LE JARDIN DES DIEUX

auteure : Xeen

e-mail : Xeen67@hotmail.com

http://communities.msn.fr/Forcryingoutloud/

résumé : le gouvernement américain a démantelé le SGC. L'action se situe 7 ans plus tard.

statut : complet

spoilers : The 5th Race, Seth, Thor's Hammer, Hathor…

note de l'auteure : ce fic est librement inspiré d'un article de Eve Conant paru dans le magazine NEWSWEEK du 20 août 2001 sous le titre "In Search of the Gods". Je vous préviens, c'est un peu long, alors si vous arrivez à la fin merci de me faire part de vos impressions.

disclaimer : les personnages de cette fanfiction ne sont pas ma propriété mais celle de la MGM, de SHOWTIME, de Gekko Productions etc... Je ne reçois rien en contrepartie de l'écriture de ces fanfictions. Mais si quelqu'un me propose ;o) LOL

merci de me demander avant de publier mes histoires sur votre site

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

LOUISIANE – juillet 2007

Sam se réveilla en sursaut. Comme toutes les nuits. Elle se retourna pour lire l'heure sur son meuble de chevet.

02:34

Les diodes rouges s'imprimèrent sur sa rétine et elle s'empressa de refermer les yeux avant que la migraine qui ne l'avait pas quittée la veille n'en profite pour se réinstaller. Elle se remit lentement sur le dos et posa son avant-bras sur son front moite.

Vu la chaleur qui régnait à cette époque de l'année à la Nouvelle-Orléans, difficile de dire si ses cheveux étaient trempés de sueur à cause de la température ou des cauchemars à répétition. Elle aurait du se faire une natte, ou au moins les attacher avant de se coucher. Elle avait perdu l'habitude de porter les cheveux longs. Elle était prête à tout supporter plutôt que d'endurer le vacarme de la climatisation.

Décidément, revenir à la vie civile était loin d'être une sinécure, même si elle ne regrettait pas son coup de tête.

Elle se mit en chien de fusil et retomba dans le sommeil, espérant que ses rêves lui apporteraient un peu d'apaisement.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Septembre 2000

Samantha Carter avait perdu tous les amis rencontrés au cours de ces années à explorer la galaxie dans l'année qui avait suivi le démantèlement de Stargate Command

Pour commencer, et ça coulait de source, tous les aliens dont la fréquentation était désormais impossible puisque l'accès à la Terre n'existait plus.

La Tok'ra d'abord… En dépit des frictions qui avaient marqué leurs relations avant que Jacob ne devienne le partenaire de Selmak, ils avaient su l'un et l'autre tisser de nouveau liens après son éloignement de la Terre. Il lui manquait cruellement.

Pas de la même manière que Teal'c. Le grand frère Teal'c comme l'appelait le colonel… Au moins avait-il retrouvé sa famille et le droit de lutter pour sa liberté sur sa propre planète…

Ses anciens "partenaires" avaient instauré des rendez-vous rituels dans divers coins du pays. Une espèce de jeu de piste. Au hasard de leurs déplacements et de leurs obligations professionnelles.

Elle participa à ces retrouvailles forcées pendant un certain temps.

Puis, graduellement, son manque d'enthousiasme avait lassé tous ses proches.

Janet, la première, qui n'avait pas renouvelé son engagement de 7 ans dans l'armée, était retournée comme elle à la vie civile. Médecin-chef du service pédiatrique d'un grand hôpital de Chicago, le Cook County, son emploi du temps ne lui permettait que rarement d'assister à leurs petites réunions informelles.

Après son mariage, elle cessa d'y assister puis de donner des nouvelles.

Cassandra écrivait de loin en loin. Pas assez au gré de Samantha, mais elle reconnaissait qu'elle n'écrivait elle-même qu'au jour de l'an ou pour lui souhaiter son anniversaire et ne pouvait lui jeter la pierre.

Cassie était devenue une jeune fille ravissante. Intellectuelle brillante, elle avait refusé d'entrer au M.I.T., préférant déménager au soleil de la côte ouest. Elle animait des groupes de discussion à l'UCLA et s'était fiancée l'année dernière avec un Greg que Sam n'aurait sans doute jamais l'occasion de voir en chair et en os.

Elle estimait qu'elle était bien jeune pour s'engager, mais elle n'avait pas son mot à dire. Et qui était-elle pour donner des conseils ? Sa vie sentimentale était un fiasco. Sans doute le mariage de Janet avait-il précipité son départ et de nouveaux liens.

Après avoir envié les deux femmes, elle avait tourné la page.

Daniel s'était pendant un temps immergé dans les montagnes de données et d'artefacts rapportés de missions. Puis il avait eu la bougeotte. Et il avait repris la route, vers l'Egypte, son pays de prédilection. Elle l'avait revu juste avant Noël 2000, des projets pleins la tête, exubérant et fantasque comme à son habitude.

Sa disparition dans une expédition de sauvetage des grandes statues bouddhiques en Afghanistan l'année suivante l'avait bouleversée. Les Taliban avaient été mis en cause. Comment savoir ? Cet enlèvement présumé avait fait les choux gras de la presse la dépossédant de la peine d'avoir perdu probablement le seul ami qu'elle aurait jamais dans cette vie.

Elle avait appris par des connaissances communes au Pentagone que le colonel O'Neill avait essayé de le retrouver. Contre toute attente, lui aussi avait quitté l'armée. Il avait démissionné avec perte et fracas.

L'abandon du projet Porte de Etoiles marquait pour lui la fin d'une époque. Il avait préféré rejoindre le privé où on avait monnayé ses compétences à prix d'or. Ses nouvelles occupations de négociateur dans le domaine des prises d'otages ne lui avaient cependant pas permis de retrouver la trace de l'archéologue.

Il avait prévenu Carter par téléphone l'année suivante qu'il n'abandonnerait pas.

Cinq ans avaient passé depuis. Elle n'avait plus jamais entendu parler de lui.

A cette époque, elle était encore au Pentagone. Son retour à l'institution qu'elle avait quittée quelques années auparavant marquait la fin de l'aventure, elle le savait. Ce qu'elle ignorait, c'est que ses anciens collègues allaient lui mener la vie dure.

Elle comprenait maintenant la frustration de Fox Mulder ! Jamais elle n'aurait pu continuer dans cette ambiance. Après le terrible attentat de septembre 2001, elle préféra démissionner. Son père n'était plus là pour le lui reprocher de toute façon.

Sa nouvelle vie pouvait commencer.

Tous les témoins de son existence en tant que Major Samantha Carter, fille de général, brillante astrophysicienne et exploratrice intrépide avaient disparu de sa vie. Les autres pouvaient continuer à défendre le monde à sa place.

Elle paya un tribut aux lieux de son enfance et se mit à construire la vie de la nouvelle Samantha.

Elle avait toujours aimé la Géorgie et Savannah, sa nonchalance affectée, son snobisme de rigueur. Au bout de quelques mois, elle se sentait de plus en plus engluée dans son rôle de correctrice d'un journal local. Elle sauta sur l'occasion de participer à un voyage d'étude à la Nouvelle-Orléans.

Et tomba sous le charme.

Depuis, elle habitait une vieille maison délabrée du quartier français.

Il n'avait d'ailleurs de français que le nom, les restaurants étaient italiens, les boulangeries allemandes, les magasins tenus par des indiens ou des pakistanais. Mais toute la ville avait une allure, un chic indéfinissable.

Elle loua une petite boutique pas loin de Jackson Square, installa un salon de thé et une librairie. Plus tard, elle ouvrit une station Internet.

La boutique s'appelait "The Shop Around The Corner" en hommage au film de Lubitsch, et elle y était chez elle.

Elle adorait l'ambiance cosmopolite et l'agitation qui régnait à toute heure. Devenue insomniaque, par manque d'activité physique et de challenge, elle se mit à écrire des livres pour enfants, inspirés de ses expériences extra-terrestres. Ils se vendaient bien, elle n'avait pas à se plaindre…

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

BAHAMAS – juin 2007

Hammond pesta en voyant la balle rebondir hors du green. Heureusement qu'il n'y avait pas de témoin, songea-t-il. Ce n'est pas comme ça que je vais faire mon par. J'aurais dû tenter un birdie au lieu de m'obstiner dans le bunker tout à l'heure… Il allait passer des heures à sortir cette balle du rough !

Il haussa les épaules.

Après tout, quelle importance ? Il était à la retraite, les Bahamas étaient un endroit idyllique pour jouer au golf, son voisin s'appelait Sean Connery et la vie était belle !

Il changea de fer, sortit une nouvelle balle et essaya un backspin.

Encore raté.

Bon, il allait finir en dilettante. Son esprit n'était pas au jeu ce matin.

Si seulement ces insomnies pouvaient cesser, il était certain de retrouver la main.

Peut-être un voyage ? Ou faire venir ses petites-filles ?

Non, pas en période scolaire…

Il allait foncer dans la première agence de voyage venue et se faire un circuit dans le sud. Son Texas natal lui manquait.

Et puis il pourrait aller rendre visite à sa belle-sœur… Depuis la mort de son frère, elle réclamait sa présence. L'été n'était pas la saison idéale pour visiter la Nouvelle-Orléans mais il en profiterait pour passer voir Carter.

Ses petites-filles adoraient ses bouquins !

Il bâcla son circuit, prit une douche rapide, évita le club-house et partit à tombeau ouvert vers le centre.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

SGC - 7 ans auparavant

En reposant le combiné, Hammond retourna la nouvelle dans tous les sens, sans trouver de réponse.

Puisque le gouvernement décidait de fermer le robinet, il fallait se résoudre à abandonner la Porte. Il soupira.

Plusieurs équipes étaient encore sur le terrain. Inutile d'accélérer le mouvement. Il allait attendre qu'elles reviennent.

O'Neill s'était remis de son emprise mentale grâce aux Asgards, mais lorsque SG 1 avait été portée manquante, puis récupérée après un lavage de cerveau et un séjour prolongé dans une mine, le général avait su que le Pentagone prendrait sans doute des mesures drastiques.

Pour une fois les choses n'avaient pas tardé. Sans doute l'imminence des élections !

Satanés politiques ! Il allait se battre, mais il n'avait guère d'illusion.

Le réseau clandestin de Maybourn et Makepeace était démembré, le N.I.D. ne le soutiendrait pas.

Les craintes de voir la Terre aux mains des Goa'Ulds ne feraient même pas pencher la balance en leur faveur.

Enfin, il tirerait toutes les ficelles possibles une fois de plus.

Si le SGC n'existait plus, il prendrait sa retraite. Après tout, il avait déjà dépassé l'âge limite. La fin de cette aventure sonnerait le glas de sa carrière.

Il se demandait comment Jacob réagirait. Après tout, une fois la porte condamnée, il perdrait tout contact avec sa fille unique. Le serpent qu'il avait dans la tête l'aiderait sûrement mais comment Carter réagirait-elle ? Il la croyait capable d'adopter une attitude extrémiste. Son père l'aurait raisonnée. Il ne fallait pas compter sur le colonel O'Neill pour rendre les choses plus faciles. Pour lui aussi la reconversion serait dure. Et pas seulement à cause de son attachement pour la petite. Son âge allait poser un problème…

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

LONDRES – août 2007

Jack O'Neill quitta la pièce. Il sentait la colère lui monter au nez.

Bandes de petits scribouillards ! Les assureurs était la pire engeance connue du monde civilisé. Avec les avocats, les politiciens…

Il descendit les marches quatre à quatre, refusant au passage d'un signe de la main de s'engouffrer dans un ascenseur rempli de rond-de-cuir.

Sa jambe tirait encore un peu, mais ça irait. Quelques points de suture de plus ? La belle affaire ! En revanche son arcade sourcilière avait salement morflé. Il recolla rapidement le sparadrap qui se décollait, imbibé de sang. Cette plaie s'était encore rouverte en dépit des stéristrips. Toujours au même endroit. Ils ne pouvaient pas frapper ailleurs ? Cette fois-ci, son sourcil était foutu.

Il déboucha sur Tottenham Court Road en courant. Il avait presque le temps…

Il sauta au milieu de la chaussée, siffla un taxi en maraude.

Il achèterait des vêtements sur place. De toute façon, son appartement était envahi de vêtements sales. Même chez lui, il achetait des vêtements quand il voulait se changer. Il y avait plus urgent dans l'immédiat. Il passa le coup de fil en Allemagne, contacta quelques confrères, conclut l'affaire avec Hans et se concentra sur la suite du programme.

Arturo, son homologue italien rencontré lors de la dernière prise d'otages qu'il avait eue à gérer, lui avait donné une nouvelle piste. Un de "ses" otages lui avait parlé d'un excentrique d'une quarantaine d'années, polyglotte et érudit, ancien archéologue reconverti dans la réalisation de projections holographiques de hiéroglyphes. Il devait le rencontrer entre deux avions. A condition de pouvoir attraper le vol de 14:13 heures pour Bogotá, il avait peut-être enfin une chance de remettre la main sur Daniel. Si c'était Daniel…

Il reprit son portable et fouilla dans ses poches à la recherche du numéro qu'il avait noté la veille sur un dessous de verre.

Il raccrocha. Le conducteur zigzaguait dans la circulation en actionnant son avertisseur. Il avait peut-être une chance.

Il composa le nouveau numéro.

O'Neill sortit du taxi comme une bombe. Il courut jusqu'au terminal en essayant d'ignorer son genou et la blessure qui tirait sur la hanche. L'embarquement du vol pour Bogota se terminait.

Il reconnut une des hôtesses. Du doigté Jack…

Un quart d'heure plus tard, il sirotait un Sancerre, confortablement installé en classe affaire. L'hôtesse lui tendit le programme du vol.

Encore "Die Hard 6" !! Trois fois en une semaine, c'était un peu beaucoup. Et puis il ne tenait pas à revoir encore une fois Bruce Willis vieillissant qui essayait de donner le change. Il s'efforça de ne pas penser à son âge. Sam aurait vieilli, elle aussi…

Décidément, tu n'es qu'un sentimental mon petit père, pensa-t-il en accordant un sourire carnassier à l'hôtesse grâce à laquelle il avait pu prendre le vol. J'espère que tu as un petit ami à l'arrivée, pensa-t-il en fixant la fille, parce que je n'aurai pas 5 minutes à t'accorder.

Elle frôla sa main en reprenant son verre.

Après tout, 5 minutes, qu'est-ce que c'est dans la vie d'un homme ? De toute façon, ses maux de tête le tuaient et il n'avait pas trouvé de meilleur remède à ses insomnies.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

SGC - septembre 2000

Jack faisait les cent pas devant la porte du bureau de Hammond.

Il avait bien tenter d'entrer en force et de faire son cinéma habituel, mais le général l'avait congédié d'un geste sans lui accorder un regard.

Il fallait qu'il en ait le cœur net. Tous les bruits qui circulaient ne lui disaient rien qui vaille. A en juger par les éclats de voix qui provenaient du bureau de son CO, ils paraissaient fondés. Il continua à tourner comme un ours en cage en rongeant son frein. Au bout d'un moment, n'y tenant plus, il frappa et entra en coup de vent.

Il trouva le général prostré devant son bureau.

Jack avait parié et il avait perdu.

Il n'avait même pas attendu que Cheyenne Mountain Complex ne revienne à d'autres activités. Il avait réglé quelques détails et s'était expatrié en Grande-Bretagne.

Avec l'argent qu'il amassait grâce au business du K&R (Kidnapping et Rançon), il pensait bien trouver le moyen d'intéresser des investisseurs privés à l'exploration galactique. Après tout, le monde marchait à coup de gros sous.

Le terrorisme tenait le haut du panier. Il savait que Samantha avait regagné la vie civile après avoir échappé à la mort à Washington le 11 septembre 2001. C'était tout ce qui lui importait.

En plus du salaire confortable payé par les assureurs, les compagnies qui louaient ses services lui offraient un pourcentage non négligeable des sommes économisées sur les rançons. Rien à voir avec l'armée. Il mangeait à tous les râteliers, en toute légalité.

Quelques tuyaux boursiers augmentaient son capital de manière exponentielle.

Du temps où il le déciderait, il avait des chances de pouvoir financer seul le programme de la Porte. Il savait déjà qu'il pourrait compter sur l'appui d'une petite communauté scientifique très active en Italie. Les locaux seraient construits d'ici là. Il y veillait. La Suisse n'était plus une place sûre pour dissimuler des capitaux, mais certainement l'endroit idéal pour dissimuler la porte des étoiles. Son argent fructifiait tranquillement sur les marchés asiatiques.

Le puzzle se mettait lentement en place.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

LA NOUVELLE-ORLÉANS - septembre 2007

Daniel rentrait chez lui content d'avoir échappé à la pluie qui avait en partie inondé le quartier français dans l'après-midi. Le ciel se découvrait rapidement. L'air était étouffant.

Il s'arrêta dans un déli, le temps de faire quelques emplettes pour son repas du soir. La journée avait été surprenante. Un groupe de touristes l'avait occupé toute la matinée. Le jeu en valait la chandelle ! S'il le souhaitait, il avait de quoi tenir le mois entier !

Et il n'allait pas se remettre de si tôt de son après-midi …

Tout occupé à ses pensées, il traversa Bourbon Street et fut assailli par l'effervescence factice de l'endroit. Du coin de l'œil, il vit une jeune femme blonde qui riait aux éclats tourner le coin de la rue. Un homme de grande taille, habillé trop chaudement pour la saison, la tenait par la taille. Il portait un costume de prix, de coupe manifestement européenne. Joli couple, pensa-t-il. Il est plus vieux qu'elle, mais s'ils sont heureux, où était le mal…

Pendant un instant, il repensa au SGC et à Carter, mais chassa vite cette idée de son esprit. Il regrettait de les avoir perdus de vue. La dernière fois qu'il avait vu Sam, 7 ans auparavant, elle n'était plus que l'ombre d'elle-même. Le Pentagone lui avait accordé quelques jours de disponibilité et elle partait visiter son frère à San Diego pour le jour de l'an.

Non, décida-t-il, que ferait Sam à la Nouvelle-Orléans ? Il sourit en pensant à O'Neill. Et si ces deux-là avaient fini par se marier ? Il grommela et un passant s'arrêta pour lui demander si tout allait bien. Se marier ?! Impossible. Ils resteraient plutôt célibataires que de s'avouer quoi que ce soit… Il interrogerait à Hammond, au cas où…

Il poursuivit son chemin, son sac de victuailles fumantes dans les bras. La nuit allait être longue, mais il avait l'habitude. Ses insomnies l'avaient repris depuis qu'il avait abandonné ses habitudes indiennes…

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Washington - Août 2000

Daniel avait posé son sac au pied de l'escalier et après s'être excusé plusieurs fois de son intrusion, avait fini par en venir au but de sa visite.

Il avait pris dans ces bras la vieille dame avant de partir. Ernest lui avait serré la main avec une telle poigne qu'il avait failli crier.

Daniel avait appris la rumeur quelques semaines plus tôt sur Abydos où il avait pris l'habitude de retrouver ses amis à chacune de ses vacances. La vie simple que menaient les habitants de la planète lui manquait et il jouissait pleinement de ces moments privilégiés.

Il avait précipitamment rejoint la Terre. Quand il avait voulu repartir, il s'était vu interdire l'accès de la porte.

Sans demander son reste, après avoir transporté l'ensemble de ses effets personnels hors de la base comme une fourmi jusqu'à son appartement, il avait regroupé dans un sac à dos quelques artefacts aliens qui lui paraissaient d'une importance trop capitale pour se couvrir de poussière dans un quelconque entrepôt gouvernemental.

Les reliques de Daniel dormiraient dans un grenier.

C'était toujours mieux qu'au Nouveau Mexique sur le site 51…

La promesse de ses vieux amis était pour lui une garantie plus que suffisante.

Après de brefs adieux à SG-1, Hammond et Janet, ainsi qu'à la poignée de connaissances du SGC qui ne le considérait pas comme un hurluberlu, il avait tout bonnement disparu.

Inutile de prétendre à une chaire universitaire aux Etats-Unis ou en Europe, ses travaux avaient fait de lui la risée du monde de l'archéologie. Et c'était lui le dingue ?!

Il avait rejoint une équipe de vieux amis en Egypte, traversé rapidement l'Iran et l'Irak, le temps de voir les dégâts infligés à l'histoire du monde par les dictatures, militaires ou religieuses, puis le cœur soulevé de dégoût, avait dirigé ses pas vers l'Afghanistan dans l'espoir vain d'empêcher la destruction par les Taliban des Grands Bouddhas inscrits au patrimoine de l'humanité.

Son chemin avait croisé celui de hippies sur le retour qui l'avaient emmené avec eux en pèlerinage à Katmandou. Son parcours s'était achevé sur les plages de Goa, repaire de riches pacifistes d'opérette, mais endroit paradisiaque, où il avait délaissé pendant plusieurs années sa passion de la recherche pour s'adonner à d'autres expériences plus psychédéliques.

Un marin africain l'avait persuadé de prendre la mer sur un cargo panaméen qui faisait route vers l'Amérique du Sud. Il avait ramassé ses quelques hardes et embarqué sans hésitation. La traversée et la dureté du travail qu'il fournissait sur le cargo avaient remis ses pendules à l'heure. Une fois rendu en Argentine, il avait rejoint les Etats-Unis par des chemins de traverse, contacté les Littlefield, récupéré ses artefacts et repris à l'étranger ses recherches là où il les avait laissées.

Bogotá l'avait un temps satisfait. Le cosmopolitisme de l'endroit et ses dons de polyglotte lui permettait de passer inaperçu. Mais son pays lui manquait. Il revint donc discrètement aux Etats-Unis et s'installa dans la seule ville où personne ne trouverait ses activités étranges ou bizarres.

Il s'installa comme écrivain public et ouvrit une consultation de parapsychologie à la Nouvelle-Orléans, dans le quartier français.

Son projecteur holographique, celui-là même apporté au SGC par Selmak, lui assurait une crédibilité sans faille au pays vaudou. Ses colifichets faisaient le reste. Ainsi que son imagination.

Bien sûr, devenir un charlatan était contraire à ses principes, mais il fallait assurer le quotidien. Il déchiffrait la tablette de Machello avec un acharnement qui portait ses fruits, tout en surveillant la pyramide généalogique des grands maîtres Goa'Ulds. Il avait pu constater avec plaisir que certains symboles après avoir pâli, avaient totalement disparu de l'édifice. Des System Lords en moins, c'était toujours une bonne nouvelle.

Il espérait qu'il trouverait dans les archives de Machello le moyen de les défaire pour de bon et surtout de pouvoir faire rouvrir la Porte des Etoiles.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

LA NOUVELLE-ORLEANS - septembre 2007

Hammond se contorsionnait sur son siège. Sa belle-sœur n'en finissait plus de lui raconter ses histoires de jardinage et de transes hypnotiques.

Apparemment, elle avait trouvé quelqu'un capable de parler avec les morts et tentait d'entrer en contact avec son mari. Franchement, Hammond doutait. Même après les années passées à la Porte des Etoiles, il était toujours aussi sceptique.

Il se pencha vers la pauvre Heather et lui tapota la main d'un air entendu.

Elle lui adressa un sourire désarmant de candeur.

Sans attendre sa réponse, il sortit son portable.

Jack raccrocha pensivement. Presque midi. Il allait la surprendre à l'heure du déjeuner. Après tout, il avait pris une douche à l'aéroport et changé de chemise. Il était tout à fait présentable. Si seulement il ne faisait pas aussi chaud…

La sonnette du magasin tinta joyeusement.

Samantha posa son café au lait sur une pile de livres qu'elle n'avait pas eu le temps de mettre en rayon et soupira.

Pourquoi avait-elle encore oublié de fermer cette porte à clef ?

Pourquoi les clients affluaient-ils toujours à l'heure du déjeuner ou quand elle décidait de baisser la grille ?

Elle leva les yeux mais le visiteur (ou la visiteuse ?) était passé derrière le grand pilier pour se rapprocher du rayon qu'elle consacrait aux phénomènes étranges. Des étagères dissimulaient entièrement l'angle. Il faudrait qu'elle fasse installer une ou deux caméras vidéo de surveillance.

Elle avait déjà failli se faire dépouiller de tous ses ordinateurs par des intrus qui étaient passés par le salon de thé. Elle ne pouvait se résoudre à embaucher du personnel supplémentaire. La jeune femme qui l'aidait 3 jours par semaine grevait déjà son budget de manière conséquente.

Elle guetta l'intrus. Pour une fois qu'elle pouvait s'accorder quelques instants de répit… Les bruits de pas sur le plancher la décidèrent à aller à sa rencontre. Elle pouvait rapidement décourager le passant et si c'était un acheteur potentiel le guider vers le bon endroit. Elle avait désespérément besoin de ce moment de solitude qu'elle s'octroyait à l'heure du déjeuner.

Elle contourna le pilier. C'était un homme, très grand, les cheveux entièrement blancs, coupé courts, habillé comme un européen. Il lui tournait à moitié le dos. Il feuilletait un ouvrage sur les mythologies de l'Egypte ancienne. Il le reposa et tendit la main vers un autre livre, de vulgarisation lui aussi, sur les mystères de l'univers. Cette main aux doigts démesurés lui rappelait quelqu'un. Quand elle vit son profil aquilin, elle arrêta de respirer.

Elle était le jouet de son imagination. Elle prit une profonde inspiration et s'avança.

Ses yeux bruns pétillaient. En dépit de l'assurance de ses propos, son maintien dénotait une gêne. Il reposa le livre.

Sam alla rapidement fermer la porte du magasin, retourna la pancarte derrière la vitre et tira le store. Jack l'observait. Elle avait les cheveux plus longs, on aurait presque pu la prendre pour son double temporel, le docteur Carter... Le souvenir de leur baiser restait vivace. Il s'ébroua. La voir en robe d'été paraissait totalement incongru. Elle avait encore minci. De petites rides marquaient le coin de ses yeux, celles qu'on ne voyait que lorsqu'elle riait, avant… Il y a des siècles… Elle évite de me toucher, nota Jack. Il n'avait pas espéré qu'elle lui saute au cou, mais une poignée de main... Son tailleur allait le dévorer vivant, mais il prit le parti d'enfouir ses mains dans les poches de son costume. Evite les tentations mon vieux !

Elle l'invita d'un geste à la suivre au fond du magasin. Elle saisit au passage sa tasse de café et un sac marqué "Le Café du Monde" et alla ouvrir une porte qui donnait non pas sur l'arrière boutique mais sur une cour ravissante, à l'ombre d'arbustes en fleurs. Elle posa leur festin sur une des petites tables en fer ajouré et tomba sur une chaise en le fixant bizarrement.

Son air enjoué avait disparu. Le silence s'installa. Troublée par le regard insistant de Jack, elle prit le verre en carton et sirota le café tiède. D'un geste enfantin, elle lui tendit.

Elle se mordille la lèvre inférieure. Mon dieu ! Elle a vraiment cru que j'avais quelque chose ! Elle tient peut-être un peu à moi finalement. Il se cala sur la chaise et la regarda droit dans les yeux.

L'orage qui éclata brutalement ne laissa pas à Sam le temps de répondre. Les yeux levés vers le ciel, ils hésitaient sur la conduite à tenir. Finalement, délogés par les trombes d'eau, ils ramassèrent les provisions et se réfugièrent en courant à l'intérieur. Peine perdue ! Leurs vêtements étaient trempés.

Sam éclata de rire. Il lui avait tellement manqué ! Pourquoi avait-elle refusé de se l'avouer pendant toutes ses années ? Elle s'approcha de lui et lui prit des mains sa veste détrempée.

Il était surpris qu'elle ne réagisse pas plus violemment. Il savait qu'elle détestait ses petites allusions. Il réalisa qu'ils n'étaient plus militaires, ni l'un ni l'autre. Bah ! Qu'est-ce que ça changeait de toute façon ? Il avait raté le coche. Il n'avait même pas proposé son aide au moment de l'attentat… Maintenant, il avait dépassé la date de péremption. Si elle se décidait à épouser un gentil garçon et à lui faire quelques gamins, il serait le tonton de passage…

Prenant le parti d'attendre et voir venir, il la suivit.

Au nom du ciel ! Voilà que ça recommence ! Je suis avec elle depuis 10 minutes et elle me fait déjà marcher sur la tête.

Son costume était foutu, il avait faim, il avait besoin d'une douche et de vêtements secs… et il valait mieux qu'il garde les mains dans ses poches.

Tu n'es qu'un vieux satyre, O'Neill ! Il baissa les yeux et évita de regarder Sam qui le devançait dans l'escalier.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

LA NOUVELLE-ORLEANS - septembre 2007

Heather regardait la pendule avec de plus en plus d'insistance.

Elle avait adoré passer un moment avec son beau-frère, mais maintenant, il était temps qu'il s'en aille. Elle ne savait pas comment lui dire.

Si elle prenait un taxi…

Elle ne voulait à aucun prix faire attendre ce gentil jeune homme qui lui faisait tellement de bien. Peut-être pourrait-elle avoir des nouvelles de son mari aujourd'hui. Evidemment ce docteur Jackson ne lui avait rien promis, mais elle avait toute confiance en lui. Il était d'une autre trempe que ces prétendues prêtresses vaudous. Et puis il était tellement mignon ! Elle se rendit compte qu'elle n'entendait même plus ce que lui disait George. A tout hasard elle lui sourit. Inconsciemment, elle triturait l'ourlet de sa robe.

Ainsi c'était donc la version officielle ? Comme c'était commode. Son visage se ferma.

Il allait damer le pion à O'Neill ! Un petit sourire en coin, il ouvrit la portière du taxi. Pendant le trajet, il continua à donner le change à sa belle-sœur en hochant la tête de temps en temps et en répondant par monosyllabes.

Ils arrivèrent à la boutique quelques instants à peine avant que l'orage n'éclate. L'endroit était désert. Hammond détailla l'habituel capharnaüm des marchands de rêves. Quand il entendit parler le propriétaire des lieux, il se retourna d'un bloc. Heather s'éloignait dans l'arrière boutique.

Il tourna le verrou et regarda la rue qui se vidait de passants. Des torrents d'eau dévalaient dans les caniveaux, recouvrant les trottoirs. Et bien au moins, ils seraient tranquilles.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

CHULAK - septembre 2007

Teal'c ramassa son bagage et salua le groupe de Jaffas qui l'entourait.

Sans plus attendre, il traversa la porte. Une fois de l'autre côté, il eut le temps d'embrasser du regard les montagnes douces de Ciméria avant de disparaître dans un éclair de lumière. Sans perdre de temps, il se dirigea vers le poste de contrôle.

Thor le salua et lui fit signe de s'asseoir. Il obtempéra en rendant le salut.

Teal'c arqua un sourcil et attendit. Thor se taisait.

Un éclair aveuglant l'entoura et se retrouva dehors sous une pluie battante. Il se réfugia sous un porche. Chaleur, pluie, bruit de circulation. Il était bien sur Terre. Il détailla son accoutrement. Bien. Il faudrait qu'il trouve d'autres vêtements, mais pas tout de suite.

Le visage impassible, il palpa son ventre. La poche symbiotique avait disparu et avec elle son Goa'Uld. Pourtant, il se sentait parfaitement normal. Il se toucha le front. Le signe d'Apophis s'était effacé.

Il fouilla ses poches à la recherche du cristal et trouva une adresse sur un petit bristol blanc. Il sut immédiatement comment se rendre à cet endroit. Sans plus se poser de questions, il partit en courant d'un pas de légionnaire vers le rendez-vous programmé par Thor.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Août 2000 Cheyenne Mountain Complex

Teal'c s'inclina devant les membres de SG-1 et les airmen du SGC qui assistaient à son départ pour Chulak. Son arme de poing luisait dans la lumière spectrale de la salle de départ.

La masse bleutée du champ gravitationnel les nimbait d'une lumière irréelle. Une fois qu'elle se serait refermée sur le Jaffa, ce serait pour ne plus jamais s'ouvrir.

Sam brisa la solennité du moment en serrant son vieil ami dans ses bras. Elle murmura quelque chose à son oreille puis recula, les mains jointes derrière le dos, les yeux brillants.

Daniel et Janet en profitèrent pour s'approcher du grand Jaffa.

Tous les airmen se mirent au garde à vous pour saluer. O'Neill et Carter firent de même. Teal'c inclina la tête puis franchit la porte des étoiles sans se retourner.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

LA NOUVELLE-ORLEANS - septembre 2007

Sam s'affairait dans la petite pièce pendant que O'Neill dansait d'un pied sur l'autre, indécis sur la décision à prendre. Il se sentait à la fois aussi proche d'elle qu'il avait pu l'être pendant toutes ces années où elle était sous ses ordres et aussi étranger que s'il la voyait pour la première fois. Pourtant c'était bien la même Carter. Le décor insolite et ses vêtements trempés le déstabilisaient.

Comment diable faisait-elle ça ? En un instant, elle avait rendu confortable cet endroit impersonnel.

Rayonnante, elle se tourna vers lui et lui montra une porte.

Sans attendre, elle sortit et le laissa seul.

Bon, pensa Jack, il y a donc un Andrew. Il fallait t'y attendre mon vieux.

Il ouvrit la porte. Une vraie salle de bain ? Quel rapport avec sa station internet ? Subitement, l'évidence lui sauta aux yeux. Les ordinateurs. Bien sûr.

Elle devait rester là après la fermeture et travailler. Mais sur quoi ? La composition des beignets ? Il revint sur ses pas pour en attraper un. Pas mauvais… Il prit le sac et décida de profiter des installations. Il jeta ses vêtements par terre en finissant les beignets en quelques bouchées et s'observa dans la glace. Tout à fait présentable, pour un type de ton âge. Il grimaça.

Il enleva soigneusement les bandages qui recouvraient sa jambe. Pas trop moche ! Tu survivras, O'Neill ! Quelques instants plus tard, l'eau brûlante ruisselait sur ses muscles noués. Sa hanche le faisait terriblement souffrir. Quel imbécile d'avoir laissé ses anti-inflammatoires à Londres…

Evidemment, il n'aurait pas choisi ce gel douche, mais à la guerre comme à la guerre, il achèterait de l'eau de toilette ce soir. En revanche, il se serait volontiers rasé. Joignant le geste à la pensée, il sortit de la douche et fourragea dans les affaires de Sam pour trouver un rasoir. Debout devant le miroir embué, il essaya de se rendre présentable à l'aide du minuscule objet rose pailleté qu'il avait découvert sur la tablette du lavabo.

Au nom du ciel ! Comment faisait-elle pour se raser les jambes avec un objet aussi ridicule ? Tout occupé à sa tâche, il n'entendit pas Sam frapper.

De toute façon, elle entra sans lui laisser le temps de répondre.

Et elle était repartie.

La serviette à la main, il contempla la chemise hawaïenne 6XL qu'elle venait de déposer à la place de son luxueux costume en espérant que le pantalon n'était pas assorti. Quand il vit le short à carreaux, ses derniers espoirs de la séduire s'envolèrent en fumée. Il termina de s'arracher le visage et se rua sous la douche pour chasser le feu du rasoir.

Sam était radieuse. Son voisin ne l'avait jamais vu aussi rayonnante depuis qu'elle avait installé sa librairie à côté de sa brocante. Il prit son temps pour choisir avec soin les pires éléments de sa garde-robe personnelle et lui tendit le sac avec un sourire en coin. Il se doutait que l'homme qui allait mettre ses vêtements était la raison de cette bonne humeur inhabituelle, mais n'arriva pas à lui tirer les vers du nez. Elle le remercia avec effusion et sortit en courant comme elle était entrée.

Ce type avait bien de la chance.

Elle courut sous la pluie en tenant le sac serré contre elle et remonta en courant au premier étage. Sans réfléchir, elle ouvrit la porte et se retrouva face à O'Neill dans le plus simple appareil. Il s'empara d'une serviette. Mon dieu, faites qu'il ne se retourne pas ! Pensa-t-elle, partagée entre la panique et l'envie de se jeter dans ses bras.

Sam du calme, se morigéna-t-elle. Tu as 41 ans ! Reprends-toi. On dirait une gamine à son premier rendez-vous ! En plus, ce n'est même pas un rendez-vous !

Elle fourra le costume dans un sac qui traînait par terre et fonça chez le teinturier du coin qui lui assura que le costume serait prêt dans trois heures. Elle fit un détour pour rentrer et s'acheta LA petite robe indienne qu'elle reluquait depuis une semaine. Il ne pleuvait plus.

Elle accéléra le pas en remarquant les regards insistants des passants à cause de sa robe trempée qui dévoilait son corps. Elle monta quatre à quatre et attendit sur le palier que les battements de son cœur reviennent à la normale. Il n'allait pas s'envoler. Quand elle le vit sortir de la salle de bain dans cet accoutrement, elle éclata de rire.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Decatur Street - septembre 2007

Il se mit à fouiller dans ses tiroirs et sortit triomphalement un petit objet enveloppé dans un morceau de tissu gris. Une faible lumière filtrait au travers de l'étoffe.

Les deux hommes se plongèrent dans leur pensées. Heather les regardait comme si elle était en visite dans un hôpital psychiatrique. Daniel s'aperçut de son trouble.

Daniel aussi fermait les yeux. Ses lèvres bougeaient. Il était en transe.

Hammond les regardait, saisi par la violence des sentiments qui se lisaient sur leurs visages. Heather perdit conscience.

Daniel secoua la tête et retira de sa tempe un petit médaillon.

Elle lui saisit les mains frénétiquement.

Daniel les regarda s'engouffrer dans un taxi et referma la porte du magasin derrière lui. Il fallait qu'il s'allonge. Rester en communication avec les morts aussi longtemps le mettait toujours à plat. Il espérait que son explication avait été convaincante. Il avait le sentiment que moins il en dirait, mieux ce serait. Hammond était à la retraite mais il demeurait un militaire.

Il débrancha le téléphone et baissa le son du répondeur. Les bras croisés sur la poitrine, il laissa le transpondeur Tok'ra le guider vers l'esprit de Shaa're.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Teal'c s'installa commodément sur le palier. Carter finirait bien par rentrer. Il serait là.

Il avait disposé des bougies suivant un rituel immuable et les avait allumées.

Il ferma les yeux et commença le kelno'reem.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Royal Street - septembre 2001

Les yeux brillants, elle évitait de croiser ceux de son ancien supérieur. Mais Jack n'avait pas l'intention de se contenter de cette réponse.

Il hésita. Est-ce qu'il fallait qu'il fonce ? Qu'il vide son sac au risque de gâcher cette amitié ? Attends un peu, Jack. Tu y es aller un peu fort à l'instant.

Elle le regarda surprise par le changement de ton.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Quelque part à la Nouvelle-Orléans - septembre 2007

Daniel se précipita dans l'escalier. C'était son téléphone qui sonnait. Il entra en courant dans l'appartement et décrocha avant que le répondeur ne se mette en marche.

Daniel entendit un rire féminin. Quelqu'un cria derrière le jaffa.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Le French Quarter - septembre 2007

Sam s'installa sur le canapé, à côté de Jack et se mit à écouter les trois hommes. Teal'c n'avait pas changé. Stoïque, patient, il répondait de son mieux aux interrogations de Daniel qui ne pouvait s'empêcher de digresser en s'agitant. Jack ponctuait la discussion de quelques blagues.

C'est curieux qu'il ne leur parle pas de son projet… pensa-t-elle. C'est bien pour cela qu'il est venu… Si la porte était remise en service… Elle avait peine à croire que l'aventure pouvait recommencer ! Elle se pencha pour poser sa tasse sur la table. Son bras effleura son ancien supérieur. Il fit comme si de rien n'était. Elle se rassit en prenant appui sur sa cuisse. Toujours pas de réaction. Il continuait à discuter avec les deux autres. Elle fixa Daniel et se cala dans le canapé le plus près possible de Jack. Son bras, posé sur le dossier glissa naturellement autour de ses épaules. Elle sentit sa main qui la caressait doucement. Elle se retourna et son regard croisa les yeux chocolat. Il sourit.. Puis se tourna vers Teal'c et reprit la discussion.

Elle embrassa ses deux vieux amis et ferma la porte. Elle se retourna et s'adossa sur le battant. Jack n'avait pas bougé. Il aurait dû partir avec eux. Pourquoi est-ce que tu n'as rien dit ? Tu n'as pas assez souffert il y a sept ans ? Tu veux que ça recommence ? Ce type n'est pas pour toi… Tu le sais ! En sept ans, vous aviez le temps de vous retrouver, vous n'étiez plus militaires, ni l'un ni l'autre….

Jack était debout devant l'évier en bras de chemise, les manches retroussées.

Sam éclata de rire.

Il se retourna d'un bloc en reboutonnant ses manches. Sam le regarda faire les bras ballants. Il vit qu'elle pleurait mais résista à la tentation de la prendre dans ses bras. Quel bien pourrait-il en sortir ? Il ne voulait plus qu'elle souffre à cause de lui.

Elle alla dans sa chambre comme une automate et choisit une paire de draps qu'elle jeta sur son lit. Elle prit un oreiller sous son bras et referma les portes du placard. Quand elle se pencha pour ramasser les draps, elle s'effondra en sanglotant.

Pourquoi est-ce que tu ne peux pas lui parler ? Pourquoi est-ce que tu t'obstines ? Parce que tu lui en veux ? Ce n'est pas à lui qu'il faut en vouloir ! C'est à toi ! Avec ton ego démesuré, ton orgueil, tes principes ! Tout ce que tu es capable de faire, c'est de t'apitoyer sur ton sort encore une fois ?! Regarde-toi !

Secouée par les sanglots, elle prit les draps et l'oreiller contre elle et se recroquevilla sur elle-même.

Soudain, elle fut soulevée de terre et lâcha ce qu'elle tenait.

Jack s'assit sur le lit et la prit sur ses genoux. Il se mit à la bercer doucement en murmurant des petits mots pendant qu'elle s'agrippait à lui comme une enfant. Il lui caressa les cheveux et l'embrassa tendrement au coin des yeux.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

A l'aube, Teal'c se redressa dans son lit et se rappela de sa mission. Après quelques étirements, il se rendit dans la cuisine et entreprit de trouver du café au milieu du capharnaüm.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Le général invita les quatre amis à s'asseoir.

O'Neill grimaça d'un air gêné et à la grande joie de Daniel, Sam se mit à rosir délicatement.

Sam passa du rose au cramoisi. Daniel ouvrit la bouche mais Jack lui intima l'ordre de se taire d'un geste. Teal'c resta impassible comme à son habitude. Quant au général, il se fendit d'un large sourire. Ces deux-là ne changeraient jamais.

Mais il avait bon espoir.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

LONDRES - septembre 2007

Il actionna l'interrupteur et s'effaça pour laisser passer l'élégante jeune femme. Elle s'avança précautionneusement en étudiant les lieux. Son tailleur prune mettait en valeur sa silhouette élancée. Avec les talons, elle était sensiblement de la même taille que son compagnon. Elle poussa le courrier que Jack avait jeté là sans l'ouvrir et posa son sac à main sur la petite console en verre. Puis elle laissa tomber son sac de voyage sur la moquette.

Le désordre était indescriptible. Jack se précipita dans la pièce en récoltant au passage des brassées de vêtements et sous-vêtements abandonnés qu'il emporta dans la salle de bain. Il jeta un coup d'œil. La baignoire était propre. Il ne se souvenait même pas quand il l'avait utilisé la dernière fois. Il sortit des serviettes propres et jeta les sales avec le linge qu'il venait de mettre dans la corbeille. Et soupira. Le plus dur restait à faire.

Jack préparait une salade en sifflotant. Les pâtes étaient bientôt cuites.

Carter était dans son appartement, dans sa salle de bain et elle l'appelait Jack.

Il rectifia l'assaisonnement de la sauce tomate et apporta les plats sur la table.

Est-ce que je mets des bougies ? Allez ! Pourquoi pas !

Il déboucha la bouteille et alla frapper à la porte de la salle de bain.

Il hésita, fourra les mains dans ses poches, retourna à la cuisine, prit une autre bière. La voix de Sam lui parvenait, étouffée. En se mordant les lèvres, il s'approcha de la porte.

Elle essuya la vitre embuée et se passa les mains dans les cheveux qu'elle essora en les tordant. Jack était paralysé.

Il se mit à fouiller dans un tiroir. Un peigne, un peigne… Sam sortit de la pièce et il se releva.

Sors de là Jack ! Donne-lui son peigne et TIRE-TOI !

Sam revenait.

Jack essaya de ne pas voir les sous-vêtements et les bas.

Qu'est-ce qu'elle veut ? Vas-y Jack, rends-toi ridicule ! C'est toi qui es entré ! Elle n'est pas venue te chercher…

Il retourna à la cuisine et égoutta les pâtes. Il posa le dessus de l'index sur les spaghetti et poussa un petit cri en se brûlant le doigt. Furieux, il avala une gorgée de bière et se passa la main sous l'eau froide.

C'est la tête que tu devrais te passer sous l'eau !

Il avala sa salive. Sam portait un vieux jean et un tee-shirt noir échancré. Un petit pendentif brillait dans le creux de son cou. Ses cheveux mouillés étaient attachés à la diable et une mèche rebelle s'échappait sur son épaule.

Jack apporta la tasse sur la table basse et se cala dans le canapé son verre à la main. Sam était agenouillée sur le tapis, les coudes par terre, la tête dans les mains. Elle étudiait les plans.

Un silence gêné s'installa. Sam replia les plans, porta le verre et la tasse dans l'évier.

Jack mit les mains dans ses poches et hésita. Puis il se lança.

Jack laissait le jet d'eau chaude masser son dos.

Ce qu'il attendait depuis qu'il l'avait vue pour la première fois dans cette salle de réunion du SGC arrivait enfin et il n'avait pas le droit de la toucher. Il avait à peine dormi la nuit précédente de peur de se laisser entraîner dans son sommeil à faire quelque chose qu'il regretterait. Elle dormait déjà quand il s'était couché à côté d'elle en retenant sa respiration. La tension provoquée par les quelques heures passées immobile dans le lit de Sam avait été si grande qu'il sentait que ses muscles étaient encore noués. Sa jambe le faisait toujours souffrir le martyre.

Il sortit de la douche et attrapa une serviette. Il grimaça en se regardant dans la glace. Il remit un sparadrap sur son sourcil. Un coup frappé à la porte le sortit de ses pensées.

Elle le fait exprès ou quoi ? Qu'est-ce que c'est que cette tenue ! Je vais être obligé de m'allonger à côté d'elle et elle met un débardeur microscopique et un… caleçon ? Les Simpsons ? Je rêve ! Elle a un caleçon Simpsons !

Où est ce foutu pyjama ? J'ai dû finir par le jeter…

Il enfila en hâte un pantalon de survêtement et se précipita dans le lit en laissant la serviette sur le sol.

C'est là qu'elle était couchée, évidemment il a fallu que je prenne le mauvais côté !

Il s'empêtra dans les draps en essayant de changer de côté et finit par se retrouver au milieu du lit défait.

Sam sortait de la salle de bain.

Il entendit un petit rire et sentit le matelas qui bougeait sous son poids.

Elle s'allongea et se coucha contre lui comme si elle avait toujours dormi avec son supérieur. Le bras de Jack l'encercla tout naturellement et il enfouit son nez dans sa nuque.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

PARIS, Musée du Louvre - septembre 2007

Le Jaffa s'était éloigné discrètement. Il détaillait les objets exposés. Le marteau d'Odin, identique à celui qui gardait la porte des étoiles de Ciméria occupait le centre de la grande salle. Aucun doute n'était possible.

Jack pestait.

Des ronds de jambes et encore des compliments et des phrases creuses. Qu'avait bien pu leur raconter Daniel ? Quand vont-ils se décider à leur montrer le marteau ? Si seulement il pouvait se rapprocher de Daniel et lui faire comprendre que les dernières fouilles en Egypte n'étaient pas vitales pour leur mission. Il fallait toujours que ça prenne des heures dès qu'il s'agissait de laisser faire l'archéologue.

Le général commençait aussi à perdre patience. Il affichait un sourire mécanique.

Sam grignotait des petits fours d'un air absent, les yeux fixés sur O'Neill.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Quelque part en Italie - septembre 2007

Au petit jour, Sam et Jack avaient laissé derrière eux le nouveau complexe du Mont-Blanc. La brume qui dissimulait les neiges éternelles s'effilochait laissant présager une journée splendide.

- Jack, c'est magnifique !

FIN

Ouf !! J'ai bien cru que je n'y arriverais pas !! Un petit feedback s'il vous plaît !?

Et si vous voulez une suite, ça peut se faire… éventuellement ;-))