L.T.S.

 

 

Titre : LIFE IS TOO SHORT

Auteure : Xeen

e-mail : Xeen67@hotmail.com

http://communities.msn.fr/Forcryingoutloud

Statut : complet

Spoilers : quelque part au début de la 4ème saison

Disclaimer : les persos appartiennent à Showtime/Viacom, MGM/UA, Double Secret Productions et Gekko Productions et je ne gagne pas un sou en écrivant ces histoires.

Note de l’auteure : le titre fait référence à une phrase de RDA sur le tournage de Stargate.

 

 

Jack O’Neill s’appuya sur le dossier de sa chaise, étendit les jambes sous la table et palpa machinalement la petite boîte en velours noir au fond de sa poche. Satisfait, il recommença à jouer avec ses couverts en essayant de faire abstraction des musiciens qui massacraient de la musique napolitaine au fond du restaurant. La mandoline le faisait grincer des dents. Il secoua la tête et regarda sa montre. Peut-être est-ce que ce n’était pas une si bonne idée que ça de l’avoir emmenée dans ce restaurant. Trop bruyant, trop tape à l’œil. Les yeux perdus dans le vague, il se mit à battre la mesure en tambourinant sur la table du bout des doigts.

" Tu as l’air bien énervé ce soir, mon chéri, " dit une voix féminine qui le sortit de sa rêverie.

" Excuse-moi, je ne t’ai pas vu revenir, " s’excusa Jack en souriant. " Ils me tapent sur les nerfs, " s’excusa-t-il en désignant la troupe du menton. Il savait bien que ce n’était pas complètement vrai. Il se pencha vers la jeune femme qui lui faisait face et lui prit les mains au-dessus de la table. " Et puis il faut que je te demande quelque chose, " ajouta-t-il les yeux plongés dans les siens. Elle hocha la tête d’un air inquiet.

" Encore une mission ? " souffla-t-elle. Depuis qu’elle était enceinte, elle ne supportait plus les absences de Jack.

" Non, " sourit-il, " pas cette fois. "

Elle soupira et lui serra les mains un peu plus fort. " Alors ? "

" Heu, " dit Jack en se raclant la gorge, " oui… "

" Jack, s’il te plaît, tu me fais peur… "

Il lui lâcha les mains et se redressa sur sa chaise. Il sortit de sa poche la petite boîte et la poussa vers la jolie blonde. " Vas-y, ouvre. "

Elle le regarda intensément et prit le petit boîtier de velours. " Oh, Jack, elle est magnifique ! " s’exclama-t-elle dans un souffle en passant la bague à son doigt.

Un petit rictus déforma le visage de Jack. Il baissa rapidement les yeux, prit une inspiration et se décida enfin à la regarder. " Est-ce que tu acceptes de devenir ma femme ? "

" Jack… tu es sûr ? "

" Je n’ai jamais été aussi sûr de quelque chose. Alors ? "

" Est-ce que j’ai le droit de réfléchir ? " demanda-t-elle, la main posée sur son ventre.

" Bien sûr, " dit-il d’un air pincé en recommençant à s’agiter sur sa chaise. Les musiciens se rapprochaient de leur table. " Bon sang ! Je les avais oubliés ceux-là, " pesta-t-il en leur faisant signe de s’éloigner. Sans succès. Résigné, il reporta son attention sur sa compagne. Ses yeux bleus brillaient et le rose lui était monté aux joues.

" Est-ce que tu es d’accord si nous nous marions après sa naissance ? " demanda-t-elle en prenant sa main pour la poser sur son ventre. Elle parlait trop fort, pour couvrir la musique.

" A Noël prochain ? "

" Oui. "

Le musicien plaqua un dernier accord sur sa mandoline et la salle se mit à applaudir.

 

 

 

" Alors SG-1 ? " aboya le général Hammond en guise de salut. " Comment s’est déroulé cette mission ? "

Le colonel O’Neill secoua énergiquement la tête, aspergeant au passage tout le monde dans un rayon de deux mètres cinquante. Il fit un O avec le pouce et l’index et se fendit d’une petite grimace. " Ca baigne mon général, " plaisanta-t-il en décochant un regard amusé aux trois membres de son équipe qui dégoulinaient sur la passerelle. Teal’c haussa un sourcil sans faire de commentaire. Daniel repoussa ses lunettes sur son nez et baissa la tête ce qui eut pour effet de vider les rebords de son chapeau. Sam fit un pas en arrière et retira sa casquette. Elle passa la main dans ses cheveux trempés plaqués sur son crâne.

" Si vous n’y voyez pas d’objection, mon général, " continua O’Neill, " nous allons tout de suite à l’infirmerie. Sinon le docteur Fraiser va être obligée de nous enlever des branches et des racines. " Sa plaisanterie tomba complètement à plat. Daniel lui lança un regard excédé et Carter n’esquissa même pas un sourire. Teal’c avança vers le général d’un air décidé et l’évita au dernier moment pour se diriger vers l’infirmerie.

Le général s’écarta de justesse. O’Neill fit un geste désolé en direction de son supérieur et emboîta le pas du Jaffa. Tant que Hammond les enverraient sur des missions sans intérêt, il fallait s’attendre à ce genre de réactions…

 

 

 

 

" Non, Jack, " s’écria la jeune femme en faisant sauter sur ses genoux un bambin d’environ un an. Le garçonnet regarda alternativement sa mère et l’inconnu qui se tenait sur le pas de la porte et la faisait crier. A tout hasard, il commença à pleurer en tendant ses petits bras vers sa mère. La jolie blonde le serra farouchement contre elle en toisant l’homme qui avait déclenché sa colère. " Cette fois-ci, je ne marche pas. Tu promets, mais tu ne peux jamais tenir tes promesses. Je dois m’estimer heureuse que tu aies été là le jour de ton propre mariage ! Mais je ne t’ai pas vu pour la naissance de ton fils, ni pour son anniversaire, ni pour le premier Noël où il pouvait comprendre quelque chose ! " continua-t-elle d’une voix de plus en plus aiguë. " Et tu crois qu’arriver avec des fleurs et des excuses va me suffire ? Je ne crois pas. Il va falloir beaucoup plus que ça, " ajouta-t-elle en lançant les fleurs en direction de son mari. Le bébé hurlait de plus en plus fort

" Tu ne crois pas que cette discussion devrait avoir lieu quand le petit est au lit, " soupira Jack en s’approchant. Les hurlements redoublèrent. " Qu’est-ce qu’il a ? Il fait ses dents ? " demanda-t-il.

" Non, Jack. Il ne te reconnaît pas, c’est tout. Pour lui tu es un parfait inconnu. Et pour moi tu es en train de le devenir, " conclut la jolie blonde en se levant. Elle le foudroya du regard et partit s’enfermer dans la chambre de son fils. Elle serra le petit garçon convulsivement contre elle et se mit à sangloter en le berçant doucement.

 

 

 

" Daniel, ce n’est pas moi qui ait créé le Stargate Command, pour l’amour du ciel ! " s’écria le colonel O’Neill à bout d’arguments.

" Jack, il faut que vous interveniez auprès du général Hammond. Si je n’ai pas le temps d’étudier ces artefacts avant notre départ, nous risquons gros… " s’exclama l’archéologue en agitant les mains. Il remit ses lunettes en place et se tourna vers le major Carter en quête de soutien. " Sam… " implora-t-il.

" Permission de parler librement mon colonel ? "

" Comme si je vous en avais déjà empêchée, " se résigna O’Neill en baissant la tête.

" Daniel a raison. Nous fonçons tête baissée dans ce qui peut être un piège alien que nous pourrions éviter avec un peu de recherche supplémentaire. 12 heures, mon colonel ? " ajouta Carter en esquissant un sourire.

" Je vous en donne 6 ! Et c’est la dernière fois major ! Daniel, mettez le turbo et croisez les doigts pour Hammond, " rugit O’Neill en sortant de la pièce en coup de vent. Teal’c dévisagea Daniel et reprit sa lecture en soupirant ostensiblement.

" Il semblerait que vous négligiez certains aspects pratiques, Daniel Jackson, " dit-il d’un voix impérieuse sans quitter son livre des yeux. On entendait clairement sa désapprobation. " Comme de vous entraîner pour le combat, " ajouta-t-il en refermant le livre brusquement. Il se leva et quitta la pièce à son tour.

" Il a raison, " soupira Sam. " Notre équipe est en train de se désagréger. Le colonel ne pourra pas faire barrage encore très longtemps entre nous et la hiérarchie. En outre, lui et Teal’c ont besoin d’action… " continua-t-elle davantage pour elle-même que pour le jeune archéologue.

" Pas vous ? " demanda ingénument l’archéologue, qui s’était déjà replongé dans ses documents. Il n’obtint pas de réponse. Mais il ne s’en aperçut même pas.

 

 

La jeune femme blonde se précipita pour ouvrir au premier coup de sonnette. La couronne de l’Avent manqua de se détacher et rebondit sur le battant.

" Madame O’Neill ? " dit le jeune officier en s’inclinant.

" Oui, je suis Sara O’Neill, " répondit-elle en se raidissant.

" Je suis porteur d’une mauvaise nouvelle madame. Votre mari a été porté disparu au Nicaragua il y a plus d’une semaine, " déclara l’officier en fixant les guirlandes qui clignotaient sur la façade. " Selon la procédure, cela ne signifie en rien que votre mari soit… "

" Mort ? " murmura Sara.

" … décédé. Nous continuons les recherches. " assura-t-il en dansant d’un pied sur l’autre. " Heu… Et bonnes fêtes de fin d’année, madame O’Neill. Je suis désolé. "

" Joyeux Noël à vous lieutenant. " répondit Sarah O’Neill d’une voix blanche.

Un petit garçon vint se pendre à son tablier. " Il est venu avec mon papa le monsieur ? " demanda Charlie d’une toute petite voix.

" Non, mon chéri, " répondit sa mère en se baissant pour le soulever dans ses bras. " Mais ton papa va bientôt rentrer, " dit-il d’un ton rassurant.

" Et il nous aidera à décorer le sapin, dis Maman ? "

" Peut-être pas mon ange… "

Sara referma doucement la porte.

Le sous-lieutenant fit un petit salut et effectua un demi-tour impeccable. Quand il entendit la porte se refermer, ses épaules tombèrent et il cligna des yeux pour chasser les larmes qui montaient.

 

 

 

Pour une expérience, c’était une expérience.

La porte des étoiles, les voyages sur les autres planètes, les civilisations disparues qui revivaient devant leurs yeux, à vrai dire, il s’en fichait. C’était bon pour Daniel.

Combattre ces saletés de serpents. Voilà qui était plus dans ses cordes. Et les jaffas étaient des combattants hors pair. Jack reconnaissait qu’il prenait plaisir à les défier.

Mais cette histoire de miroir je-ne-sais-quoi, alors là, ça c’était quelque chose.

Passe encore que Daniel se perde dans un monde parallèle. C’était bien le genre à faire des trucs comme ça. Mais les informations qu'il avait rapportées de là-bas ! !

Incroyable.

Enfin de quoi dissiper un peu la morosité ambiante. Même Carter, avec ses airs de savante incollable avait eu un choc avant de se mettre à expliquer la situation. Miroir quantique, les réalités alternatives, bla-bla-bla…

Tout ce que j’ai retenu moi, c’est que là-bas, ils sont fiancés ! Vous m’avez bien entendu ! FI-AN-CES !

Evidemment, dans ce monde-là, ELLE est civile. Ca aide. Mais quand même.

Je crois que je ne vais plus pouvoir regarder le major sans y penser. Déjà que cette histoire de virus et d’agression ‘sexuelle’ ça m’avait bien chamboulé, mais on ne se refait pas. Je suis sûr que j’aurai regretté après.

Peut-être pas…

Fiancés ! Vous vous rendez compte ?

 

 

Sara déposa la voiture télécommandée sous le sapin et éteignit les guirlandes. Elle alla soulever le rideau et regarda le ciel. Au moins il ne neigerait pas. Pas en Arizona. " Quelle sotte. " pensa-t-elle. " Tu vas l’attendre toute ta vie ? "

Elle laissa retomber le rideau et regarda la pendule. C’était presque l’heure de la messe de Noël. Elle sortit une bouteille de bourbon, deux verres et les remplit.

" Joyeux Noël Jack. Où que tu sois. "

Elle but le premier verre d’un trait et appuya sur la télécommande. L’orgue remplit la pièce. Elle attrapa l’autre verre.

" Au moins cette année tu n’es pas à l’hôpital ou otage ou perdu, " murmura-t-elle en chiffonnant le télégramme qu’elle avait reçu de Beyrouth le matin-même.

Elle leva son verre.

" A ta santé Jack. "

La messe commençait et elle monta le son.

Charlie la réveilla. " Tu as vu ce qu’il a apporté le Père Noël ? "

Sara ouvrit les yeux. Il faisait presque jour. L’alcool ne lui réussissait jamais. Une douleur violente lui traversa le crâne. " Non. Pas encore. Qu’est-ce que c’est mon chéri ? "

" Un vrai revolver ! Comme celui de mon papa, " dit le petit garçon, fièrement. " Regarde, il y a un mot avec. Tu peux me le lire ? Dis maman ? "

Sara prit le petit bristol et reconnut l’écriture de Jack. " C’est ton papa. Il dit qu’il a l’accord du Père Noël pour te donner ce pistolet. "

" C’est pas un pistolet maman, c’est un revolver ! "

" Il dit qu’il faut que tu sois très prudent. Et que tu ne dois t’en servir que sur la cible qui est dans la boîte. Sur personne ni sur aucun animal… " lut-elle en sentant la colère monter en elle. " Il dit qu’il sera bientôt de retour à la maison. Et qu’il te montrera comment t’en servir. " Elle sourit à son fils et lui prit le revolver des mains. Il était lourd, pas autant que l’arme de Jack mais assez lourd pour un jouet. Pourquoi achetait-il des jouets comme celui-là à Charlie ? A l’évidence, pour lui c’était naturel. Pas pour elle. Les armes, vraies ou fausses, elle avait toujours détesté cela.

Pourquoi était-elle tombé amoureuse d’un militaire ? Elle n’en saurait probablement jamais rien. " Viens, je vais t’aider à installer la cible, " dit Sara en regardant les autres cadeaux délaissés devant le sapin.

 

 

 

Il l’avait rencontrée.

Une autre Carter. Plus vraie que la sienne.

Complètement différente.

Il avait encore le goût de sa bouche sur la sienne, le parfum de son corps sur le sien.

Evidemment, le baiser qu’ils avaient échangé ne lui était pas destiné. Mais difficile de faire la différence. Il avait bien remarqué que le major Carter avait l’air passablement retournée.

Pour l’amour du ciel, il n’y était pour rien si le docteur Samantha Carter avait voulu l’embrasser !

Est-ce que le major embrassait pareil ? Il lui jeta un petit coup d’œil en coin. Son battledress dissimulait complètement ses formes, et elle avait l’air absorbé qu’elle adoptait toujours en campagne. Elle se retourna vers lui machinalement et lui fit un grand sourire.

De toutes ses dents.

Jack sentit ses jambes se dérober sous lui. Il répondit par un signe de tête et ralentit pour se retrouver à la hauteur de Daniel qui transpirait sous l‘effort.

" Vous tenez le coup Daniel ? " demanda le colonel.

" Ca va. Merci… Heu… Et vous ? "

" Impecc’, " se vanta Jack.

" Je parlais pas de ça, …, heu… vous savez ? " osa Daniel.

" Ca ira, " répondit O’Neill. " Merci Daniel. Vous savez que c’est impossible. Je ne veux plus en discuter avec vous. "

" Pas de problème. Mais je suis là si jamais… " dit l’archéologue. " Enfin vous savez quoi ! " s’énerva-t-il.

" Je suis certain que O’Neill a compris, Daniel Jackson. " affirma Teal’c en les dépassant.

Daniel sourit. Jack se renfrogna et rattrapa Carter au petit trot.

 

 

 

Sara n’arrivait pas à détacher ses yeux de l’écran de télévision. La guerre en direct sur CNN. Elle avait dû emmener Charlie chez ses parents. Il faisait des cauchemars. Elle n’arrivait pas à ne pas regarder cette satanée télévision.

La certitude que Jack était aux mains des irakiens. Il était forcément dans les geôles irakiennes. Il ne pouvait pas être mort. Pas si tôt. Pas déjà.

C’est à peine si elle l’avait vu en cinq ans.

Ils n’avaient passé aucun Noël ensemble ni célébré aucun Jour de l’an.

Cette année était pareille à toutes les autres.

Elle n’en pouvait plus. Elle méritait autre chose.

Elle devenait aigrie. A chaque retour, ils se retrouvaient uniquement pour se jeter des horreurs au visage. A sa dernière permission, il avait même passé plusieurs nuits à l’hôtel.

Elle voulait juste être certaine qu’il était encore en vie.

" Oh mon Dieu, faites qu’il soit vivant, s’il vous plaît… " murmura Sara.

 

 

 

Jack O’Neill dessinait des arabesques sur son bloc-notes. Les brouhahas du debriefing lui parvenaient vaguement. Il avait fait son rapport en moins de 35 secondes Qu’aurait-il pu ajouter ? Son second se faisait même un plaisir de parler à sa place ! Heureusement le silence de Teal’c compensait l’attitude cavalière du major Carter. Mais Daniel… Au nom du ciel ! Il était intarissable. Qu’est-ce qu’il pouvait bien raconter à propos de cette planète ? A part des arbres et quelques cailloux, rien d’extraordinaire…

Il soupira et repassa un trait de noir autour des lettres qu’il venait de tracer. Quelqu’un lui effleura le bras et il sortit de sa rêverie .

SAMANTHASAMANTHASAMANTHASAMANTHASAMANTHASAMANTHA

Il venait d’écrire SAMANTHA. Sur toute la page…

Instinctivement, son avant-bras recouvrit la feuille en même temps que son regard accrochait celui du major-général Hammond qui lui faisait face. Il se cala contre le dossier de sa chaise et attendit.

" N’est-ce pas colonel ? "

" Heu… "

" Le général veut juste un accord de principe, mon colonel, enfin je crois… " hésita Sam qui essayait en vain de voir ce que le colonel écrivait depuis ¾ d’heure. " N’est-ce pas mon général ? "

Hammond rit sous cape en voyant la manœuvre du major pour lire ce que son supérieur écrivait. " Tout à fait major Carter ! Alors colonel ? " insista-t-il. Jack était tout sauf un bureaucrate. Dès qu’il était devant une table, il s’endormait. Hammond dissimula son sourire du mieux qu’il put et ajouta.

" Je prends votre silence pour un acquiescement, colonel. Vous pouvez disposer, " dit-il en se levant.

Jack ramassa son bloc, le mit sous son bras et se tourna vers Carter. " Merci major, " dit-il d’un air dégagé. " Qu’est-ce que j’ai manqué ? "

" La Tok’ra semble désirer notre aide O’Neill " dit le Jaffa en s’approchant. " Je n’approuve pas leur attitude. "

" Qu’est-ce qu’ils veulent cette fois-ci ? Encore heureux qu’ils nous préviennent ! " s’énerva Jack.

" Et vous venez de donner votre accord, mon colonel, " sourit Sam.

" Oh non ! Qui se charge de me réveiller la prochaine fois qu’il se passe quelque chose d’intéressant ? "

 

 

Jack essaya de prendre la main de sa femme au moment où le prêtre finissait de réciter d’un ton morne les prières de rigueur. Elle sursauta et recula. Elle le foudroya du regard et lança la première poignée de terre sur le petit cercueil.

Il la suivit et serra comme elle les mains des inconnus qui venaient leur adresser des paroles de réconfort.

Quel réconfort ? Il avait tué son propre fils.

Il regarda Sara se diriger vers la voiture et alla ramasser la valise qu’il avait posée contre un arbre. Il partit sans se retourner.

Peut-être quand il reviendrait de cette prochaine mission, il pourrait en parler.

Elle ne lui pardonnerait jamais. Il était comme un étranger pour elle. Et il avait tué le fils de cette femme qu’il avait aimé autrefois.

 

 

 

" Daniel, je vous assure, c’est… exaltant ! " dit Jack presque en transe. " Je n’ai jamais ressenti ça de toute ma vie. "

" Il a raison, " renchérit Sam. " Je me demande comment j’ai pu survivre aussi longtemps sans être comme je suis devenue. Vous allez adorer ce brassard ! "

Daniel les observa en dessous, avec son petit air de chat qui rôde autour d’un bol de crème. Après tout pourquoi pas. Il haussa les épaules et regarda Sam. Il ne l’avait pas vue aussi enjoué depuis des semaines. Des mois serait plus juste.

" C’est d’accord. Qu’est-ce que je dois faire ? "

" Rien. Attendez, c’est tout. Anise peut vous faire un topo, " grimaça O’Neill. " Et, Daniel ! Commencez à faire des provisions. "

" Il a raison Daniel. Vous allez avoir très faim, " conclut Sam.

L’archéologue fit une petite moue d’excuse et retourna à son bureau. Ce n’était pas sa faute s’il aimait les confiseries...

" Alors Carter ? Qu’est-ce qu’on fait ? "

" Une petite course jusqu’à la surface ? Ca vous dit mon colonel ? "

" Fastoche ! Je vous laisse 3 secondes. Allez ! Go ! " s’écria O’Neill en disparaissant sur les traces du major.

La sentinelle en faction sentit un appel d’air et se retourna. Rien. Vivement la relève. Il en avait tellement assez qu’il s’attendait presque à voir voler des éléphants roses !

O’Neill et son second s’arrêtèrent en même temps au sommet de la montagne Cheyenne.

Sam fit quelques élongations pendant que Jack contemplait la vue. Il se sentait devenir incurablement romantique en vieillissant. Ca ne faisait de mal à personne.

" Vous croyez qu’ils vont s’apercevoir de notre disparition mon colonel ? " demanda Sam en s’approchant.

" Pas avant que nous soyons revenus Carter. Nous avons mis moins de 10 secondes pour venir jusqu’ici. "

" C’est fascinant. Vous imaginez tout ce que nous allons pouvoir faire ? " s’émerveilla Sam.

Jack grommela indistinctement et s’ébroua. " J’ai bien une petite idée, Carter. Mais je ne suis pas sûr que vous soyez d’accord, " commença Jack en traçant des ronds par terre avec le pied. Il releva la tête et la regarda droit dans les yeux. " Je vous dis tout de suite qu’il ne s’agit pas de réacteurs à naqahdah ni d’écrire mes mémoires. "

" Mon colonel ? "

" J’avais pensé. Nous pourrions en profiter pour mieux nous connaître… "

Sam rougit violemment. " Mon colonel ? Vous êtes certain que tout va bien ? "

" Pour l’amour du ciel Carter ! C’est une chance unique ! Pour autant que je le sache, nous pourrions être à Vegas avant même qu’ils aient le temps de faire ouf là-dessous! " s’énerva le colonel avant de réaliser qu’il poussait sans doute le bouchon un peu loin. La photographie prise le jour du mariage de Samantha Carter avec son double venait de lui traverser l’esprit. Il se tut en espérant n’avoir rien gâché sans avoir eu le temps de s’expliquer. Foutues associations d’idées.

" Je vois ce que vous voulez dire, mon colonel. J’y ai pensé aussi. " confessa Sam, à la grande surprise de O’Neill. Elle fit un pas de plus vers lui et leva son visage vers le sien. Elle était si près qu’il sentait son souffle dans son cou. " Au diable les règlements et le code militaire, " soupira-t-elle. Elle se hissa sur la pointe des pieds et ses lèvres effleurèrent celles de Jack. " Vous me direz si Samantha embrasse comme moi ? Je n’ai pas pu m’empêcher de me demander. "

 

" Les fumiers ! " s’exclama O’Neill entre ces dents. Ces salopards l’avaient bien piégé ! Il n’avait jamais été question de revenir sur Terre. En cas de problème, il faisait tout sauter et lui avec…

Skaara, Shaure, Daniel, ses hommes.

Pas question. Même s’il ne devait jamais revenir ici, il ne pouvait pas faire ça à ses hommes. Il élabora son plan à toute vitesse et le mit à exécution encore plus vite. Réfléchir vite, réfléchir bien et foncer. Cette méthode lui avait toujours réussi.

 

 

" Parce que je tiens à Carter. Beaucoup plus que je ne suis censé le faire, " dit Jack en regardant le major Carter droit dans les yeux. Cette saloperie de machine ne voyait pas tout finalement. Ses yeux se voilèrent quand il entendit Sam énoncer les faits avec le même aplomb que lui, sans ciller. " Mes sentiments pour le colonel ne sont pas ceux d’un second envers son supérieur. Je voulais qu’il parte car je ne pouvais pas supporter qu’il meure par ma faute. "

Dès que les brassards leur avaient fait défaut, il avait compris que leur aventure en resterait là. Il comprenait.

Pourtant, il était prêt à laisser tomber l’armée pour elle.

Mais depuis la mort de Marty, elle ne lui adressait plus la parole. C’est à peine si elle le regardait.

Il trouverait bien un moyen.

A Noël ?

Il y avait forcément une solution.

La vie était trop courte et il n’en avait pas tant que ça en réserve.

FIN