans la chaîne d'ADN des enfants atteints, et à ce moment la thérapie génique lui avait parut l'issue. Non qu'elle maîtrisât ce type de thérapie, mais elle aurait sûrement pu trouver de l'aide auprès des Asgards. Rapidement, elle dut se rendre à l'évidence.

Cette anomalie faisait partie du bagage génétique de l'ensemble de la population, sans que les adultes ou les adolescents ne soient touchés.

La lassitude qu'elle éprouvait à force de lutter dans le vide creusait ses traits délicats. Mais le courage et l'abnégation de Cassandra lui mettaient du baume au cœur.

"Viens ma chérie ! Nous allons manger un peu…" dit-elle sans conviction en s'essuyant machinalement le front.

"Est-ce que nous pouvons rester avec eux et manger en même temps ? " risqua Cassie.

"Bien sûr ! C'est une excellente idée ma chérie !"

" Bon, alors tu vas pouvoir nous aider… "

"Vous aider ? "

"Oui" insista la gamine "John et Peter peuvent prédire l'avenir, et je n'arrive plus à suivre. Il me faudrait un petit magnétophone, mais comme je n'en ai pas, je prends des notes et c'est dur. Tu pourrais nous aider ? " Son air candide et franc frappa Janet en plein cœur.

"Bien sûr ma chérie" dit-elle en choisissant ses mots "ils disent l'avenir ? … avec des cartes ? des runes ? Comment font-ils ça ? "

"Oh non, c'est plus facile ! Ils rêvent et leurs rêves se mêlent et ils disent le futur. Par exemple ils savent pour Jack et Sam ! "

"Jack et Sam ? " demanda Janet, depuis quand ces deux là étaient-ils un vrai couple ? "Qu'est-ce que tu veux dire ?"

"Ils savent qu'ils viendront et qu'ils vont les guérir" dit la petite d'un air tranquille. Comme ils savaient que nous allions venir les aider toi et moi.

"Ils savent comment ? "

"Oh oui ! C'est leur enfant qui va les sauver ! "

Janet s'étrangla presque "Leur enfant ? "

"Oui, parce qu'il aura le gène qu'on leur a enlevé et on pourra leur donner ! " acheva la gamine triomphante.

"Ils ont dit autre chose ?" demanda Janet de plus en plus déstabilisée.

"Oui, ils ont dit qu'il faut qu'on les aide aussi, parce qu'ils ne savent pas encore pour l'enfant ".

"Ooh… Tu as raison Cassie, il faut qu'on leur parle ensemble… Surtout ne dit rien à Sam avant que j'aie eu le temps de faire le point avec elle."

"Je peux le dire à Jack ? Il sera content !""Non, s'il te plaît. Je veux parler à tes amis d'abord. Tu es d'accord ?" répondit Janet un peu trop sèchement. La fillette ne releva pas.

"Ils nous attendent ! Ils ont dit que Teal'c et Daniel seraient là aussi et qu'ils vont trouver pourquoi ils sont malades ! " annonça-t-elle "tu viens ? "

"Je… j'arrive ! " dit Janet. Le contact de la main fraîche de Cassandra lui remit momentanément les pieds sur terre et elle la suivit vers le réfectoire. Qu'est-ce que c'était encore ? Ce monde ne ressemblait décidément à rien de ce qu'elle connaissait. Elle était là depuis suffisamment longtemps pour savoir que sa pratique était impuissante à leur venir en aide. Si la gamine pouvait avoir raison !

"Wow ! Pas d'arbres ? " commença Jack en se rendant compte de ce qui les entourait. La porte était installée en zone urbaine et les alentours parfaitement balisés. Un enclos en granit délimitait le périmètre d'arrivée et une volée de marche en travertin conduisait directement à la cité. D'immenses immeubles d'aspect gothique s'élançaient vers le ciel autour du site et plusieurs allées pavées convergeait vers la porte. Le tumulte de la circulation les accueillit.

"On dirait qu'ils sont au même stade technologique que la Terre " hasarda Daniel qui s'éloigna pour fureter, les yeux rivés aux façades des buildings.

"Je dirais qu'ils sont plus avancés que nous mon colonel " ajouta Carter en désignant du doigt plusieurs véhicules aériens qui se déplaçaient au-dessus de leur tête. Un homme d'âge mûr les dépassa, juché sur un engin qui flottait à une quinzaine de centimètres du sol.

"Qu'est-ce que c'est que ça ? Un remake de Retour vers le futur ou le 5ème élément ? " demanda Jack. Il n'attendait pas de réponse. Sam voyait bien qu'il réfléchissait à toute vitesse en analysant les éléments à sa disposition.

"Bon, puisqu'on n'a aucune idée de la raison pour laquelle on est là, il faudrait peut-être contacter le docteur Fraiser tout de suite " ajouta-t-il. "Pour une fois, je serais ravi de voir qu'elle pique quelqu'un d'autre que moi ! " Joignant le geste à la parole, il attrapa le col de sa veste et appela le docteur sur leur fréquence. Après un crachotis, le walkie talkie grésilla et on entendit la voix lointaine de Janet.

"Je vous envoie quelqu'un tout de suite ! Nous allions aller déjeuner ! Vous tombez bien "

"Entendu docteur, on ne bouge pas ! " à peine avait-il dit ces mots qu'un des appareils volants vint se positionner à côté d'eux.

" Bienvenus sur notre monde ! " lança l'homme qui descendit de l'appareil. "Le docteur Fraiser vous attendait ! "

"Et … vous êtes ? " s'impatienta Jack.

" Arthur Gibbons, médecin chef de l'Hôpital Régional de l'Est. Excusez mon impolitesse. "

" Docteur, voici le major Samantha Carter, le docteur Daniel Jackson... "

Devant l'air intéressé du médecin, Daniel s'empressa de préciser " Pas cette sorte de docteur monsieur, je suis désolé "

"Et voilà Teal'c ! Je suis le colonel O'Neill ! " conclut Jack, les bras appuyés sur son arme.

"Madame, messieurs, si vous voulez bien m'accompagner, je vous expliquerai la situation en chemin ! "

Conquis par les méthodes directes de Gibbons, Jack fit signe à son équipe de s'installer dans le véhicule, en ponctuant son geste de la mimique 'en-voilà-un-qui-ne-perd-pas-de-temps-et-j'adore-ça'.

" Je vois qu'un Jaffa est membre de votre SG 1 ? " commença le médecin à brûle-pourpoint, "nous n'avons pas rencontré de Jaffas depuis plusieurs générations. Auriez-vous enfin mis fin à l'esclavage ? "

"Non docteur Gibbons " répondit Teal'c, le dépit et la colère faisait trembler sa voix grave "mes frères sont toujours sous le joug des Goa'Ulds "

" Dommage, je me réjouis de vous rencontrer mon ami" ajouta Gibbons, "il semble que vos Goa'Ulds se soient désintéressés de nous après leurs essais de conquête malheureux…" en disant ces mots il sourit à pleines dents.

"Vous avez repoussé les Goa'Ulds " demanda Sam, surprise.

" Nous n'avons pas eu à le faire ! Il semble que notre physiologie ne fasse pas de nous les hôtes idéaux de ses parasites " dit Gibbons avec mépris. "Leurs tentatives de nous asservir se sont soldées par la mort de nombre de ces larves et pour des raisons qui nous sont inconnues, ils n'ont pas anéanti notre monde en représailles. Un beau matin ils étaient partis pour ne plus revenir "

" C'est fascinant docteur… "

" Carter, arrêtez de vous prendre pour Monsieur Spock et laissez donc notre hôte nous expliquer la situation, vous voulez bien ? " l'interrompit O'Neill d'un ton sans réplique. Il regretta aussitôt son éclat, mais le mal était fait, Carter se ratatina sur son siège en bafouillant une vague excuse.

"Gibbons, venez-en au fait voulez-vous " dit-il, reportant son agacement sur le médecin.

" Bien volontiers. Notre monde est en péril car nos enfants ont été contaminés. Depuis plusieurs de vos années, nous avons constaté que les naissances multiples deviennent la règle."

" Quel mal y a-t-il à cela ? " demanda Daniel en remontant machinalement ses lunettes.

"Aucun, sinon que la morphologie de notre race rend les grossesses difficiles et les accouchements pratiquement impossibles. Nous avons dû recourir à des techniques complexes afin de permettre aux familles de s'agrandir. Mais il semble que nous soyons arrivés à un seuil. " conclut-il découragé.

" Un seuil ? " demanda malgré elle Carter. Jack ne lui jeta même pas un coup d'œil.

" Je ne parle plus de naissances gémellaires, major, chacune de nos épouses attend couramment de 4 à 6 enfants à chaque grossesse. Aucune des techniques de contrôle des naissances n'arrive à contrecarrer le phénomène. Mais il y a plus grave. Ces enfants naissent atteints de malformations congénitales extrêmement handicapantes. Ils semblent développer en contrepartie des aptitudes psychiques nettement supérieures à la moyenne."

" A la moyenne " hasarda Jack.

"Voyez-vous, nous sommes une race de télépathes. Nous n'utilisons la vocalisation que contraints et forcés "

Jack se tourna vers Carter d'un air désespéré en faisant une mimique explicite.

" Ils communiquent par la pensée mon colonel " dit-elle précipitamment.

" Oui. " dit Gibbons en haussant les épaules "mais nous comprenons que vous ne puissiez établir de lien télépathique avec nous .. ou entre vous. Nous ne vous en tiendrons pas rigueur "

" Merci " dit sardoniquement Jack qui commençait à se sentir comme un lion en cage. Est-ce que ce satané scientifique n'allait pas finir par cracher le morceau ?

" Nous sommes aussi naturellement empathes, en outre la plupart d'entre nous possède des dons de télékinésie. "

" Vous m'en direz tant ! " explosa Jack.

Gibbons le regarda amusé avant de continuer " Quoiqu'il en soit, vous comprenez que nous hésitions à avoir des enfants dans de telles conditions… "

" Laissez-moi résumer " dit Daniel qui voyait que Jack n'arrivait plus à se contenir "vous nous dites que tous vos enfants naissent handicapés physiquement mais qu'ils développent des capacités psychiques supérieures à leurs parents ? "

" Tout à fait docteur Jackson " acquiesça l'Antaressien.

" Toutes les naissances sont multiples et vous en ignorez la cause ? Avez-vous par hasard rencontré les Aschens ? " ajouta Carter.

" En effet. Ils nous ont sauvés d'une épidémie de fièvre particulièrement virulente en nous permettant d'utiliser un vaccin qu'ils avaient développé à notre intention. Nous leur sommes éternellement reconnaissants "

" Bon sang, mais c'est pas vrai ! " s'exclama Jack. " Vous pensez ce que je pense ? " ajouta-t-il à l'adresse de ses compagnons.

" Nous en avons déjà discuté avec le docteur Fraiser. Elle est de votre avis. Elle pense en effet que les Aschens sont responsables de cette pandémie." admit Gibbons.

" De quel avis ? Comment savez-vous ce que je voulais dire ! "

Le médecin sourit et ne releva pas. "Nous en sommes nous-mêmes arrivés à cette conclusion. Sans pour autant trouver une solution au problème. Voyez-vous, si vous ne parvenez pas à nous aider, notre monde disparaîtra dans moins de deux générations. Notre population en âge de procréer se réduit. Nos descendants ne nous remplaceront pas. Colonel, il faut que vous compreniez que tous les enfants de moins de 12 ans sont atteints par le syndrome."

Jack jura entre ses dents.

"Janet, je veux dire le docteur Fraiser, a une piste ? " Le visage de Carter reflétait l'espoir. Elle se penchait vers Gibbons avec sollicitude. Jack fronça les sourcils involontairement.

"Pas à ma connaissance major. D'après les explications qu'elle m'a données, cette pandémie ressemble à une maladie terrienne que vous appelez le SIDA. Sauf qu'elle n'est pas mortelle dans notre cas " Gibbons paraissait à bout. Il continua cependant "Si nous ne trouvons pas de solution, ces enfants seraient livrés à eux-mêmes après notre disparition, et nous ne saurons le permettre. Nous avons envisagé…" sa voix se brisa sous l'effet d'une émotion trop contenue "de les … éliminer " il ferma les yeux, plus pour contrôler la colère qui l'envahissait que pour se recueillir. "Je dois vous dire qu'afin d'éviter que leur nombre ne croisse dans des proportions ingérables, nous avons adopté des mesures drastiques au sein de la population. Aucune naissance n'a eu lieu depuis maintenant l'équivalent de 9 de vos années terrestres. En dépit de cela, leur nombre avoisine 45 % de la population totale."

Les membres de SG 1 restèrent muets. Teal'c était impavide, mais le souvenir de la prim'ta de Ryac troublait ses pensées. Il serrait convulsivement les mâchoires. Daniel revivait la naissance de l'enfant de Sha're et Apophis, ses mains trituraient son chapeau. Jack avait laissé son esprit dériver à la recherche de Charlie. Quant à Sam, elle fixait un point dans le vide, totalement inexpressive, et des larmes roulaient sur ses joues creuses.

"Mes amis, il semble que j'ai réveillé des souvenirs pénibles. Je m'en excuse. Major Carter, je peux vous aider à résoudre le problème qui vous bouleverse. J'espère que vous accepterez de me faire confiance. " déclara Gibbons en se penchant vers elle avec sollicitude. "Je comprends votre douleur, mais vous savez que vous n'êtes en rien responsable de cette tragédie, je vous assure." Il réfréna un mouvement d'impatience en sentant la fureur qui s'emparait du colonel.

Jack levait les yeux sur le médecin alerté. Au nom du ciel, de quoi parlait-il ? Comment Sam avait-elle pu leur cacher le moindre épisode récent de sa vie puisqu'elle la passait avec eux en mission ou enfermée dans son labo ? Il foudroya le médecin du regard. Ce dernier l'ignora.

"Nous sommes arrivés ! J'espère que vous aurez le temps de vous restaurer avant que la cantine ne soit fermée. Je vais chercher le docteur Fraiser immédiatement" dit-il en stoppant son véhicule devant l'entrée d'un bâtiment de plusieurs étages.

"Je ne crois pas que ce sera nécessaire" répondit Jack en agitant la main "Cassandra !! Comme tu as grandi ! Viens faire un câlin à l'oncle Jack !" Le colonel rayonnait de bonheur.

Sam sécha subrepticement ses larmes et tourna un visage totalement défait vers l'adolescente. "Bonjour Cassie. Et moi je n'ai pas droit à un câlin ?" elle tendit les bras vers Cassandra avec un pauvre sourire.

"Sam ! Jack ! Vous m'avez manqué" dit Cassie en se précipitant dans leurs bras. Elle se pelotonna contre eux. Elle ressentait la gêne de Jack et la détresse de Sam. Elle finit par les relâcher et les dévisagea drôlement. "Alors vous deux ? Vous avez fini par nous rejoindre ? Janet n'en peut plus. Elle t'attend impatiemment Sam. Et toi Jack tu as encore fait pleurer Maman ?" sans attendre sa réponse, elle courut vers Teal'c qui la fit voler dans les airs comme un fétu de paille. Daniel souriait béatement. Il serra la gamine contre lui et l'embrassa sur le front.

Gibbons observa les retrouvailles des cinq amis.

Son esprit était assailli par leurs pensées incontrôlées.

Les deux militaires refoulaient manifestement des sentiments partagés. Ils étaient tellement amoureux l'un de l'autre que leur vie devait être un enfer. Il nota de demander à Janet pourquoi ils refusaient de s'avouer mutuellement leur amour.

La jeune major souffrait d'un stress profond et la perte qu'elle avait subie récemment allait rapidement détériorer sa santé physique et mentale s'il n'y mettait pas bon ordre. Pourquoi diable avait-elle fait cela ? Au regard de la situation présente de son propre peuple, son acte était difficilement pardonnable même s'il en comprenait les raisons. Cependant, les pensées de Carter n'étaient pas aussi limpides qu'il y paraissait. Peut-être tirait-il des conclusions hâtives.

Il constata que le colonel était lui aussi un homme brisé. Seule la présence de la lumineuse jeune femme à ses côtés garantissait qu'il ne mettrait pas fin à ses jours.

Le Jaffa le déconcertait. L'homme était totalement dévoué au groupe d'humains, au point de sacrifier son honneur et sa famille à leur cause. Etonnant de la part d'un serviteur des System Lords.

Le jeune docteur lui paraissait le plus équilibré. Ces capacités à s'isoler du monde réel lui permettaient sans aucun doute de garder la tête froide. Une fois de plus, il perçut le lien qui unissait le jeune homme aux autres membres de son équipe.

Il se rendit compte qu'il les enviait. Son monde avait rejeté les troubles de la passion qui les aurait projetés dans le chaos. Un peuple de télépathes ne s'autorisait pas de sentiments extrêmes…

"Janet, où en êtes-vous ? " Sam entrait toujours directement dans le vif du sujet. Ses mains fines virevoltaient sur le clavier de l'ordinateur. "Je pensais que vous n'aviez pas exploré cette voie… Attendez ! "

Jack les observait, assis dans un coin de la pièce. Depuis qu'il avait mis les pieds sur Antaressia, il avait constamment l'impression d'être observé, sondé, soupesé. Avec réticence, il avait abandonné son attirail à l'entrée de l'hôpital de campagne. Il se sentait particulièrement démuni. En fait, il se sentait tout nu. Sa place n'était pas là mais sur les champs de bataille. Ici, il ne s'agissait que de batailles d'experts. Sam avait retrouvé son punch habituel ; malgré lui il sourit en la regardant qui échangeait des informations avec le docteur Fraiser. Avec ces deux là, la pandémie serait éradiquée en un rien de temps !

Les réflexions de Gibbons lui revinrent à l'esprit. Que savait-il donc que Sam lui avait caché ? Leur avait caché aurait été plus juste. Un pincement de jalousie. Arrête ça tout de suite Jack, ce n'est ni l'endroit ni le moment ! Il me faut de l'action, songea-t-il.

"Mesdames, si vous voulez bien m'excuser, je vais aller me dégourdir les jambes." Aucune réaction. Dépité, il se leva et se rapprocha. "Heu, est-ce que je peux vous être utile ?" dit-il en hésitant sur les mots de sa manière caractéristique. Il fut récompensé par un sourire éclatant du major. Et bien voilà, il suffisait de demander. Très content de lui, il se rengorgea et attendit.

"Mon colonel, sans vouloir vous manquer de respect mon colonel, permission de parler librement ?" dit Sam sans le quitter des yeux. Sans attendre, elle continua "Si vous pouviez aller aider Cassie et Daniel… ils ont plus besoin de votre aide que nous… mon colonel ! " Ses yeux scintillaient.

Pris au dépourvu, Jack essaya de garder ses chances de rester avec elles "Vous… vous êtes sûre major ? Docteur ? Vous savez, je pourrais peut-être avoir une idée lumineuse si vous me donnez une piste … " Il sentait qu'il s'enferrait. Il fit semblant de lire les données qui s'affichaient à l'écran. Sans lunettes, il n'avait aucune chance, mais Sam l'ignorait. Il se détourna rapidement du moniteur et lança un regard suppliant à Janet. "Ses gamins me foutent la trouille docteur ! La petite démonstration de chiromancie de tout à l'heure… bbrrrrr ! Je ne tiens pas à en savoir plus !" Essayant sur Janet son charme légendaire, il lui adressa une mimique parfaitement irrésistible.

Janet l'observa une seconde. Elle se mit à sourire pensivement. "Puisque vous le proposez colonel, en effet vous pouvez nous aider. Vous aussi Sam" ajouta-t-elle à l'adresse de Sam qui s'était replongée dans la lecture du moniteur.

"Je vous écoute " hasarda Jack.

Sam les regarda alternativement et ses mains quittèrent le clavier comme à regret. "Janet ? Est-ce que vous m'avez caché des données ? Je ne peux pas établir de statistiques ni scanner les molécules qui sont à notre disposition s'il me manque des informations"

"Vous avez autant d'informations que moi Sam, il ne s'agit pas de ça. Il y a eu un incident avant votre arrivée. Deux des enfants dont s'occupe Cassandra ont tenu des propos très cryptiques et elle leur a demandé de me les répéter. "

Elle s'assura que Sam et son CO l'écoutaient avant de poursuivre. Elle s'installa plus confortablement dans un siège qui leur faisait face à tous les deux.

Sam la regarda attentivement les coudes appuyés sur les genoux. Elle était à nouveau détendue et avait repris des couleurs. Jack se tenait debout à ses côtés, les mains enfoncées dans son treillis.

"Ces gamins prétendent que votre couple ", elle insista sur le mot " les sauvera du mal qui les ronge."

Sam se redressa pour protester. Jack sortit les mains de ses poches et prit sa respiration avant de riposter. Janet ne leur laissa pas le loisir d'intervenir. Elle agita la main pour les contraindre au silence.

" S'il vous plaît, évitez-moi vos enfantillages. Les enfants ont bien insisté sur ce point. Ils connaissaient vos grades et ont décrit votre venue." ajouta-t-elle précipitamment " Sam, Jack ? J'étais avec vous au moment du test, rappelez-vous ? Vous pouvez continuer à vous mentir à vous-même, mais épargnez-moi votre comédie, ce n'est pas le moment ! " Devant son agacement, ils renoncèrent à protester.

Jack prit son air innocent pour la fusiller du regard et Sam se renfrogna, mais ils la laissèrent continuer sans piper mot.

" Jack, avec la permission de Sam, il faut que je vous mette au courant."

A ces mots, Sam se leva brusquement et interrompit le docteur "Janet ! Vous n'avez pas le droit de faire ça ! Je vous en prie ! "dit-elle en évitant de regarder son supérieur.

"Vous m'avez caché quelque chose ?" dit Jack d'un air blessé en regardant Janet. Il était évident pour le docteur que cette phrase s'adressait bien à Sam. "Elle est malade, c'est ça ? C'est pour ça qu'elle a cette mine de papier mâché depuis des semaines ? … Répondez-moi, enfin !" explosa-t-il. La perspective d'apprendre que Sam souffrait d'un mal incurable lui était insupportable. Des pensées morbides tourbillonnaient dans sa tête. Depuis quand exactement ? Depuis leur dernière permission. Sam avait refusé de quitter la base.

"Si vous vous calmez, colonel, je vais vous expliquer. Sam, j'ai votre accord ?" implora Fraiser.

Sam soupira et hocha la tête "Allez-y, au point où on en est, autant tout lui dire…"

"Jack, vous vous souvenez de cette mission, celle où tous vos souvenirs ont été effacés ? " commença Janet.

"Heu… laquelle ? Dans la mine ? " demanda Jack.

"Oui " soupira Carter. Sa voix était inaudible. Des larmes commencèrent à rouler sur ses joues comme à leur arrivée, quelques heures plus tôt. Jack l'observa à la dérobée, interdit devant la violence de sa réaction.

"Nous étions dans la mine et alors ? " s'impatienta-t-il "Nos souvenirs sont revenus. Pas de quoi en faire un plat."

"Pas tous, colonel. Quand Sam est rentrée de mission, elle était enceinte. Elle m'a demandé de dissimuler cette grossesse. "

Enceinte !! Jack avait l'air d'un poisson hors de l'eau. " De qui, bon dieu ! " Il cria cette phrase sans même s'en rendre compte. Les larmes de Sam redoublèrent. Il la regardait avec mépris. "Vous avez mal choisi votre moment major, je vous croyais plus intelligente que ça " cracha-t-il malgré lui. "Et qui est le père ?"

"Etait… " murmura Sam.

"Comment ça, était ? Il est mort ? Je veux savoir qui était cet homme major Carter ! " La voix de O'Neill était dangereusement assourdie. Des veines saillaient sur son cou.

"Jack, arrêtez ça tout de suite ! " lui intima le docteur Fraiser d'une voix glacée." Ne rendez pas cet aveu plus difficile qu'il n'est nécessaire, sinon je vous administrerai un sédatif ! Asseyez-vous et taisez-vous ! Contrôlez-vous bon sang !" Jack obéit machinalement. "Le général Hammond est au courant." continua Janet, "c'est la raison pour laquelle vous avez été assignés à des missions de routine ces dernières semaines. " Jack releva la tête. Janet sentait qu'il ne pouvait plus se contenir.

"Le major Carter a fait une fausse couche, colonel, ce n'est pas le père qui est mort. Nous supposons qu'elle a été provoquée par son exposition à des substances tératogènes pendant les premiers jours de la grossesse et avant même la conception. Nous n'en sommes pas sûrs. En tout cas, Sam a perdu le bébé après cette parasitose par l'entité qui voulait se rendre maître du SGC. Je suis désolée Jack. "

"Mon dieu " gémit Jack "Je suis désolé Sam, je ne voulais pas…"

"Je sais" répondit Carter d'un air misérable. "Je suis désolée mon colonel."

"Bien ! Nous sommes tous désolés. Maintenant, écoutez-moi Jack. Sam était enceinte de vous. J'ai pratiqué moi-même l'autopsie du fœtus, aucun doute n'est possible. Vous étiez le père de cet enfant".

Jack était incapable de bouger. Il essayait de se rappeler les jours passés dans la mine mais sans succès. Décidément, dès que les circonstances le leur permettaient, ils devenaient amants. Ce n'était pas une nouveauté. En revanche, la perte de ce bébé le frappait de plein fouet et il comprenait pourquoi il avait trouvé Carter aussi fatiguée et déprimée. Il se tassa sur son siège, incapable de faire un geste vers Sam qui évitait de le regarder.

"Je ne me souviens de rien mon colonel, je n'avais aucune idée de mon état jusqu'à ce que Janet me mette au courant. Je ne veux pas que vous croyiez que je …"

Jack l'interrompit d'une voix lasse "Je vous crois Carter. Moi non plus…"

"Voulez-vous que je vous laisse en parler ? " Janet se leva silencieusement et quitta la pièce sur la pointe des pieds.

"Sam, je ne sais pas quoi dire." commença Jack.

"Alors ne dites rien." répondit Sam en quittant la pièce à son tour. Elle s'éloigna d'un pas rapide dans le couloir non sans jeter un coup d'œil angoissé à Fraiser qui patientait derrière la porte.

Jack se prit la tête dans les mains. Il n'essaya même pas de la suivre.

Il sursauta au bruit de la porte qui se refermait. Janet posa une main ferme sur son épaule. "Il fallait que je vous le dise, colonel. D'après les enfants de cette planète, leur sort dépend de l'enfant que vous avez avec Sam. C'est un peu compliqué mais je peux vous expliquer si vous voulez."

"Non" La réponse fusa, plus sèche qu'il ne le voulait. "Excusez-moi. Je ne m'y attendais pas. " essaya-t-il de s'excuser.

"Je comprends, ne vous inquiétez pas. Sam ne voulait pas que vous soyez au courant. Elle m'avait fait jurer de ne rien vous dire."

"Et Hammond ?"

"Hammond n'a rien su avant qu'elle ne perde l'enfant. Elle avait décidé de le garder et de démissionner. Elle voulait l'élever seule."

"Elle ne m'aurait rien dit ? "

"Elle ne savait pas qu'il s'agissait de votre bébé Jack. Elle ne l'a su qu'après. Elle a préféré porter le poids toute seule. Je pense qu'elle avait tort mais je n'ai pas pu la faire fléchir dans sa décision. Nous avons essayé de la traiter par l'hypnose, mais l'ADN de Jolinar bloque le processus. J'espérai qu'elle vous en parle, mais pas dans ces circonstances." conclut-elle. "Vous devriez aller vous reposer. Je vais essayer de retrouver Sam. Et s'il vous plaît, ne lui en parlez que si elle vous y invite. Le choc a été terrible pour elle. Elle commence à peine à s'en remettre. Je suis pratiquement certaine qu'elle s'accuse de cette mort. Si vous pouviez faire la paix, vous êtes certainement la personne dont elle a le plus besoin. Venez, je vais vous montrer vos quartiers"

"Et toi, tu es Teal'c et tu es un Jaffa ?"

Teal'c inclina cérémonieusement la tête. "En effet, je viens de la planète Chulak."

"Ton peuple s'est libéré."

"Pas encore."

"Si ! Je le vois dans mon rêve. Le fils de ton fils est le chef de ton monde et vous gardez les Grands Maîtres au secret sur une lune… Je ne sais pas son nom", conclut l'enfant avec un grand sourire. "Ton petit-fils est un grand guerrier, tu dois être fier de lui !".

"Teal'c ! C'est fantastique ! " Daniel exultait. Les dernières heures passées avec les enfants à l'hôpital avaient été stupéfiantes. Ils possédaient les clefs de tous leurs problèmes. Il nuança son enthousiasme. Ces gamins étaient salement amochés. Ils étaient affublés d'appareillages sophistiqués destinés à supporter leurs crânes déformés et disproportionnés. La mutation avait rendu leur squelette fragile. Tout déplacement causait des fractures complexes et les os creux se brisaient comme du verre si l'on tentait de les porter. Les jambes étaient atrophiées à des degrés divers. Chaque enfant était maintenu en animation suspendue dans un champ de force individuel. Ils avaient trouvé l'énergie d'inventer de drôles de jeux, assez semblables au chat et à la souris. Les champs de force s'excluant l'un l'autre, le jeu avait été modifié en conséquence.

Apparemment, ils ne semblaient pas souffrir de leurs infirmités. Une fois de plus, c'était le regard d'autrui qui les rangeait dans cette catégorie. Pour eux, leur condition n'était pas plus débilitante qu'une autre.

Daniel fit face à son ami et le félicita chaleureusement. "Vous voyez ? Votre peuple va se libérer ! J'en étais sûr !"

"J'ai peine à le croire Daniel Jackson. Les System Lords sont puissants." dit le Jaffa d'un air fataliste.

"Rêvez donc un peu Teal'c !"

"Docteur ? Vous avez une femme dans une autre dimension. Pourquoi son fils n'est-il pas non plus le vôtre" demanda un petit rouquin particulièrement frêle. " Lui aussi est un chef très puissant, il commande des êtres doubles. Mais ceux-là sont gentils. Enfin, je crois," ajouta-t-il d'un air perplexe. "Ils veulent être gentils en tout cas", conclut-il avec un sourire éclatant.

Daniel le regarda médusé. Ils parlaient de la Tok'ra. Que venait faire l'Harsésis dans cette histoire ? Leur clairvoyance semblait sans limite. A son avis, ils utilisaient leurs pensées pour en faire la matière de leurs rêves. Et ces rêves paraissaient diablement réels. Enfin, lui, il avait envie d'y croire. Il se rapprocha de Sam qui n'avait pas décroché un mot depuis des heures. Recroquevillée sur un fauteuil dans un coin de la salle commune, elle semblait plus fatiguée et déprimée que jamais.

"Vous voulez un café Sam ? Je suis sûre que nos petits amis sauront me dire ou en trouver" commença Jackson. "Vous ne croyez pas que vous devriez vous reposer un peu ? Vous avez une mine terrible !"

"Daniel Jackson a raison major Carter. Je peux vous porter jusqu'à vos quartiers si vous le désirez "

"Je… je ne sais pas. Je vais bien, ne vous inquiétez pas. Il faut juste que je réfléchisse. Je suis incapable d'aider Janet maintenant. Et ces enfants… Ces enfants me terrifient Daniel. Quelque chose de Jolinar me dit que je dois me méfier d'eux. Vous croyez que la Tok'ra est en danger ? Si je devais perdre mon père … "elle ne finit pas sa phrase et éclata en sanglots compulsifs. Elle s'essuya le nez d'un air rageur.

"Je vais vous accompagner Sam" dit Daniel en lui prenant le bras pour qu'elle se relève. "Janet va vous examiner, vous ne tournez pas rond."

"Janet ne va pas m'examiner, Daniel, " cria-t-elle malgré elle. "Je vais très bien. Elle ne peut plus rien faire." Sans leur laisser le temps de répondre, elle s'enfuit à nouveau.

Tu ne peux pas continuer comme ça Sam. Si seulement Jack avait réagi autrement. C'était trop tard, lui aussi a son fardeau à porter, tu ne peux pas lui demander de porter le tien à ta place ! Elle entra de plein fouet dans le médecin qui les avait amenés à l'hôpital le matin même.

"Excusez-moi, je vous ai fait mal ? Je ne faisais pas attention"

"Ne vous inquiétez pas. Le hasard fait bien les choses, je vous cherchais. Je crois que je peux vous aider, major"

"M'aider ? Ca m'étonnerait ! " réagit-elle avec amertume.

"Alors, soyez étonnée et suivez-moi Samantha, c'est un ordre !" sans cérémonie, il l'entraîna dans son cabinet. "Vous avez besoin de parler, et je vais vous écouter. Il faut un début à tout. Je sais que vous n'êtes pas du genre à vous confier, mais vous savez très bien que vous êtes dans une impasse. Nous avons besoin de vous ici et ce n'est pas dans cet état que vous pourrez nous apporter votre aide" Sam souriait misérablement. Elle se sentait totalement à sa merci et en même temps souhaitait ardemment qu'il dise vrai. Elle avait songé à se réfugier dans la tok'ra, mais une petite lumière rouge s'était allumée dans son esprit dont elle ignorait la cause. Obtenir du soutien de Mark était un vœu pieux. Depuis la naissance de sa nièce, il était accaparé par les tâches domestiques quand son travail lui en laissait le temps. De plus, la perspective de voir encore des enfants qui n'étaient pas les siens était au-dessus de ses forces. Elle se laissa entraîner sans réagir et s'effondra sur le fauteuil que lui désignait Gibbons.

"Ne parlez pas, détendez-vous et laissez-moi faire. Je n'en aurais pas pour très longtemps." assura-t-il.

Il ferma les yeux et laissa son esprit toucher celui de la jeune femme. Elle ressentit le contact. Ce n'était pas désagréable. Juste un peu terrifiant au début, mais parfaitement satisfaisant en définitive.

Au bout de quelques minutes, familiarisée à cette expérience inattendue, elle se laissa complètement posséder par l'esprit de Gibbons.

Le médecin explorait à petites touches, désireux que la procédure soit le moins intrusive possible. En se rapprochant de la source du problème qui minait Samantha Carter, son esprit se tendit sous la violence de l'impact psychique.

Il n'avait rien compris. Il ne s'agissait pas d'un avortement. Cette ravissante jeune femme qui s'abandonnait à lui en toute confiance avait perdu l'enfant de l'homme qu'elle aimait et se jugeait responsable de cette perte.

Il comprenait la douleur qu'elle ressentait et la culpabilité qui la rongeait sans relâche. Il hésita sur la conduite à tenir.

Il lui était facile d'oblitérer les souvenirs de Sam et de lui permettre ainsi de reprendre le cours de sa vie. Il creusa un peu plus et se rendit rapidement compte que cette thérapie ne serait pas celle qu'elle aurait choisie. Elle était de la trempe de ceux qui faisaient face.

Il chercha plus loin encore, s'insinuant dans les souvenirs heureux et malheureux du major, la perte de sa mère, le rejet de son père, sa brouille avec Marc, son frère aîné, son amour radieux pour son colonel. C'est drôle qu'elle l'appelle ainsi. Si ces deux-là se décident un jour, ils continueront probablement à s'appeler par leurs grades ou leurs noms de famille. Son esprit se mit à rire. Dans la tête de Sam, il y eut comme le choc d'un élastique qui se tend et rebondit comme pour remettre en place les lambeaux de son existence dévastée par la perte de l'enfant.

Elle sourit, les yeux fermés. Une douce chaleur l'envahit, comme si quelqu'un de cher l'avait prise dans ses bras ou comme si un ami la laissait pleurer sur son épaule. Puis tout devint sombre et elle s'endormit épuisée.

Le docteur Gibbons ouvrit les yeux malgré lui et la regarda assoupie en face de lui, totalement confiante.

Quelle perte ce serait pour ses amis s'il n'arrivait pas à recoller les morceaux ! Il referma les yeux et se concentra sur sa tâche.

"Vous n'avez pas vu Sam ? " demanda Jack d'un air penaud. Il avait son air de chien battu.

Daniel se dit qu'il valait mieux être prudent. Cette attitude n'augurait généralement rien de bon chez le colonel. Il voulait éviter les éclats à proximité de ces gamins déjà à vif. "N…on, pas depuis un moment, je pensais qu'elle était peut-être partie vous rejoindre. Elle n'était pas en grande forme…" ajouta-t-il en cherchant du regard Teal'c. Jamais là quand on a besoin de lui. Il observa du coin de l'œil O'Neill. Qu'est-ce qui se passe sur ce monde ? Tout le monde pète les plombs ? Ca faisait un moment que je n'avais pas vu Jack dans un état pareil. Depuis Abydos, je dirais. "Vous êtes sûr qu'elle n'est pas avec Janet ? Elles devaient travailler ensemble …"

"Non, je la quitte à l'instant. Nous avons préféré diviser nos forces. Elle a… disparu cet après midi, je pensais la trouver avec les enfants…"

"A vrai dire, je n'ai pas vu Cassandra de l'après-midi, elles sont peut-être ensemble ?"

Ils furent interrompus par une mince et minuscule jeune fille dont la blondeur extrême dévoilait le réseau sanguin sur les tempes et la saignée du bras.

"Cassandra est restée avec Peter et John. Et votre amie est partie avec le docteur Gibbons. Mais ça fait longtemps !! " Sans se formaliser de la réaction du colonel qui sortait en courant, elle se tourna vers le jeune archéologue. "Vos amis sont drôles, Daniel, je les aime bien. Ils vont aller mieux, ne vous inquiétez pas ! Voulez-vous m'accompagner au réfectoire ? Je meurs de faim ! " conclut-elle en souriant.

Les autres enfants les entourèrent en riant "Nous aussi, on a faim ! Teal'c, Daniel voulez vous partager notre repas ? "

Daniel et Teal'c les suivirent, les enfants-bulles rebondissaient contre les murs et comptaient les points.

"A votre avis, comment font-ils pour manger Teal'c ?"

"Je n'en ai aucune idée Daniel Jackson. Mais nous n'allons pas tarder à le savoir."

"Janet ? Janet, vous êtes là ! " Jack se tenait devant elle, essoufflé et inquiet. "Où est le bureau du docteur Gibbons ?"

"Oh ! Vous l'avez déjà rencontré ? C'est un homme remarquable ! Sans lui, mes travaux seraient encore embryonnaires. Il nous a même donné des pistes intéressantes pour venir à bout de certaines de nos pathologies terriennes." Devant l'air menaçant de Jack, elle ajouta "Je vous y conduis tout de suite. Calmez-vous colonel, si vous m'expliquiez ? " Elle renonça à obtenir une réponse. O'Neill était sous pression et il ne servait à rien de vouloir lui faire la conversation. Soucieuse, elle le guida dans un dédale complexe de couloirs et de corridors. "Voilà, c'est là. " Elle s'approcha de la porte et tendit le bras pour frapper. Jack la poussa et fit irruption dans la petite pièce à peine éclairée par les lueurs du soleil couchant.

Sam était évanouie sur un large fauteuil à oreillettes. Gibbons lui faisait face. Avant qu'il ait eu le temps d'ouvrir la bouche, Jack se retrouva au centre d'un maelström mental et une voix désincarnée flotta dans sa tête " Allez-vous en Jack, je n'ai pas encore fini" Il voulut se précipiter au chevet de Sam mais une main invisible le saisit et le projeta contre le mur sans ménagement. Effaré, il regarda autour de lui avant de s'évanouir, glissant contre le mur comme un paquet de vieux chiffons.

Gibbons regarda le docteur Fraiser droit dans les yeux "Veuillez sortir docteur, je maîtrise la situation."

Janet hocha la tête et referma la porte derrière elle.

Gibbons satisfait se replongea dans sa tâche. Elle allait être simplifiée par la venue du colonel. Il n'aurait jamais pu rêver mieux que de le voir débarquer à l'improviste. Celui-là se servait manifestement de plus de 10 % de ses capacités même s'il l'ignorait. Apparemment Carter l'attirait comme un aimant. Il réglerait ce problème aussi. Chaque chose en son temps.

Sam se réveilla l'esprit frais et dispos. Elle laissa ses pensées dériver un moment, les yeux fixés sur le rai de lumière qui filtrait des stores. Elle s'étira et sa main toucha un corps souple étendu à ses côtés. Le colonel O'Neill respirait doucement, sa poitrine se soulevait amplement à chaque inspiration. Sans que le rythme ne change, il posa sa main sur celle Carter et ouvrit les yeux.

"Bonjour ! Bien dormi Carter ? " Sa voix était enjouée. Il se frotta les yeux et passa sa main libre sur sa barbe naissante.

"Très bien mon colonel ! Je me sens en pleine forme " Carter s'agenouilla sur le lit, lui faisant face. "Mon colonel, je crois que j'ai trouvé un remède pour les enfants d'Antaressia. En fait, c'est tout simple. J'ai lu la réponse dans l'esprit du docteur Gibbons, quand il m'a.. traitée. Si les Aschens sont responsables de quelque chose, c'est uniquement d'avoir précipité l'évolution de leur race. Il faut que les adultes s'habituent à vivre avec leurs enfants du futur. J'estime qu'ils ont parcouru au moins une quinzaine de stades d'évolution en une génération. Ce que je ne m'explique pas, ce sont les naissances multiples, mais pour cela il faudra attendre que les enfants soient eux-mêmes en âge de procréer. J'aurais la confirmation de ma théorie dès que je pourrais vérifier un peu d'astronomie sur l'ordinateur de Gibbons. En espérant que leurs ressources Internet soient suffisamment exhaustives sur le sujet. Sinon je retournerais au SGC pour extrapoler ma théorie."

Jack ne pouvait détacher ses yeux de Samantha. Elle lui parlait parfaitement à l'aise, inconsciente de l'effet qu'elle produisait sur sa libido matinale. "De quoi parlez-vous Carter ? Je suis prêt à vous écouter mais comment avez-vous fait pour résoudre le problème en moins de 24 heures ?"

"C'est facile mon colonel ! Je pense que la fusion mentale utilisée par Gibbons avec moi m'a permis d'avoir accès à ses connaissances et à ses souvenirs. Probablement grâce à l'aide posthume de Jolinar. Je ne crois pas que le docteur Gibbons soit conscient du fait que moi aussi j'ai exploré son subconscient. Ce qui m'a donné la clef, c'est bien simple et vous allez comprendre tout de suite. La planète est sur une orbite excentrée par rapport à leur soleil. Or, il existe dans ce système une planète jumelle dont l'orbite est plus conforme aux souhaits des Antaressiens. Les saisons y sont plus uniformes et la radioactivité moindre. Leur seul problème était de la terraformer pour qu'elle puisse accueillir leur colonie. Cette terraformation sera achevée dans quelques mois et les émigrants devaient se mettre en route immédiatement."

"Oui ? Et alors, quel est le rapport avec ses enfants handicapés Carter ?"

"Ils ne le seront pas sur Antaressia 2 monsieur, c'est ce qui m'a frappée. Cette planète jumelle est beaucoup plus petite en fait. Donc la gravité y est moindre ! Vous saisissez ? Les enfants seront parfaitement adaptés sur ce nouveau monde. Ils pourraient y être transportés sans avoir à utiliser l'attirail nécessaire à leurs parents ! " Sam jubilait.

"Alors, je ne comprends pas Carter, mais quel était le plan des Aschens ?" demanda Jack dubitatif.

"Probablement de les faire muter et de les éliminer. Mais vous vous souvenez de ce que nous a dit le docteur Gibbons en nous amenant ici ? Les Goa'Ulds n'ont pas pu en faire leurs hôtes. Cela signifie que les Aschens sont sans doute tombés dans le même piège. Ils ont négligé un petit détail ! Nous ne saurons jamais lequel, mais il devait s'agir d'un détail capital ! "

"Mais les prophéties des enfants ? Ils se trompaient ! Ce n'est pas grâce à notre enfant qu'ils ont été sauvé… " Jack hésita. Le fait de penser au bébé que Sam avait perdu ne le bouleversait plus autant que la veille. Quelque chose cloche.

"Mais si ! Cassandra EST notre enfant, et c'est grâce à elle que j'ai trouvé la solution. Quand nous l'avons recueilli, vous vous souvenez que Janet a découvert que le naquada présent dans son système l'avait sauvée de l'holocauste ? Et bien j'ai pensé que cela s'appliquait aux enfants de ce monde. Quelque chose dans leur système les avait protégés du vaccin des Aschens. Leurs facultés mentales particulières font qu'ils sont en outre prédestinés à évoluer dans un milieu plus… aérien ? Moins terre à terre… Vous voyez ce que je veux dire ? Les enfants sont des Sélénites, mon colonel."

Jack ne voyait rien du tout. Il prit son air habituel "Bien sûr Carter, je vois tout à fait" répliqua-t-il.

"Bon je vais prendre une douche, il faut que j'annonce la bonne nouvelle à Gibbons et Janet. " Sur ces paroles, elle se pencha vers Jack et déposa un léger baiser sur ses lèvres. "A moins que vous ne vouliez en prendre une avant moi ?" ajouta-t-elle.

Jack resta sans voix. Est-ce qu'il avait rêvé ? Le picotement sur sa bouche lui affirmait le contraire. Terriblement gêné, il posa précipitamment un oreiller sur son ventre en appuyant ses deux mains bien à plat. Vite, il fallait qu'il dise quelque chose de percutant et tout de suite. Sam attendait sa réponse. "Carter, si NOUS prenions une douche ?" il n'arrivait pas à croire qu'il venait de dire ça !

"Je ne crois pas que les installations de l'hôpital nous laissent la possibilité de telles fantaisies mon colonel, mais je vais aller voir." Sam sauta sur ses pieds et inspecta les lieux. "Apparemment, il n'y a même pas une salle de bain ici, c'est juste un placard" Elle referma la porte et se tourna vers O'Neill, de plus en plus dérouté. "Allez debout ! On va chercher tous les deux ! " Elle lui tendait la main.

Maintenant, il n'arrivait pas à croire non plus ce qu'elle disait. Il allait se réveiller, c'était sûr. Autant en profiter. Pour une fois qu'il ne faisait pas de cauchemar, l'occasion était trop belle. Il lui prit la main, se leva à son tour et l'enlaça. Son corps consentant se lova instantanément contre le sien. "Jack ?" Sam levait son visage vers le sien, les lèvres entrouvertes sur un sourire.

Voyant qu'il ne se décidait pas, elle attira son visage vers le sien et embrassa rapidement sa bouche aux commissures. Elle l'embrassa ensuite dans le cou et posa sa tête contre son épaule. "On y va ? "soupira-t-elle. "Les autres vont se demander où on est passé." A regret, elle se détacha de lui et sortit de la pièce. Sur le seuil, elle le regarda hébété au milieu de la chambre. "Mon colonel, je ne veux pas être en retard par votre faute ! Dépêchez-vous s'il vous plaît ?"

Ce Gibbons avait mis quelque chose dans sa tête, se dit O'Neill. Est-ce que c'était passager ? Elle n'avait pas l'air de se formaliser d'avoir dormi avec lui. Ses actes parlaient pour elle. Elle se comportait comme s'ils étaient amants depuis toujours. Il réfléchit et s'aperçut que ses réticences n'étaient que de pure forme. Si Samantha était d'accord pour qu'ils aient une relation, qui était-il pour refuser. Après tout, c'était lui le militaire sur le retour. Elle avait toute sa vie devant elle et tous les soupirants possibles à ses pieds. Même penser à Martouf, Narim ou à ce fantoche d'ambassadeur dont il avait oublié le nom ne le mettait pas en colère. Sam avait porté son enfant. C'était tout ce qui lui importait. Il se rendit compte qu'il pouvait accéder aux souvenirs de la mine. Mon dieu ! Comme elle était belle sous ses mains. Sans plus se poser de questions, il la suivit dans le complexe à la recherche des douches.

"Et voilà " conclut Sam "qu'est-ce que vous en pensez ?"

Son auditoire se remit à respirer.

"Major Carter, mis à part quelques détails que je veux vérifier, votre théorie me paraît tout à fait plausible " Le docteur Gibbons se cala dans son fauteuil. "Cela expliquerait les naissances multiples."

"Comment ça docteur ? "interrogea le major.

"Sous une gravité réduite, porter de nombreux enfants ne pose pas de problèmes. Et si nous voulons coloniser cette nouvelle planète rapidement, un taux de naissance important s'impose"

"Vous avez raison ! Je n'y avais pas pensé ! " s'exclama Carter guettant l'approbation de Janet.

Celle-ci irradiait. Décidément, Sam ne manquerait jamais de la surprendre dans toutes les occasions. Elle avait bataillé pendant des jours et voilà que Sam trouvait l'explication tout de suite. Elle avait sorti tout ça de son chapeau magique, pas de doute. Elle adressa à Sam un sourire radieux. "Je vais rester un peu pour préparer l'embarquement des colons sur Antaressia. Vous préviendrez le général Hammond colonel ?" Elle se tourna vers O'Neill. Lui aussi était transformé. Elle interrogea du regard Gibbons qui lui fit un signe. Elle hocha la tête. Elle attendrait. Mais il avait intérêt à lui donner toutes les explications qu'elle demanderait !

"Absolument docteur Fraiser " Le colonel se leva et salua Gibbons "Merci" dit-il simplement. "J'ai une dette envers vous."

"Nous avons une dette envers vous colonel. Sans le major Carter, nous n'aurions jamais entrevu ce qui nous crevait les yeux. Nous sommes quitte" Il se leva à son tour et porta les mains à hauteur du sternum en s'inclinant.

Jack lui rendit son salut et l'agrémenta d'un clin d'œil. Il fit un geste du pouce et de l'index vers Gibbons et tourna les talons. "Carter ? Une idée de l'endroit où se cachent Daniel et Teal'c ?

"Je pense que je sais mon colonel." Sam lui fit signe de la suivre. Elle le conduisit jusqu'au réfectoire d'où s'échappaient des hurlements et des rires.

"C'est extraordinaire Jack, les enfants se nourrissent en téléportant les aliments au travers du champ de force" dit Daniel en hoquetant.

"Je n'ai pas l'impression que vous êtes en train de manger Daniel…" Jack contemplait les murs et le sol de la salle d'un air intrigué. Ils étaient maculés de nourriture. Il se tourna vers Teal'c. "Vous nous plus ? Teal'c ?"

"En effet O'Neill " déclara le Jaffa imperturbable en envoyant une généreuse portion de fromage blanc vers le colonel en se servant de sa cuillère comme d'une catapulte. Le fromage fit mouche sur le treillis d'O'Neill et dégoulina sur son gilet. "Nous faisons une bataille de bouffe." Teal'c se baissa pour éviter un projectile.

"Quoi !! Arrêtez immédiatement Teal'c, ce n'est pas drôle !" hurla le colonel raide comme un piquet.

"Je ne trouve pas O'Neill" Teal'c s'embusqua derrière une table. "Méfiez-vous des gamins, ils utilisent leurs champs de force comme bouclier. Vous n'avez aucune chance" Il envoya une cuillère de fromage en direction de Daniel "Touché Daniel Jackson !"

"Vous ne l'emporterez pas au paradis Teal'c !" répondit Daniel en bondissant à travers la pièce. Il manqua sa cible.

Jack reçut le projectile en pleine figure. Il s'essuya les yeux, furibond. Sam s'approcha encore indemne avant qu'il ne se mette vraiment en colère. D'un geste apaisant, elle fit signe aux deux autres de se calmer.

"Si nous retournions prendre une douche mon colonel ? Cette fois-ci, j'ai repéré un endroit plus tranquille"

FIN

j'espère que ça vous a plu !! n'hésitez pas à m'écrire pour me donner vos impressions ;o))