L'ÉCHANGE

auteur : Xeen

e-mail : Xeen67@hotmail.com

Genre : Jack Sam romance, fantastique, aventure.

Résumé : Jack est atteint d'un mal étrange : il rajeunit.

(est-ce que c'est vraiment un problème d'ailleurs, je me demande !)

Sam trouve un moyen de gagner du temps. (suite des fanfics Retour sur soi-même et Sanctuaire et tradition)

Spoiler : plein sans doute !!

Avertissement : les personnages sont la propriété de la MGM et de Showtime, à l'exception de ceux que j'ai créés et je ne reçois aucune rémunération pour l'écriture de cette histoire.

Note de l'auteur : n'hésitez pas à m'écrire pour me dire ce que vous en pensez ;o)

Si vous désirez utiliser mes histoires sur votre site, merci de me le demander !

Sam longeait les couloirs du SGC en prenant bien soin de regarder ses pieds. Ses cheveux courts étaient en bataille et elle luttait contre une furieuse envie de sauter partout en chantant ou en criant.

Ca n'aurait pas été une bonne idée. Elle n'avait jamais pu chanter une note de sa vie.

Totalement occupée à son bonheur, elle percuta de plein fouet une connaissance, l'enseigne Margaret Connors, qui lui avait donné un coup de main quand Hathor avait séduit tout le personnel masculin de la base. Cette dernière en reconnaissant le major prit immédiatement un air de circonstance.

La condition du colonel O'Neill était LE grand sujet de discussion à la base depuis une semaine.

La plupart des femmes cantonnées à Cheyenne Mountain se seraient damnées pour simplement apercevoir le colonel. Le bruit circulait qu'il avait perdu une bonne quinzaine d'années depuis le retour de SG-1 de P4X-7123.

Pour le moment, il était encore dans une fourchette d'âge acceptable. D'ici une semaine, du train où allaient les choses, elles risquaient d'être arrêtées pour incitation à la débauche sur la personne d'un mineur. Dans les paris, le major Samantha Carter occupait la première place. Sans conteste.

Depuis l'épisode des zar'tacs et le passage au détecteur de mensonge de la tok'ra Anis, leur secret était devenu un secret de polichinelle. En dépit de la loyauté et de la discrétion des personnes présentes lors de leurs interrogatoires respectifs, certains enregistrements de la séance circulaient sous le manteau.

De l'avis général, si le règlement devait être modifié, il fallait qu'il le soit pour ces deux-là. Ils faisaient peine à voir.

L'enseigne Connors bafouilla des excuses et se figea au garde à vous. Elle affichait un air de circonstance. Pauvre Carter, en plus on racontait qu'il perdait la mémoire.

- Repos, Connors, dit distraitement Carter en relevant la tête.

Elle agita la main en direction de la jeune femme.

- Excusez-moi, Connors ? Je vous ai fait mal ? continua-t-elle troublée par l'air sombre de l'enseigne.

- Non major, Connors inspira bruyamment, je voulais vous dire que nous sommes toutes avec vous, madame !

- …

- Pour le colonel O'Neill, madame, conclut-elle.

Jamais elle ne pourrait fermer sa grande gueule. Qu'allait penser le major ? Elle garda le silence, s'attendant au pire. Contre toute attente, le major lui sourit de toutes ses dents.

- Merci, Maggie ! C'est très gentil ! Nous allons trouver un moyen ! Je sais que nous allons trouver un moyen, nous allons avoir le temps maintenant, lança-t-elle à sa subordonnée interdite en poursuivant son chemin vers ses quartiers.

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Jack se tournait et se retournait sur le lit de camp. Il avait beau faire des efforts, il sentait qu'il était en train d'oublier quelque chose de capital.

Un parfum qu'il connaissait lui titillait les narines. Tout le lit en était comme imprégné. Il se sentait aussi parfaitement détendu, groggy à vrai dire, comme après l'amour.

Il essayait de se rappeler avec une telle intensité qu'il en avait presque mal à la tête. Il n'était pas un fort en thème, il en souffrait déjà assez, mais maintenant il perdait la boule.

Il se souvenait d'une seule chose, d'un prénom, Samantha.

Non, non, pas Samantha…

Il s'agitait de plus en plus. Il était tout près, il le savait, il l'avait sur le bout de la langue. Sam ! Oui, Sam !

Il répéta le prénom plusieurs fois en souriant et s'endormit comme un bébé. Il fut tiré sans ménagement d'un sommeil sans rêve par la poigne vigoureuse d'un soldat en treillis.

- Mon colonel ? Colonel ?? Suivez-moi monsieur, nous devons nous présenter à la porte immédiatement.

- A la porte ? Quelle porte, laissez-moi dormir !

- Monsieur, vous devez me suivre, sinon je serais obligé d'utiliser la force…

Complètement réveillé, Jack se redressa et jeta un regard embué autour de lui. C'est pas vrai !

Où est-ce que je suis ? Aux arrêts ?

Il allait sortit du lit quand il s'aperçut qu'il ne portait aucun vêtement. Bizarre, jamais je ne me serais déshabillé en détention. Sans rien laisser paraître de son trouble, O'Neill laissa pendre ses jambes hors du lit et s'appuyant sur les paumes, il se tourna vers son garde.

- Vous voulez aussi m'aider à m'habiller, soldat, dit-il d'une voix glaciale.

- Non, mon colonel, excusez-moi mon colonel, monsieur… Je vous attends dehors.

Jack regarda l'homme sortir précipitamment et tenta de reprendre ses esprits. Colonel ?!

Il s'était endormi à la base, mais la promotion devait avoir lieu aujourd'hui. Alors qu'est-ce qu'il fichait là ? Pourtant, il se rappelait être monté directement se coucher… Machinalement, il ramassa ses vêtements. En enfilant la manche de sa chemise, il rencontra un obstacle. Qu'est-ce que c'était encore ?

Joli soutien-gorge, pensa-t-il en grimaçant. Pas à moi ! Je comprends pourquoi je n'ai pas dormi en sous-vêtements !

J'ai passé la nuit, est-ce que c'était la nuit (?), avec quelqu'un, je ne me souviens de rien, je ne sais pas où je suis, on m'appelle colonel et je dois aller à la porte avec un soldat que je n'ai jamais vu. Cool !

Il fourra le soutien-gorge dans sa poche de pantalon, et sans boutonner sa chemise par dessus son t-shirt, il rejoignit le garde à l'extérieur.

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Jacob et Sam attendaient devant la porte des étoiles. A l'air buté de Sam, Daniel et Teal'c pouvaient voir que quelque chose n'allait pas. Le père et la fille divergeaient d'opinion, c'était manifeste.

La section postée dans la salle d'embarquement n'en perdait pas une miette. Daniel le voyait à leur attitude distante et désinvolte. Difficile de s'isoler à la base…

Le général entra dans la salle de contrôle passablement de mauvaise humeur.

- Maintenant que nous avons pu mettre la main sur le major Carter, est-ce que le colonel a daigné venir nous rejoindre ?

- O'Neill ne devrait pas tarder, général, répondit Teal'c en levant un sourcil. Pourquoi ne faisons-nous pas partie de cette mission ?

- Vous allez m'être plus utile ici Teal'c. Daniel rejoignez les autres et donnez cela au major Carter. Messieurs, briefing dans une heure !

Sans s'expliquer davantage, il tourna les talons.

- Bon, j'y vais, alors… commença Daniel.

- Je serai dans vos quartiers Daniel Jackson, répondit-il en saluant légèrement.

En bas de l'escalier, il trouva Jack, la chemise ouverte sur ses plaques d'identité, les mains dans les poches, qui suivait à distance un soldat harnaché pour la guérilla. O'Neill le dépassa sans lui accorder un regard en sifflotant.

Il allait mal, c'était évident.

Etonnant comme il avait l'air inquiétant avec quelques années de moins.

Quel âge, se demanda le jeune archéologue, 28, 29… ? Difficile à dire.

Il leur emboîta le pas.

Jacob évitait de regarder sa fille, Sam contemplait ses pieds une barre au milieu du front. Jack fixait Sam hypnotisé.

Aïe, aïe, aïe, se dit Daniel, finalement, ce n'est peut-être pas plus mal que je reste ici.

- Heu, excusez-moi ? Je dois remettre ça à Sam. J'espère que vous ferez un bon voyage, ajouta-t-il à l'adresse de Jack.

- Merci Daniel, répondit aussitôt Samantha, un pauvre sourire aux lèvres.

C'est alors qu'elle vit le colonel à deux pas d'elle qui continuait de l'observer avec intensité. Heureusement qu'il ne se souvient pas, pensa-t-elle en allant à sa rencontre.

- Monsieur, je suis le major Samantha Carter, et voici mon père, le général Jacob Carter. Nous allons entreprendre un voyage en votre compagnie. Ne soyez pas inquiet, nous maîtrisons parfaitement la situation.

- Major, monsieur, dit Jack, parfaitement neutre. Pourquoi connaissait-il ce visage, cette voix ? Est-ce que c'était elle la mystérieuse visiteuse ?

- Colonel, répondit Jacob, je vous demanderais de bien vouloir vous tenir tranquille. Ceci est une idée de ma fille et elle a placé la tok'ra dans une position extrêmement inconfortable. J'espère que nous pourrons régler ce problème ultérieurement. Ne me faites pas regretter ma décision.

- Heu… bien mon général ! Il risqua un sourire en coin. De quoi diable parlait le général ? C'était rassurant, si tout le monde avait pété les plombs.

- Allons-y ! intima Jacob Carter, d'une voix différente.

Jack glissa un œil vers le major qui étreignait un jeune homme à lunettes les larmes aux yeux. Il ressentit un curieux pincement dans la poitrine. Ils se séparèrent et le jeune homme essuya une larme sur le visage du major du bout des doigts. Il lui parlait à voix basse. Elle sourit. Sentant qu'on les dévisageait, elle se retourna vers Jack qui fit mine de regarder ailleurs, le nez au vent.

Il est comme un enfant devant la vitrine d'un confiseur, pensa Sam. Elle tapota le bras de Daniel et s'avança vers le colonel. Elle lui fit signe de la suivre vers le cercle de métal.

On entendait le décompte dans les haut-parleurs et la troupe se mit en joue, en alerte. Jack se retourna au bruit des fusils qu'on armait

Bon sang, mais qu'est-ce qu'ils font ? Est-ce que je vais me réveiller ?

- Ouverture de la porte ! Le vortex est en place, général Carter !

Jack bondit en arrière quand la masse liquide jaillit vers lui en rugissant. Il sentit que le major lui prenait la main, ses doigts se mêlant aux siens. Il connaissait son parfum… Il la regarda bien en face, mendiant une explication. Elle lui sourit et serra sa main plus fort.

Confiant, il traversa la porte des étoiles.

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- Daniel, Teal'c, vous allez retourner sur P4X-7123, nous devons déterminer si les autochtones ne vous ont pas caché quelque chose. Le major Carter risque d'être absente pour quelques temps. Vous partirez avec le docteur Fraiser. Je confie la mission au major Norton en l'absence du colonel O'Neill. Des questions ? …Vous avez deux heures messieurs, madame.

Janet ramassa ses notes d'un air las et se tourna vers Daniel.

- Avez-vous remis les documents à Sam, demanda-t-elle à Daniel.

- Oui, en main propre, ne vous inquiétez pas Janet, tout va bien se passer.

- Je le souhaite de tout cœur Daniel, Sam était déjà très déprimée, je ne voudrais pas que son état empire. Je ne suis pas sûre que ce soit une bonne idée de la laisser partir sans autre escorte que Selmak, elle secouait la tête.

- Jacob Carter est aussi son père, docteur Fraiser, remarqua Teal'c.

- C'est vrai, répondit Janet en hochant la tête dubitativement. Nous ferions mieux d'aller nous préparer. Vous pourriez me donner un coup de main ? Je veux être sûre d'emporter tout le matériel nécessaire sur P4X-7123.

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- Wow ! Qu'est-ce que c'était, demanda Jack qui n'avait pas lâché la main de Sam et la serrait maintenant convulsivement.

- C'est un vortex, mon colonel. Quand nous actionnons la porte des étoiles, deux portions de l'espace sont mises en relation par l'intermédiaire d'un vortex quantique. Les molécules subatomiques se dispersent pour se…

- Oh, oh, oh, s'écria Jack en lâchant enfin sa main. Doucement, de quoi vous parlez exactement ? C'est quoi ce truc machin-tique ?

- Excusez-moi mon colonel, s'empressa de dire Sam. Imaginez que vous composiez un numéro de téléphone, quand le correspondant décroche, vous êtes en ligne. Ici, c'est la même chose, nous ouvrons un passage, une espèce de tunnel inter-dimensionnel, en fait, et nous pouvons emprunter ce tunnel pour nous rendre d'un point à un autre.

- Mmmm, très bien et vous allez me dire qu'on est où, major ? Au Colorado ?

- En fait je n'en sais rien, monsieur, notre présente destination est gardée secrète par la tok'ra.

- La tok'… ra ? D'accord…

Jacob Carter s'avança vers le colonel. Ses yeux brillèrent d'une étrange lueur.

- Bonjour, colonel, je suis Selmak, dit-il d'une voix caverneuse en s'inclinant. Je vous accompagnerait dans votre quête avec Samantha. Mais pour l'instant, contentez-vous de ne pas poser de questions, ajouta-t-il d'une voix sans réplique.

- Heu, Selmak ? Enchanté ! Bon, bon, pas la peine de s'énerver, alors qu'est-ce qu'on fait ? Excusez-moi ! Je me tais !

Selmak le fusilla du regard et se mit à composer le code d'accès d'un autre monde.

- Notre voyage sera long Jack, nous devons à tout prix brouiller les pistes.

Et ils empruntèrent à nouveau la porte des étoiles. Jack suivit sans regimber. Ca commençait à lui plaire. Pourquoi avait-il l'impression d'avoir fait ça des centaines de fois ?

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- Bonjour Kaliou !

- Bonne journée à vous Dr Jackson !

- Kaliou, je vous présente le docteur Janet Fraiser. Elle va faire quelques prélèvements, enfin elle va essayer de trouver pourquoi notre colonel a eu ce petit problème depuis qu'il est revenu de votre monde, expliqua Daniel.

Contre toute attente, le chef du village fut aussitôt sur la défensive.

- Notre monde est fécond et prospère, Dr Jackson, et nous ne tolérerons aucune ingérence dans nos affaires, menaça le chef en se reculant de deux pas. Il toisait Janet avec mépris.

- Non, non ne vous inquiétez pas, nous n'avons pas l'intention d'intervenir dans vos affaires !

- Alors pourquoi êtes-vous revenu ?

- heu et bien comme je vous le disais…

- O'Neill est malade, Kaliou, interrompit le Dr Fraiser.

Transporter le matériel jusqu'au village était déjà suffisamment pénible. Elle nota qu'il faudrait qu'elle demande au Général Hammond si aucune équipe n'avait trouvé des chariots anti-grav' sur un autre monde. Trois heures de marche avec ces containers à bout de bras, c'était ridicule !

- Nous pensons qu'il a développé une réaction à quelque chose originaire de…, elle se tourna vers Teal'c, P4X…

- Shimoun, docteur, répondit obligeamment le Jaffa en inclinant la tête.

Le visage de Kaliou reflétait le mécontentement.

- Les dieux en ont décidé ainsi. On ne peut rien faire pour lui ! dit-il sèchement. Son état n'est que passager. Je vous l'ai déjà dit, je ne peux rien.

- Passager ? dit Daniel.

- Nous discuterons de tout cela plus tard. Votre retour n'était pas souhaité Docteur Jackson. Mais nous vous devons néanmoins hospitalité. Vous serez mon hôte et celui de mon fils Keltou.

Il tourna les talons.

Perplexes, Janet, Daniel et Teal'c lui emboîtèrent le pas en échangeant des regards en coin. S'il se mettaient à dos le peuple de Shimoun, ils étaient dans l'impasse.

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Sam regarda autour d'elle. C'était Cimméria, elle reconnaissait le marteau de Thor. Aucun habitant en vue. Pourquoi diable Selmak n'avait-il pas fait composer la destination depuis le SGC ?

- Samantha, nos chemins se séparent ici, dit Selmak.

- Sam, dit Jacob. Nous avons suivi les instructions du Conseil. J'ignore autant que toi pourquoi nous avons dû emprunter deux portes en aussi peu de temps, mais je ne mettrais pas en doute les raisons de ce choix. Jack, je vous laisse entre de bonnes mains. C'est votre unique planche de salut.

Jacob tint un long moment sa fille embrassée. Ils se séparèrent à regret sur un signe de tête.

Le tok'ra s'inclina devant O'Neill et leur tourna le dos pour composer le nouveau code. La porte gronda et la grande surface liquide emplit à nouveau son centre.

- Allez-y les enfants et bonne chance ! Et Sam ? N'oublie pas de remettre à qui de droit les documents du docteur Fraiser !

Sam encouragea Jack. Plus les minutes passaient, plus elle se rendait compte de l'apathie de son compagnon. Apparemment, la situation l'avait complètement dépassé et son mental n'arrivait plus à faire face. Pourvu que nous arrivions à temps, pensa-t-elle. Il risque de ne jamais pouvoir reprendre pied.

Après un rapide signe à son père, elle entraîna Jack dans le vortex.

La translation lui parut extrêmement longue.

Et leur arrivée brutale dans un monde tiède et humide plongé dans les ténèbres la surprit encore plus.

Aucune étoile, constata-t-elle. Aucun bruit. Une forte odeur de végétaux en décomposition la saisit à la gorge. Cet endroit est lugubre. Elle déglutit avec peine.

Elle constata que la porte était à demi enfouie dans des amas de roches poreuses. Des interstices du sol spongieux s'échappaient des fumerolles d'air froid.

Ca ne va pas nous arranger, pensa-t-elle en se souvenant que le colonel était parti sans aucun équipement. Sans doute pour la première fois de sa vie de soldat.

Il paraissait plus abattu que jamais. En dépit de ses airs maintenant juvéniles, la fatigue et l'angoisse marquaient ses traits.

Jamais il ne tiendra le coup. Elle n'avait plus affaire au fringant militaire, plein de ressources et d'humour, mais à un jeune homme dépassé par les événements au bord de la dépression nerveuse. Elle le prit doucement par le bras. Il sursauta en grommelant.

Elle sentit le découragement l'envahir. Elle n'avait aucune idée de ce qui allait se passer, mais il fallait que ce soit rapidement. Que faisaient donc les Asgards ? Elle réalisa soudain que jamais les Asgards n'avaient été mentionnés…

Elle guida un Jack méconnaissable loin de la porte jusqu'à atteindre un anfractuosité de roche. Là elle installa tant bien que mal un bivouac de fortune et se mit silencieusement à prier que la nuit ne dure pas trois jours sur cette étrange planète.

Elle essaya d'allumer un feu, mais les branches étaient gorgées d'eau. Elle renonça rapidement. Jack s'était pelotonné contre la roche, totalement amorphe, les yeux dans le vague.

Il faut que je m'occupe de lui, pensa-t-elle. Elle s'assit à ses côtés et entoura ses épaules de son bras. Il posa la tête sur son épaule et éclata en sanglots bruyants, comme un enfant.

Sam frissonna.

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- Oui, nos enfants en passent tous par là.

- Vous pourriez nous expliquer ? hasarda Daniel.

- Pour que l'enfant arrive, nous nous immergeons dans l'eau du sapei,

- … de la rivière ?

- Oui. Veuillez ne pas m'interrompre.

- Excusez-moi…

- Les femmes pratiquent le rite du Sh'ai.

- …

- La transformation.

- Quelle transformation ? demanda vivement Daniel. Excusez-moi, je suis désolé, continuez ! dit-il précipitamment devant l'air courroucé du chef du village.

Janet était sur des charbons ardents. Elle fusilla Daniel du regard.

- Au bout de deux lunes, l'enfant est nortou jusqu'à la naissance du premier enfant qu'il a conçu. S'il n'en conçoit aucun, il se consacre comme shiman à la pratique des rites et à la prière.

- Heu, juste une précision, vos lunes durent combien de temps… hasarda Daniel.

- 67 jours de Shimoun.

- Ca fait environ 182 jours terrestres. Vos enfants sont pubères en un an !! Daniel siffla entre ses dents.

- C'est fascinant, murmura le docteur Fraiser. Aucune population anthropomorphe connue n'a un développement aussi rapide !

- Laissez-le finir Janet, chuchota Daniel à son tour.

- Ensuite il devient un shertou jusqu'à son exil.

- Son exil ?

- Son exil chez les esprits.

- Etes-vous un shertou, chef Kaliou ?

- Bien sûr ! Mon voyage vers les esprits va bientôt s'accomplir.

- Vous avez combien de lunes, si je peux vous demander…

- J'ai bientôt douze lunes, mon temps est compté, mon fils me succédera. Il est jeune et bien portant grâce à Shilo, répondit le chef du village avec un petit salut vers la statuette qui luisait dans la pénombre.

- Que se passerait-il si vous retourniez au sapei Kaliou ? finit par demander Janet.

- Cette discussion est terminée. Vous devez rejoindre le grand cercle et partir.

- Pouvons-nous partir demain ? risqua Daniel.

- Vous partirez maintenant ou vous resterez mais comme nos prisonniers. Votre colonel a déjà perturbé le shapeï. Les étrangers ne sont plus les bienvenus dans notre village.

- Mais je suis sûr que ce n'était pas son intention, répondit Daniel.

- Attendez, Daniel Jackson. Teal'c avança son visage dans la lumière du feu de bois. O'Neill a fait quelque chose ? Pouvez-vous nous dire quoi, chef Kaliou ?

- Il a capturé l'âme du sapeï en mêlant son sang au courant.

Janet se tourna vers Daniel et lui fit comprendre à voix basse qu'il lui fallait prélever au moins un échantillon de sang. Il répondit par un geste vague.

- Il n'aurait pas dû, chef, mais il ignorait vos coutumes.

- Ce n'est pas une coutume, il a offensé le dieu du sapeï. Et nous ne pouvons plus pratiquer le Sh'ai. Shilo est en colère par sa faute, gronda-t-il. Vous devez partir maintenant, ajouta Kaliou en baissant le tête, l'air abattu.

- Heu, et c'est si grave que ça ? risqua Janet.

- Oui, la malédiction va nous frapper à nouveau, ajouta-t-il dans un souffle.

- Ca je sais ce que c'est, s'écria Daniel.

Au risque de fâcher son hôte, il se précipita sur ses notes.

- Voyons si j'ai bien compris… oui !! Tout est là ! Kaliou, votre monde est sujet à des attaques venues du ciel n'est-ce pas ? Je l'ai vu dans la grotte, expliqua-t-il. Est-ce que ce sont les dieux ?

- Le ciel est noir pendant des lunes et nous devons nous réfugier dans les grottes pour échapper à la malédiction de Shilo. La terre meurt. Quand le ciel s'éclaircit, l'eau du shapeï nous aide à recréer notre monde, expliqua le chef d'une voix douce et monocorde.

- Nous pouvons vous apporter notre aide, chef, confirma Janet.

- La malédiction est sur nous, personne ne peut plus rien pour nous.

- Nous pouvons même vous transporter sur un autre monde, à l'abri de cette malédiction, déclara Daniel très solennel.

- Vous devez partir, coupa court le chef du village. Mais la nuit est encore jeune. Vous êtes autorisés à rester jusqu'à l'aube. Alors, vous regagnerez le grand cercle.

Sur ces mots, il se leva et quitta la petite hutte.

- Il me faut des échantillons absolument ! s'écria le docteur Fraiser. Je pense avoir une petite idée de ce qui se passe. Le colonel O'Neill est rhésus négatif. Ce qui affecte cette population et accélère la croissance de leurs enfants a dû avoir l'effet inverse sur lui.

- D'après les glyphes que j'ai découverts avec Teal'c lors de notre première visite, cette planète est régulièrement soumise à un bombardement de météorites ou quelque chose d'approchant. Vu l'origine de ces inscriptions, il semblerait qu'il y ait eu deux peuplements successifs ou même simultanés. Donc il ne devrait pas s'agir de peuplements causés par les Goa'Ulds…

- Les Asgards, Daniel Jackson ?

- Peut-être… S'il s'agit des Asgards, ils ont dû leur donner les moyens de se défendre de ses attaques, en ensemençant la rivière ou en transformant leur code génétique, ajouta Janet, maintenant très excitée. Je vais prélever de cette eau, dit-elle en se levant, sa sacoche à la main.

- Je vous accompagne, docteur, dit Teal'c à son tour en se levant.

Il s'éloignèrent sous la lune. Daniel reprit ses documents et se plongea dans l'analyse de ses notes. Pourquoi le chef avait-il dit que l'état de Jack était passager ?

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La pénombre s'accentuait encore. Jack avait fini par sombrer dans un sommeil agité. Elle le tenait fermement embrassé. Des frissons les secouaient tous les deux et une odeur insupportable d'ozone et de soufre lui chatouillait désagréablement les narines. Elle essaya de dégager son bras. Jack était un poids mort.

La circulation était coupée et en cas de coup dur, elle était loin d'être opérationnelle. Elle réussit tant bien que mal à retirer son bras et Jack grogna dans son sommeil. Elle posa son menton sur ses cheveux et réalisa qu'il en avait bien plus que la veille ou l'avant-veille.

Combien de temps avait pu s'écouler ?

Elle n'en avait plus la moindre idée. Elle avait le sentiment étrange que plus le temps passait, plus tout allait se résoudre de soi-même.

Elle passa un doigt sur le visage de Jack et sursauta. Il était devenu complètement imberbe !

La curiosité l'emporta et elle relâcha son étreinte. Mon dieu ! pensa-t-elle. Son cœur se serra malgré elle. Il était tellement jeune ! Elle le dévora des yeux.

Elle l'aimait tellement !

Le voir abandonné contre elle lui faisait perdre tous ses moyens. Elle ne pouvait pas détacher son regard du jeune homme endormi dans ses bras. Si toute cette histoire se terminait bien, tant pis pour sa carrière, décida-t-elle.

Mais se souviendrait-il d'elle ?

Elle resserra son étreinte et s'endormit sans s'en apercevoir.

La chaleur d'un soleil éclatant la réveilla brusquement.

Jack avait disparu et avec lui le petit paquet confié par Janet.

à suivre