L'alarme se mit à résonner dans le complexe de Cheyenne Mountain.
Le major Samantha Carter laissa aussitôt en plan l'expérience en cours et partit en courant dans le couloir à la recherche de l'archéologue Daniel Jackson qu'elle avait laissé devant une pile d'artefacts quelques minutes auparavant.
Elle jeta un coup d'œil à sa montre et réalisa que les minutes s'étaient transformées en heure sans qu'elle en ait conscience. Elle accéléra le pas sous la lumière rouge clignotante.
Daniel sortait lui aussi de son bureau, les cheveux en bataille et les lunettes de travers. Il se passa rapidement les mains dans les cheveux et fit une mimique en réalisant que sa nouvelle coupe était réfractaire à ce traitement.
- Vous savez ce qui se passe ?
- Aucune idée ! jeta Carter sans ralentir.
- Hammond vous a appelée ?
- Non. En fait, peut-être, mais je suis sortie du labo dès que j'ai entendu la sirène, cria Sam pour se faire entendre.
- Je ne sais même pas si Jack est à la base aujourd'hui. Il avait promis à Teal'c de l'emmener au club des officiers. Vous savez qu'ils ont prévu une fête pour Halloween ?
- Oui. Je suis au courant. Janet et moi travaillons sur nos costumes à nos moments perdus.
- Vous avez des moments perdus Sam ? Vous m'étonnerez toujours, répondit Daniel en soufflant comme un phoque.
- Je m'arrange! fit Sam avec un clin d'œil. Si seulement le monte-charge voulait arriver. On aurait pu prendre les escaliers de secours.
- Sans moi ! Depuis mon appendicite, j'ai des tiraillements persistants et je ne veux pas forcer.
- Vous en avez parlé à Janet ? demanda Sam qui s'engouffrait dans l'ascenseur et pressait le bouton correspondant au niveau - 28.
- Oui. Mais elle n'a aucune explication. Elle dit que tant que je ne souffre pas, ce n'est qu'une question de temps.
- Je vois, dit Carter qui n'écoutait manifestement pas. Je me demande ce qui a déclenché l'alerte.
- Probablement une ouverture non programmée de la porte…
- Ce serait la 18ème depuis le début du trimestre. Non la 19éme. Ca commence à devenir vraiment préoccupant. J'espère que nous pourrons compter sur les renforts Asgards si la Terre est attaquée. Je n'arrive pas à comprendre pourquoi je ne peux pas faire marcher ce réacteur plus de 12 heures. Pourtant, j'étais sûr d'avoir réglé le problème de la surchauffe, mais apparemment ça ne suffit pas, ajouta-elle en bondissant hors de l'ascenseur pour se rendre à la salle de contrôle.
- Je suis certain que ça va s'arranger. On voit à peine la cicatrice. Probablement des adhérences, conclut Daniel l'air chiffonné.
- Excusez-moi Daniel. Je sais que je devrais être un peu plus à l'écoute, mais je n'y arrive pas. Je ne voulais pas être impolie. Je vous écoutais !
- Je sais, Sam. Pas de problème !
- Simmons ? Qu'est-ce qui se passe ?
- Ce n'est pas la porte… C'est… Je crois que vous feriez mieux d'aller voir le général Hammond…
- Il est arrivé quelque chose à SG-3 ? demanda Daniel avec inquiétude.
- …Pas que je sache. Ils sont attendus dans 6 heures environ, comme prévu, répondit le lieutenant.
- On dirait que le général est dans son bureau, dit Daniel.
- J'ai vu, dit Sam en ouvrant la porte avant de frapper. Mon général, quelle est la raison de cette alerte ? commença-t-elle la main sur la poignée.
- Entrez donc major ! Bien que je vois que vous n'avez pas attendu que je vous le demande. Docteur Jackson ! Alors ces artefacts ?
- Heu… C'est étonnant ! C'est le travail d'une vie ! J'ai déjà répertorié plus de…
- Très bien ! Asseyez-vous ! Major ?
- Excusez-moi mon général.
- Il n'y a pas de quoi.
- Mon colonel ? Je suis désolée. Je ne vous avais pas vu, dit Sam en rougissant légèrement.
Hammond dissimula un petit sourire et se mit à déplacer quelques objets sur son bureau. Il observa Carter et O'Neill à la dérobée. Cette situation n'allait pas manquer d'être assez comique. Il se réjouissait à l'avance.
- Heu… Bonjour mademoiselle, dit O'Neill en se levant. Je suis Jack O'Neill.
- Mon colonel ?!
- Jack ? Qu'est-ce qui se passe ? Vous avez perdu la mémoire ? dit Daniel occupé à essuyer ses lunettes en relevant les yeux.
- Major Carter, docteur Jackson, je vous présente monsieur O'Neill. Il est spécialiste en systèmes informatiques. Il conçoit des systèmes-experts
- Pardon ?! s'exclama Daniel.
- Mon général ? demanda Sam, en regardant Hammond comme s'il était devenu fou.
- Monsieur O'Neill nous arrive d'une réalité alternative.
- Comment ! Encore une autre ? Mais je croyais que le portail inter-dimensionnel avait été détruit ! s'étonna l'archéologue.
- Je pensais que vous l'aviez entreposé au Nouveau Mexique… hésita Carter. Il aurait été idiot de détruire un objet aussi fascinant. Désolée mon général, ce n'est pas ce que je voulais dire ! dit-elle en rougissant de plus belle.
- Je sais major. Non, le portail n'a pas été détruit. Il l'est néanmoins sur le papier, c'est pourquoi je vous demanderais à tous les deux d'être particulièrement discrets en ce qui concerne cette affaire.
- C'est entendu général.
- Bien monsieur.
O'Neill ne pouvait détacher ses yeux de la jeune femme blonde qui s'était assise à côté de lui. Manifestement, dans cette réalité, elle le connaissait. Il ne trouvait aucune raison logique à son absence dans son propre monde. Il plissa le front et ses yeux s'étrécirent. La base de Cheyenne Mountain ressemblait en tous points à la sienne. Evidemment, dans sa réalité, l'armée n'avait pas été chargée du projet de la porte de la galaxie. Cela expliquait sans doute l'absence de la jeune femme… Quand il avait fait la connaissance du double du major, il ne lui était pas venu à l'idée de chercher dans les bases de données militaires… Il détailla le docteur Jackson. Celui-là était un civil. Mais il avait disparu dans son monde…
- Monsieur O'Neill est venu nous demander notre aide.
- Notre aide mon général ! s'exclama Sam en regardant l'homme qui l'observait sans cacher son intérêt.
Elle l'avait vraiment confondu avec le colonel O'Neill. Pourtant, les différences crevaient les yeux.
Il n'avait pas la même corpulence et ses cheveux étaient encore blonds. Sans doute la vie avait-elle été plus douce pour cet O'Neill. Elle le détailla sans vergogne. Assis très droit sur sa chaise, les jambes croisées, la main posée sur la cheville. Les mêmes mains immenses, les mêmes yeux chocolat, se dit-elle en évitant son regard. Elle commençait à comprendre pourquoi son colonel avait été dérouté par la présence du docteur Carter à la base deux ans plus tôt. C'était très inconfortable. Elle frissonna et reporta son attention sur Hammond. Et rougit à nouveau en remarquant le sourire en coin de son supérieur qui avait marqué une pose et observait son manège.
- Major Carter, je vais laisser notre hôte vous expliquer la situation !
- Heu… Très bien ! Bonjour ! Je m'appelle Jack O'Neill, dit-il en tendant la main. Le docteur Samantha Carter m'a expliqué comment utiliser le miroir quantique et nous avons mis en place une… association, je crois que c'est le mot le plus approprié, destinée à sauvegarder nos mondes respectifs de la menace Gould.
Sam le regarda avec surprise. Il prononçait le nom de leurs ennemis comme son supérieur, sans vocaliser la triphtongue. Elle sourit machinalement. Jack lui rendit son sourire.
- Votre monde est en guerre, monsieur O'Neill ? demanda-t-elle.
- Appelez-moi Jack ! Non, il ne l'est pas. Et c'est là que j'interviens. Je mets au point des programmes destinés à quantifier les déplacements. La modélisation des mouvements permet de définir le déploiement de batteries sophistiquées d'armements par exemple, comme un bouclier anti-missile ou encore de visualiser la stratégie d'une armada d'invasion.
- Il s'agit donc uniquement d'objets inertes ? interrogea Carter.
- Non. La simulation peut mettre en œuvre le vivant également, pas seulement les objets. Les animaux comme les personnes. Dans tous les cas nous utilisons des traceurs. La simulation est évidemment interactive.
- En quoi cela pourrait nous être utile major ? demanda Hammond.
- Et bien mon général, il faudrait que j'étudie les protocoles…
- Faites-le ! Monsieur O'Neill ne pourra pas rester bien longtemps parmi nous. Je ne veux pas qu'il endure les effets de la distorsion temporelle.
- C'est une offre bien généreuse, monsieur O'Neill…
- Appelez-moi Jack !
- Jack. Vous dites que votre monde n'est pas menacé ?
- Il ne va pas tarder à l'être. Nous avons déjà rencontré les Goulds sur d'autres mondes… Et ces rencontres ne se sont pas passées très diplomatiquement !
- Je m'en doute, intervint Daniel.
- Nous avons perdu des membres de notre équipe. Docteur Jackson, si vous voulez venir nous visiter, vous n'aurez pas à subir les effets de l'entropie. Excusez-moi d'être brutal, mais vous avez succombé à vos blessures lors de notre première incursion sur un monde alien, Abydos. Etes-vous déjà allé sur Abydos dans votre réalité ? Je vous le déconseille absolument. Les Goulds ont anéanti la population indigène après notre passage et stérilisé ce monde.
- Oh mon dieu ! Shaa-re…
- Shaa-re ? La fille du chef ?
- Oui, dit Daniel atone.
- Je dois donc comprendre que vous avez déjà visité cette planète ?
- Les coordonnées étaient préréglées pour cette destination quand nous avons utilisé la porte pour la première fois, dit Sam. Daniel faisait partie de la première expédition.
- Shaa-re était ma femme… J'ai séjourné un an sur Abydos, Jack. Et…
Daniel se tut, terrassé par l'émotion. Le regard de Jack se posait alternativement sur Daniel et Sam. Il ouvrit la bouche, mais Hammond lui fit signe de se taire.
- Je suis désolé, Daniel. Je ne pouvais pas savoir…
- Ce n'est rien. J'ai juste l'impression de l'avoir perdue une deuxième fois…
Le silence s'installa.
- Revenons à nos moutons, dit Hammond en toussotant.
- Oui pardon.
- Devez-vous impérativement installer des traceurs ? questionna Sam.
- Non. On peut utiliser n'importe quelle sorte d'énergie générée par une arme comme les bâtons Jaffa, ou les bracelets Goulds, assura Jack. C'est un question de réglage.
- Parfait ! Major Carter, je vous suggère de vous mettre au travail le plus rapidement possible.
- Bien mon général ! Si vous voulez bien me suivre Jack, nous allons étudier ça de plus près !
- Avec plaisir ! Général Hammond, salua Jack, Daniel. Excusez-moi, je n'avais pas pensé que ce monde pouvait être aussi proche du mien…
- Je m'en remettrai. J'ai l'habitude. A plus tard Jack.
- Teal'c, faites un effort ! Vous avez l'air d'un tueur à gage. Souriez pour l'amour du ciel !
- Je m'y emploie O'Neill.
- Je vois ça. Vous devriez vous entraîner devant la glace.
- Je ne comprends pas.
- Vous entraîner à vous sourire dans un miroir.
- Je doute que mon miroir soit susceptible de répondre.
- Ce n'est pas le but Teal'c !
- Quel est le but ?
- Que vous n'ayez pas l'air de vouloir tuer tous ceux qui vous adressent la parole !
- Vous suggérez que cette méthode serait efficace ?
- Je le faisais bien pour m'entraîner moi !
- Vous entraîner ?
- Oui, quand j'étais plus jeune, pour les filles, vous voyez ce que je veux dire ?
- Non.
- Bon, laissez tomber ! Il est temps de rentrer à la base. Vous êtes sûr de vouloir vous déguiser en… ça ?
- Ce costume est à ma taille, O'Neill.
- Oui, mais est-ce qu'il vous plait ?
- Le noir est très seyant.
- Mais ce n'est pas un déguisement Teal'c ! C'est un costume !
- Nous ne portons pas de costume sur Chulak.
- J'abandonne. Allez on y va !
- Vous ne prenez rien O'Neill ?
- Pas aujourd'hui. Je n'arrive pas à me décider.
Sam et Jack 2 étaient en grande conversation. Ils avaient installé les ordinateurs les uns à côté des autres et Jack 2 avait transféré les données de son disque dur portable sur l'ordinateur principal. Les modèles défilaient rapidement sur les moniteurs. Sam ne pouvait détacher ses yeux des écrans. Pourquoi n'avait-elle pas pensé à ça ? C'était à la fois tellement sophistiqué et tellement simple.
Ils pourraient suivre la marche des équipes offworld, ce serait bien plus efficace que les transpondeurs qu'ils utilisaient ! Et lors d'une attaque Goa'Uld, ils auraient intantanément la position de toutes les équipe SG et des Jaffas ! Elle pourrait même prévoir les déplacements des vaisseaux alien en cas d'attaque. Elle rayonnait. Jack 2 avait du mal à se concentrer.
Elle était bien différente du docteur Carter qui l'avait contacté un an auparavant. Plus vivante, plus extravertie. Mais le docteur Carter avait perdu son mari, lui en fait. Il avait du mal à intégrer la notion. Ils étaient devenus très amis, sans plus. Le docteur érigeait une barrière entre eux. Cette Sam-là n'avait pas du tout la même attitude.
- Carter ? Je ne vous dérange pas ? Teal'c a trouvé son costume pour Halloween, vous allez enfin me dire ce que vous êtes en train de préparer avec le docteur Fraiser ou est-ce qu'il faut que je la soumette à la torture ? Oh ! Excusez-moi ! J'ignorais que vous étiez avec quelqu'un !
Le colonel se redressa imperceptiblement. Qui était cet étranger qui riait avec son major ? Il pose sa main sur son épaule et elle le laisse faire ?
- Bonjour mon colonel ! Je vous présente Jack O'Neill, dit Sam en se retournant pour observer la réaction du colonel.
- Pour l'amour du ciel !! Ca ne va pas encore recommencer ! Je croyais qu'on s'était débarrassé de ce truc !
- Non, mon colonel. Le général Hammond l'avait stocké au niveau 23.
- Donc le général ne suit pas les ordres non plus ? C'est intéressant… Enchanté Jack ! Vous pouvez m'appeler Jack !
Sam rit sous cape. Apparemment les deux hommes étaient embarrassés. Le colonel était contrarié. Quant à Jack 2, il hésitait manifestement sur l'attitude à adopter. D'un même élan, ils se dirigèrent l'un vers l'autre et tendirent la main.
- Ouch ! dirent-ils en cœur avant d'éclater de rire.
- Je constate que vous utilisez les mêmes techniques d'intimidation Jack ! s'exclama O'Neill.
- Je suis vous ! Vous l'avez oublié Jack ? dit Jack 2 avec la même mimique que le colonel.
Sam pouffa.
- Carter, vous pouvez m'expliquer pourquoi personne ne m'a mis au courant ?
- Vous n'étiez pas à la base mon colonel !
- Et vous aviez oublié mon numéro de portable ?
- Je pensais que Daniel ou le général vous préviendrait. J'ai beaucoup travaillé avec Jack cet après-midi.
- Jack ?
- Heu.. Votre double. Il est informaticien. Spécialiste de l'intelligence artificielle.
- Je vois, dit O'Neill qui ne voyait rien. Et vous en avez encore pour longtemps ?
- Ses systèmes sont extrêmement complexes. Je préfère qu'il me montre toutes les possibilités et qu'il m'apprenne à construire d'autres programmes.
- J'imagine que ça veut dire oui ?
- Vous savez que Jack ne pourra pas rester longtemps mon colonel. Sinon il ressentira les effets de l'entropie en cascade. Il lui reste probablement moins de 36 heures avant d'en souffrir.
- C'est vrai, dit sobrement O'Neill. J'avais oublié… Ca ne nous empêche pas d'aller dîner major ! Vous vous joignez à nous… Jack ?
- Volontiers ! Je mangerais bien un petit quelque chose !
- Vous allez être surpris Jack. Je dois dire que c'est le mess le plus incroyable que je connaisse. Un véritable restaurant. Rien à voir avec la nourriture infecte que l'armée nous fait ingurgiter d'habitude. Nous avons un traitement de faveur ! Alors Daniel ? Petit cachottier ?
- Comment ça ?
- Daniel ?!
- Oh ! Lui ! Oui, j'ai oublié de vous prévenir. Je pensais que Sam ou le général le ferait.
- Ben voyons ! Est-ce que quelqu'un voudrait m'expliquer pourquoi je suis toujours le dernier à être au courant de ce qui se passe ici ?
- Au courant de quoi O'Neill ? J'ai été informé d'une alerte en notre absence, dit la voix de basse du Jaffa.
- C'est un Jaffa, s'exclama Jack 2 tétanisé.
- Teal'c, Jack O'Neill, Jack O'Neill, Teal'c, dit Jack avec une petite grimace.
- Enchanté Jack O'Neill.
- Vous êtes un Jaffa ?
- En effet. Mais j'ai prêté allégeance à ce monde. Auparavant, j'étais esclave des Goa'Ulds et primat d'Apophis le faux dieu, dit Teal'c en inclinant la tête.
- C'est vraiment un Jaffa !
- Jack vient d'un monde parallèle Teal'c, répondit Carter.
- Jack, remettez-vous, Halloween n'est que dans une semaine ! Et qui voudrait se déguiser en Jaffa ? Je ne dis pas ça pour vous embêter Teal'c, mais…
- Je comprends O'Neill.
- D'ailleurs à ce propos Teal'c, vous avez trouvé un déguisement ? demanda Daniel.
- O'Neill m'a aidé à le choisir. Mais je crains que mon choix ne lui déplaise.
- Alors ? Qu'est-ce que c'est ?
- Monsieur K.
- Monsieur K ?
- Men in Black ! C'est pas vrai ! dit Jack 2 avant d'éclater de rire. Dommage que ce ne soit pas monde, je commence à me sentir tout à fait chez moi ! Les Jaffas sont toujours aussi drôles ?
- Racontez-lui votre blague Teal'c, l'encouragea Jack 1
- Vous croyez O'Neill ?
- Bien sûr ! Ne vous faites pas prier !
- Bien. Trois jaffas…
O'Neill reposa le rasoir, se passa le visage sous l'eau et examina ses dents et ses cheveux. Pas terrible. Il s'aspergea d'after-shave en faisant la grimace et enfila un tee-shirt noir. Les plaques d'identité brillaient sous la rampe de la salle de douche.
- C'est bien la seule chose qui me ferait regretter de ne pas être militaire ! salua Jack 2 en guise de préambule. J'adore ces plaques. Vous croyez que je pourrais en avoir, juste comme ça ?
- Bonjour Jack ! Bien dormi ?
- A vrai dire pas assez. Ces programmes peuvent être très vicieux et Sam est extrêmement perfectionniste !
- A qui le dites-vous ! Elle a encore désobéi aux ordres ?
- Comment ça ?
- Elle a ordre de ne pas veiller toute la nuit… D'habitude, c'est son fameux réacteur, mais apparemment vous lui avez apporté de nouveaux jouets, je me trompe ? dit Jack 1 d'un air dégagé.
- Je crains d'être le seul à blâmer. Je l'ai invitée à boire un verre hier soir. Histoire de décompresser.
- Vous êtes sorti de la base ?!
- Pas du tout ! Nous avons pris une bière au distributeur et nous l'avons bue dans ses quartiers. Evidemment, ce n'est pas trop romantique, mais je ne pense pas que le général Hammond me laissera batifoler à Colorado Springs ! J'espère qu'il y a de l'eau chaude ! Je déteste avoir froid le matin ! dit Jack 2 d'une traite en se déshabillant. Vous m'excuserez mais je dois rejoindre Sam le plus vite possible, nous n'en sommes arrivés qu'à la moitié des protocoles !
Le colonel O'Neill fonçait dans les couloirs comme un taureau furieux. De quel droit ce crétin d'informaticien s'appropriait-il SA Carter ? Il fallait qu'il en ait le cœur net. Même si cet abruti de scientifique ne restait que deux jours, pas question qu'il marche sur ses plates-bandes. Il entra dans le labo de Sam et en fut pour ses frais. Le labo bourdonnait d'activité mais le major n'était pas encore arrivée. Il se rua au mess mais n'eut pas plus de succès. Sans hésiter, il se dirigea vers le quartier des officiers et frappa à la porte de Sam. Pas de réponse. Il hésita et tourna la poignée. Le lit n'était pas défait. Laissant la porte ouverte, il retourna à la salle de douche.
- Je suis désolée que ça se soit passé comme ça Jack, mais c'est très bizarre pour moi vous savez. Je vous côtoie tous les jours depuis plus de 4 ans, mais pas comme ça ! Assurez-moi que cela ne va pas compromettre notre travail ?
- Franchement Samantha, je ne comprends pas votre point de vue. Vous m'avez dit vous-même que j'étais la copie conforme de votre supérieur. Pourquoi ne pas en profiter pour faire un essai ? Vous n'avez rien à perdre ! Je ne sais même pas s'il existe une Carter dans mon monde ! Ce n'est pas comme si j'allais prendre racine ici !
- Vous ne comprenez rien Jack O'Neill, s'emporta Carter. Comment voudriez-vous que je continue à partir en mission avec le colonel si je faisais ça ?
- Je ne suis pas lui Sam !
- C'est bien le problème ! Je vous attends au labo ! Ne me parlez plus jamais de ça Jack, d'accord ?
- Je ne vous promets rien. Même pas un petit flirt ?
- Vous êtes impossible ! On dirait le colonel, dit Sam en riant.
Le colonel n'eut que le temps de se disimuler derrière un poteau. Dieu merci, Carter partait dans la direction opposée. Il la regarda s'éloigner à grandes enjambées, les mains dans les poches.
J'en étais sûr ! Il a essayé ! J'aurais fait la même chose… Est-ce qu'elle a vraiment dit ce que j'ai entendu ? "C'est bien le problème" ?? Laisse-le faire, Jack. Pas la peine de monter sur tes grands chevaux. Tu n'as aucun droit sur elle. En réfléchissant, il la suivit jusqu'au labo.
- Vous êtes bien matinale Carter ! Un petit café ?
- Oh, oui, je veux bien mon colonel ! Ca vous ennuie si on va au mess ? Il faut que je vous parle.
- De quoi Carter ?
- C'est un peu embarrassant. Je me suis dit que vous pourriez raisonner votre double.
- Je suis désolé major, mais il est bien trop tôt pour les énigmes. Vous ne pourriez pas m'expliquer ?
- C'est à dire mon colonel… Permission de parler librement ?
- Je vous écoute Carter.
- Je vous avais demandé de ne plus en reparler, mais la présence de Jack change beaucoup de choses.
- Lesquelles par exemple ?
- Mon colonel, je ne veux pas quitter le SGC, mais la présence de Jack m'ouvre des horizons que je ne soupçonnaient pas. Vous savez qu'il ne m'a jamais rencontrée dans sa réalité ? Aussi bien je n'existe pas dans cette réalité-là ! Vous comprenez ?
- Pas du tout. Pourquoi quitteriez-vous le SGC ?
- Pour partir avec lui… Il m'a fait des av… propositions. C'est… hypothétique en fait. Mais si mon double est décédé dans sa réalité, je ne risque rien.
- L'entropie en cascade, oui. Et en quoi puis-je vous aider major ? demanda Jack d'une voix distante. Vous n'avez pas besoin de mon accord pour démissionner et encore moins de ma bénédiction !
- Je pourrais travailler à la IGGF et vous faire parvenir mes travaux. D'après ce que Jack m'a expliqué, leur technologie est bien plus avancée que la nôtre !
- La IGGF ?
- International Galactic Gate Foundation.
- Des civils ? demanda O'Neill.
- Oui, mon colonel.
- Carter, vous êtes assez grande pour prendre votre décision toute seule. Finalement, je n'ai plus envie de café. Bonne journée major. Et, au fait, vous devriez en discuter avec le général Hammond. Il me semble qu'il a le droit de connaître vos intentions.
Le colonel s'éloigna à grands pas, laissant Carter devant l'entrée du mess. Ses yeux brillaient de colère contenue. Il bouscula un groupe d'airmen et prit la direction de la sortie. Aucune mission ne l'attendait aujourd'hui. Il n'allait pas rester là à attendre que Jack 2 séduise Sam et l'emmène avec lui. Il passa à son bureau, demanda à son ordonnance de prévenir le général qu'il était appelé à l'extérieur, passa une veste en cuir noir et se rendit à la surface. Il ne savait plus où il en était. Une irrésistible envie de fumer et de se saoûler le submergea et il quitta la base, le pied au plancher.
L'infirmerie bénéficiait ce jour-là d'un calme relatif. Le docteur Janet Fraiser en profitait pour rattraper son retard. Les dossiers et les rapports s'empilaient de façon exponentielle. Elle parapha un dernier document et s'appuya sur le dossier de son siège avec un sourire satisfait. Aucune équipe n'était attendue aujourd'hui et si aucune catastrophe ne se produisait offworld, elle allait pouvoir enfin se concentrer sur ses recherches. Elle pivota vers son clavier et cliqua sur un répertoire.
Un coup frappé à la porte l'interrompit.
- Entrez !
- Janet ? Je peux vous déranger ?
- Mais bien sûr Sam, dit Janet avec un grand sourire. J'ai pratiquement fini de retoucher votre costume !
- Il ne s'agit pas de ça.
- C'est Jack ?
- Oui. Mais pas le colonel. Le Jack que vous avez examiné hier.
- Je vois.
- Non, je ne crois pas. Je me suis mise dans une situation impossible Janet !
- Pas de panique ! Si vous vous asseyiez ? Expliquez-moi tout, je vous écoute, dit Janet étonnée de la détresse de son amie.
- Jack 2 m'a draguée hier soir.
- Le contraire m'aurait étonné ! Il m'a harcelé de questions à votre sujet. Apparemment il est en contact avec un de vos doubles, le docteur Carter ?
- Oui. Il travaillent ensemble. Mais il paraît que je suis différente !
- Et ?
- Et il ne connait pas de Carter dans sa réalité. Janet, il veut que je parte avec lui.
- Au bout de 24 heures ? C'est un rapide !
- Si j'avais cédé au colonel O'Neill, ça n'aurait pas pris aussi longtemps, sourit Carter (voir Retour à la case départ).
- ??
- Je vous raconterais un jour… Le problème est que je ne veux pas !
- Vous lui avez dit ?
- Oui. Hier soir, et puis tout à l'heure. Je suis allée lui parler.
- Alors où est le problème ?
- Pendant que j'essayais de lui expliquer, j'ai surpris le colonel qui nous écoutait. Je suis sûre que c'est le hasard, mais il a entendu notre conversation. Et j'en ai dit bien trop avant de me rendre compte de sa présence. Quand je suis sortie des douches, il s'est caché pour éviter de me parler.
- Des douches ? Vous aviez une discussion dans les douches ?!!
- Je voulais dissiper le malentendu avec Jack 2 le plus vite possible !
- D'accord. Je ne vois toujours pas où est le problème…
- A ce moment-là, il n'y avait pas de problème.
- Mais ?
- Mais j'ai fait une boulette Janet ! Le colonel m'a suivie au labo et je me suis dit que je devais le mettre au courant. J'avais peur que Jack 2 lui fasse part de ses intentions avant que j'ai eu le temps de le faire.
- Vraiment ? dit Janet en dissimulant avec peine un grand sourire.
- Non… En fait, je crois que je voulais le rendre jaloux. Mais ça n'a pas marché. J'ai commencé à m'enferrer et à dire des choses que je ne pensais pas et il est parti.
- Il est parti ?
- Oui. Il m'a parlé de bénédiction et m'a conseillé de voir Hammond.
- Vous vous êtes mise dans un sacré pétrin ! Qu'est-ce qui vous a pris ? Vous connaissez les sentiments du colonel à votre égard !
- Je suis lasse d'attendre Janet…
- Et bien il suffisait de le lui dire ! Je suis persuadée qu'il n'attend que ça.
- J'imagine que je voulais que ce soit lui qui me le dise.
- Oh je vois ! La grande scène du 3 ! Ne pars pas Sam, je t'aime etc…
- Oui.
- C'est malin ! Sam, vous passez trop de temps avec le personnel masculin de la base. Leur manque de psychologie a déteint sur vous ! Ce n'est pas bien grave.
- Je pense que si. J'ai demandé à son aide de camp mais apparemment il a déjà quitté la base.
- Il a dit où il allait ?
- Non.
- Il reviendra, ne vous inquiétez pas. Mais il faudra lui parler franchement.
- Je sais. Je ne suis pas sûre d'y arriver.
- Je ne vous suis pas Sam. Il y a quelque chose d'autre ?
- La proposition de Jack 2 est tentante. Une vie de recherche, pas de Goa'Ulds, pas de règlement. Oh Janet ! Ils sont tellement pareils !
- J'ai vu. L'autre Jack n'a pas arrêté de râler tout le temps de l'examen !
- Il faut que je passe encore une journée avec lui à travailler sur les ordinateurs. Je n'ai vraiment pas la tête à ça.
- Personne ne peut vous remplacer ?
- Pas aujourd'hui. Alberts est en permission. Sa femme vient d'accoucher…
- Et bien, vous allez être obligée de supporter Jack 2, il me semble. Vous n'avez pas à vous plaindre. A votre place, je crois même que je ferais un petit essai. Pour voir…
- Janet !
- Pourquoi pas ?
- En effet… Vous ne m'aidez pas vraiment docteur !
Teal'c passa la matinée en salle de gym comme tous les matins où il n'était pas assigné à une mission. L'absence du colonel le surprenait. O'Neill tenait absolument à lui inculquer les rudiments de ce sport britannique, la boxe. Jamais il n'avait manqué un de leur rendez-vous. Sur le coup de 11 heures, il décida de partir à sa recherche et obtint de l'ordonnance la même réponse que Carter. Le colonel n'était pas à la base.
Sans doute Daniel Jackson saurait où O'Neill s'était rendu. Mais l'archéologue était introuvable, sans doute occupé à répertorier ses trouvailles et celles des autres équipes dans un entrepôt du niveau 23.
Le major Carter le renseignerait sûrement. Sur le pas de la porte, il observa un moment le manège du double de O'Neill. Le mécontentement se lisait clairement sur le visage du grand Jaffa. L'attitude du major Carter était sans nul doute encore plus déroutante. Les joues rosies par l'excitation de la recherche, le sourire aux lèvres, elle se penchait vers ce Jack O'Neill tout en parlant. Elle était transformée.
Teal'c se surprit à penser que son O'Neill avait mal choisi son moment pour déserter le SGC.
- Major Carter ?
- Teal'c ! dit Sam en se reculant brusquement.
Une brassée de documents se répandit sur le sol. Jack 2 regarda le Jaffa avec surprise. Le son de sa voix indiquait claireemnt sa désapprobation. Pour qui se prenait-il ? Sam n'était pas la propriété de son double et le Jaffa avait tort de se mêler de ses affaires. Il sentait bien que Sam partirait avec lui.
- Bonjour Teal'c, dit-il d'une voix parfaitement maîtrisée.
- Bonjour Jack O'Neill. Je suis à la recherche du colonel O'Neill, dit-t-il en insistant sur le grade.
- Je l'ai aperçu ce matin, vers 08:45 heures.
- Il n'est pas à la base Teal'c.
- En connaissez-vous la raison major Carter ?
- Oui… Non ! Je ne sais pas !
- ??
- Je me suis disputée avec le colonel ce matin, mais je ne crois pas que ce soit la raison de son absence.
- Je vois. Sauriez-vous où je peux le trouver ?
- Je n'en ai aucune idée ! Vous devriez essayer de le joindre sur son portable.
- J'ai déjà essayé. J'ai laissé deux messages sur son répondeur sans succès.
- Désolée Teal'c, répondit Sam, visiblement contrariée. Je n'en sais pas plus.
- Dans ce cas, je vais méditer, annoça le Jaffa en lançant un regard noir à Jack 2.
- Vous allez bien Teal'c ?
- Parfaitement bien major. Mais je crains qu'il n'en soit pas de même pour O'Neill, déclara le Jaffa en tournant les talons.
- Il est toujours aussi menaçant ? Brrr…
- Je crois qu'il est inquiet Jack. Ce n'est pas dans les habitudes du colonel de ne pas nous avertir quand il quitte le SGC.
- Ah bon ?
- Je vais aller voir le général. Je vous avoue que je voudrais bien récupérer le programme dont vous me parliez tout à l'heure. S'il m'autorisait à aller le chercher avec vous, je crois que nous gagnerions du temps et nous retarderions les effets de l'entropie. Qu'en pensez-vous ? Vous seriez d'accord ?
- Evidemment ! Je crois que j'ai déjà abordé le sujet avec vous Sam. Vous connaissez mes sentiments.
- Ne recommencez pas ou j'envoie Teal'c les chercher à ma place !
- Je me tais !
Le général écoutait le major Carter exposer ses intentions. A la fois l'idée lui paraissait excellente et le dérangeait. Le monde de ce O'Neill était provisoirement sûr et rien ne s'opposait au départ de Carter. Mais son intuiton lui soufflait que quelque chose ne tournait pas rond.
- Major, pourquoi monsieur O'Neill ne retourne-t-il pas tout simplement chercher les données ? Il me semble qu'il l'a fait une fois et qu'il peut aisément le refaire.
- Ce n'est pas si simple mon général. Les programmes en question tournent déjà à la IGGF. Il serait plus judicieux que je puisse observer leur maniement sur place.
- Je vois. Quand vous proposez-vous de partir major ?
- Le plus rapidement possible. Monsieur O'Neill ne subit pas encore les effets de l'entropie en cascade. Inutile de l'exposer à des risques inutiles en le faisant rester plus longtemps que nécessaire. En outre, je crois pouvoir rapporter quelques exemplaires de leur technologie qui nous seraient particulièrement utiles.
- Major Carter, je ne vous cache pas que cette solution ne me plait pas. Mais si vous n'avez pas d'autre choix, je vous laisse partir. Je posterai deux airmen à côté du miroir quantique. Vous déciderez vous-même d'un mot de passe. Ainsi, il vous sera plus facile de retrouver votre chemin jusqu'ici.
- Ce n'est pas nécessaire mon général. Dans la réalité de monsieur O'Neill, le contrôle du miroir est total. La commande agit comme notre DHD.
- C'est à ce genre de technologie que vous faites allusion major ?
- Tout à fait monsieur.
- Dans ces conditions, vous avez le feu vert. Vous partirez à 15:00 heures. Je vous donne 48 heures major. Au bout de ce temps, j'enverrai SG-1 vous récupérer.
- Bien mon général ! Merci !
O'Neill paya le taxi et tituba jusqu'au poste de garde. Il fallait absolument qu'il voit Sam et qu'elle l'excuse pour son éclat de ce matin.
L'airman garda un visage totalement impassible et lui fit signe de passer. Jamais il n'avait vu l'illustre colonel Jack O'Neill revenir à la base dans un état pareil. Il espérait pour lui qu'il ne rencontrerait personne pendant la descente jusqu'au quartier des officiers. A la place du colonel, il serait rentré tranquillement chez lui pour dessaoûler.
- Carter ? C'est moi ! Ouvrez Sam !
Daniel sortit de sa chambre. Il venait juste de se coucher quand il avait entendu les cris de Jack.
- Sam n'est pas là. Elle est partie avec l'autre Jack cet après-midi. Elle ne pouvait pas poursuivre ses observations au SGC.
- Elle… Elle est partie ? balbutia Jack avant de s'effondrer en glissant contre la cloison. Il se prit la tête dans les mains. Je ne voulais pas qu'elle parte. J'aurais dû lui dire ce qu'elle voulait entendre…
- Qu'est-ce qui se passe Jack ? Vous allez bien ?
- Un peu trop picolé Daniel.
- Vous avez bu ?
- Et j'ai même fumé mes deux paquets aujourd'hui !
- Jack ! Si vous m'expliquiez ce qui se passe ? dit Daniel en s'approchant.
Il s'accroupit à côté de Jack. L'odeur d'alcool était épouvantable. Il chassa les vapeurs d'un geste futile de la main et entreprit de redresser Jack.
- Vous allez m'expliquer tout ça. D'après ce que m'a déjà dit Teal'c, je crois que j'ai une vague idée.
- Je vais vomir.
- Attendez d'être dans les toilettes Jack, s'il vous plait !
- D'… D'accord.
- Très bien ! Allez on y va ! Vous pouvez marcher ?
- Bien sûr !
- Si vous le dites…
Daniel regardait Jack en essayant de garder son sérieux.
- … Je savais bien qu'elle disait tout ça pour me rendre jaloux. Mais j'ai rien voulu dire. Et maintenant elle est partie… gémissait Jack entre deux nausées.
- Elle est partie en MISSION, Jack !
- Je… crois pas ! dit O'Neill avec un hoquet.
- De toute façon, c'est mieux qu'elle ne vous voit pas dans cet état. Je vais vous laisser vous reposer et je vais me coucher chez vous. Vous avez une cafetière sur la table de nuit et si ça ne va pas, appelez-moi !
Un ronflement sonore lui répondit. Daniel prit son magnétophone, ses lunettes et quitta sa chambre. Pauvre vieux ! Alors que Sam était folle de lui. Quels idiots ils faisaient tous les deux !
Il fut tiré de son sommeil par l'alarme qui s'était déclenchée dans la base. Il mit un certain temps avant de se souvenir qu'il dormait dans les quartiers de Jack.
Il alluma la lumière et jeta un coup d'œil à sa montre. Trois heures vingt.
Après avoir mis ses lunettes, il se prit les pieds dans le fil du casque et le magnétophone rebondit sur le sol. Il jura et sortit de la pièce pour trouver Jack, hébété au milieu du couloir.
Une annonce couvrit le son lancinant de l'alarme.
SG-1 est demandé en salle de briefing immédiatement. Je répète. SG-1 est demandé en salle de briefing immédiatement.
- Jack venez vite ! Je vais vous mettre sous la douche. Vous ne pouvez pas voir le général dans cet état !
O'Neill aquiesca d'un signe de tête. Il grimaça de douleur.
- Ce n'est pas votre jour on dirait ! Venez ! On en aura pour quelques minutes. Teal'c aidez-moi à le porter !
- Je le porterai Daniel Jackson. Habillez-vous !
- Heu… D'accord. Je vous rejoins aux douches.
- Ce ne sera pas nécessaire.
- Bien. Alors on se retrouve au briefing.
Le général commençait à s'impatienter. Le docteur Jackson rongeait son frein en regardant Jack 2 avec des lueurs de meurtre au fond des yeux. O'Neill fit son entrée. Il porta la main devant son visage pour se protéger de la lumière et tomba comme un sac sur le premier siège venu. Teal'c prit place, impassible comme à son habitude.
- Un réveil difficile colonel ?
- On peut dire ça comme ça…
- Messieurs, j'ai peur d'avoir à vous annoncer de mauvaises nouvelles, attaqua le général. Monsieur O'Neill nous a rejoint précipitamment cette nuit. Je le laisse vous faire part des informations qui sont en sa possession.
- Général, colonel, messieurs, dit Jack 2 en se levant, je suis au regret de vous annoncer que la Terre a subi cette nuit une attaque Gould. La porte de la galaxie est tombée aux mains des gardes jaffas à exactement 02:47 heures. Le major Carter et nos forces de sécurité ont résisté vaillamment mais elles ont été débordées, poursuivait Jack 2.
- Qu'est-ce que vous êtes en train de nous dire ?! s'écria le colonel. Où est Carter ?
- J'allais y venir. Le major Carter a été abattue devant mes yeux. Nous n'avons rien pu faire pour empêcher ce massacre. Nos pertes se montent à plus de 50 personnes.
- Vous avez ramené le corps, gronda O'Neill.
- Non.
- Comment ça non ? Vous avez laissé Sam là-bas ? Je vais vous tuer de mes propres mains ! hurla le colonel en bondissant vers son double.
- Colonel O'Neill, vous ne ferez rien de tel. Laissez notre hôte terminer, s'interposa Hammond sèchement.
- Je suis au regret de vous informer que les Jaffas ont emmené les corps qui se trouvaient dans la salle d'embarquement. Bien que je n'en comprenne pas la raison, vingt-deux personnes sont manquantes. Le plus étrange est qu'il s'agit de la totalité du personnel féminin de la salle de contrôle en poste à cette heure. Il portaient le même tatouage que Teal'c.
- Vous avez vu le double de Teal'c ?
- A vrai dire c'était lui qui menait l'assaut, colonel.
- Ce sont des gardes serpents. Apophis ? C'est pas vrai ! dit O'Neill entre ses dents, les poings serrés.
- Apophis ? Mais de quoi parlez-vous ?
- Pas encore, murmura Daniel.
- Mon général ! Permission d'aller secourir le major Carter !
- Permission refusée colonel. Même si Apophis dispose de sarcophages, nous n'avons aucune idée de l'endroit où il a emmené le major et votre personnel, acheva Hammond en se tournant vers Jack 2.
- Des sarcophages ? Qui est cet Apophis ?
- Un faux dieu, dit sobrement le Jaffa dont les yeux brillaient de colère.
- Je vous expliquerais, dit Daniel.
- Je peux trouver où ils sont allés ! Nous avons les coordonnées en mémoire général ! s'exclama Jack 2.
- Général ? s'impatientait le colonel.
- Dans ce cas, j'autorise une mission de sauvetage. SG-1, vous allez repartir avec monsieur O'Neill. Teal'c n'oubliez pas que vous êtes le primat d'Apophis dans cette réalité. Au moindre signe de malaise, je vous demanderais de revenir au SGC !
- Ce ne sera pas nécessaire, général Hammond.
- Cet ordre est valable pour vous colonel !
- Très bien mon général. Pouvons-nous partir immédiatement ?
- Je vous le conseille messieurs ! Et bonne chance ! Je posterais des gardes devant le miroir quantique pour éviter toute intrusion alien. Vous pouvez disposer !
- Jack, si ce guignol lui met un serpent dans la tête, vous êtes un homme mort !
- Je vous seconderais avec plaisir O'Neill.
- Et vous pouvez compter sur moi pour les aider, monsieur O'Neill, conclut Daniel.
Le général Hammond s'abstint de tout commentaire.
La salle d'embarquement de la porte de la galaxie avait été totalement dévastée. Des marques d'armes de poing jaffa constellaient les murs et la porte de communication avec le reste de la base avait été pulvérisée. Jack O'Neill se précipita pour entrer les coordonnées pendant que SG-1 prenait position en bas de la rampe grillagée. Le disque interne se mit en branle et un léger dégagement de fumée signala que la rotation prenait de la vitesse. Le premier chevron s'enclencha. Jack 2 leur cria quelque chose mais le son de sa voix était couvert par le grondement de la porte.
- Plus vite, plus vite.
- Patience O'Neill. Ils n'ont qu'une heure d'avance.
- Une heures et douze minutes, dit sombrement le colonel.
- Ca ne changera pas grand chose, dit platement Daniel, surpris d'entendre à quel point ces quelques mots sonnaient faux. Nous allons la sauver Jack, ca ne fait aucun doute !
- Si nous arrivons trop tard, la Tok'ra lui enlèvera cet saloperie. Mais je préférerais arriver à temps.
Chevron 6 enclenché…. continuait la voix artificielle.
- Je viens avec vous ! hurla Jack 2 dans le micro.
- Pas dans cette vie, murmura Jack en se précipitant dans le vortex qui venait de s'ouvrir.
Ses deux compagnons le suivirent sans hésitation. Ils furent propulsés dans le tunnel pendant un temps qui leur parut considérable. Quand le vortex les recracha, gelés et titubants, ils virent la silhouette du colonel O'Neill qui zigzagait entre les rochers.
Le champ gravitationnel s'effondra. Jack 2 ne les avait pas suivis. Du moins, c'était à espérer.
Teal'c étudia les traces et partit lentement sur les pas de O'Neill en scrutant le sol.
Si les Goa'Ulds avaient utilisé des anneaux, les probabilités de retrouver le major Carter étaient infimes. Il estimait que c'était suffisant.
Le Jaffa scrutait le sol. Il se baissa et laissa courir ses doigts sur les marques fraîches. Le groupe qui les avait précédés se composait d'au moins 70 personnes, Jaffas, Goa'Ulds et otages confondus. A la profondeur des empreintes, il était clair que certains étaient lourdement chargés. Cela signifiait qu'Apophis comptait utiliser des corps.
Daniel enregistrait autant d'images possibles de ce monde. Il filma également la piste et se mit à courir pour rejoindre Jack. Il le trouva allongé à plat ventre quelques centaines de mètre plus loin. Il observait un village à la jumelle.
- Alors ?
- Je vois des Jaffas, mais ça ne prouve rien. Est-ce que quelqu'un a fait attention aux coordonnées que ce crétin a entrées ?
- Nous sommes sur Chulak.
- C'est bien ce que je pensais. Je me disais bien que j'avais déjà vu ça quelque part. Et bien au moins, nous savons déjà ce qu'il faut éviter de faire. Et à quel endroit faire une brêche pour sortir les otages.
- Jack ?
- Oui.
- Vous oubliez que Sam a été tuée.
- Je sais. Mais je préfère m'occuper de cette histoire de sarcophage moi-même.
- Vous avez un plan ?
- On rentre, on retrouve Carter, on la ranime, on libère les otages et on rentre à la maison. Enfin on rentre sur Terre, enfin sur l'autre Terre…
- Et vous faites ça comment ?
- Comme d'habitude ! On tire dans le tas.
- D'accord, dit Daniel en soupirant.
- Teal'c ?
- Oui O'Neill ?
- Où se trouve le sarcophage ?
- Je vous conduirai O'Neill.
- Et bien voilà ! Pas de problème ! Une idée de l'endroit où Apophis stocke les corps ?
Daniel frissonna. Jack était en mode militaire. Sa voix claquait sèche et précise. Il estima qu'il était inutile de discuter. En cherchant un kleenex, il trouva un petit appareil dont les diodes clignotaient. Il se mit à l'examiner pendant que Teal'c et Jack établissait le plan de campagne.
- Jack ?
- Quoi encore ?
- Je crois que Jack… heu… votre double, nous a laissé ses petits détecteurs…
- Et ?
- Et je pense que… heu… ce que je vois sur l'écran est une visualisation des déplacements des gardes serpents à l'intérieur du bâtiment.
- Puis-je regarder Daniel Jackson ?
- Faites donc Teal'c !
- Je pense que Daniel Jackson a raison, O'Neill.
- Parfait, nous pourrons même éviter les Jaffas ! Allez ! On y va !
Jack O'Neill regarda la porte se refermer. Après tout, il n'était pas suffisamment entraîné pour les suivre. Il jeta un coup d'œil à sa montre. Les aliens avaient passé la porte depuis un peu plus d'une heure. Pourvu que Daniel trouve le détecteur, que j'ai au moins l'impression d'avoir fait quelque chose d'utile.
Il se repassa le film de l'attaque surprise. Toute la base avait été envahie en moins de 20 minutes. Trop confiants, ils n'avaient pas pris la peine d'installer les sécurités mimimales destinées à prévenir une invasion. Une chance que les armées de ce Gould se soient retirées. Ca lui laissait le temps de mettre au point une stratégie de défense. Il n'avait pas d'autre alternative que de faire appel à l'armée pour défendre le complexe. Il fallait aussi qu'il fasse venir un toubib. Décrochant son téléphone, il composa le numéro de téléphone du chef d'Etat-Major, en espérant d'être suffisamment convaincant.
A sa grande surprise, les troupes arrivèrent rapidement. La base la plus proche était à moins d'une heure de vol. Les militaires se déployèrent dans la base et mirent immédiatement en place un hôpital de campagne. Toutes les issues furent sécurisées. Des ingénieurs de l'Armée de l'air planchaient en outre sur une protection qui garantirait la fermeture de la porte en cas d'ouverture du vortex par l'ennemi. Les spécifications de Carter servaient de base de travail.
Satisfait, Jack 2 se mit au clavier et entreprit de craquer les bases de données ultra-secrètes du Pentagone dans l'espoir insensée de retrouver la Carter qui vivait dans son monde. Au bout de quelques heures et de plusieurs litres de café, il reconnut enfin son échec. Rien. Un colonel Carter avait bien disparu en mission au-dessus du Nicaragua, quatorze ans plus tôt. A part ça, pas de trace de Samantha. Il vit qu'il était presque 11 heures. Parfait ! Ils sont debout à Washington ! Je vais faire appel aux services de l'état-civil.
Jack 2 trépignait à côté de son fax. Ils avaient dit qu'ils envoyaient les documents immédiatement ! Quel bande d'incapables…
La machine se mit enfin à cracher le listing. Il arracha les premières feuilles.
Rien qui correspondait… A moins que…
Samantha Elizabeth Carter, née le… décédée le…
Son père devait être ce colonel Carter… Il était mort 2 ans après sa fille.
Il se connecta sur Internet et fit une recherche dans les avis de décès du Washington Post.
Jacob Carter a la douleur de vous faire part du décès de son épouse… et de sa fille…tragique accident…
Voilà pourquoi il n'y avait pas de Carter dans son monde. Elle était morte en même temps que sa mère dans un accident de voiture. Elle avait à peine 15 ans. Et aujourd'hui, à cause de son insouciance, il avait laissé tuer le major par ces Jaffas. La peine qu'il ressentait était telle qu'il avait du mal à imaginer ce que pouvait ressentir son double. Jamais il n'aurait dû tenter de la séduire. Il avait vu au premier coup d'œil que l'officier était fou de Sam. Il avait juste enfoncé des portes ouvertes, puisque les relations du major et du colonel étaient au point mort. Dire qu'il s'en voulait étant bien en deçà de la vérité. S'il avait été le colonel O'Neill… Mais il n'était que son double. Un informaticien brillant dénué de scrupules. Quel gâchis.
Les trois hommes se cachèrent dans l'ombre d'une colonne au passage des jaffas. Le petit appareil de Jack 2 leur facilitait grandement la tâche. Le pas rythmé et lourd des gardes serpents martelait les dalles de marbre. Le bruit décrut et ils sortirent de leur cachette.
- Teal'c, vous avez fini d'installer le C4 ?
- Oui.
- Daniel, on fait ce qui est prévu. Dès que vous entendez les explosions, vous libérez les prisonniers. On se retrouve à la porte.
- Entendu, répondit Daniel qui se faufila comme une ombre jusqu'à la sortie.
Des prêtres le dépassèrent sans lui prêter attention. Une fois à l'air libre, il contourna le bâtiment. Il s'éloigna dans les bosquets en déroulant la mèche. Il n'avait plus qu'à attendre.
Teal'c avait enfilé un uniforme jaffa dérobé sur le garde dont il avait vaporisé le cadavre. Il inclina la tête en direction de O'Neill et pénétra dans la grande salle. Des servantes s'affairaient autour d'Apophis et de sa suite. Au centre de la pièce, un lit surélevé. Derrière Apophis, le sarcophage. Teal'c avança jusqu'à Apophis puis le contourna. Il devait rejoindre la salle des gardes et neutraliser son double. Il s'aquitta de sa mission sans coup férir. La surprise du primat fut telle qu'il avait succombé avant de pouvoir réagir. Il interrogea les gardes. Les esclaves étaient prêtes à devenir des hôtes.
Quant à Samantha, son cadavre gisait à l'étage supérieur. Son visage était atrocement défiguré par une décharge d'arme jaffa et la moitié de ses cheveux étaient carbonisés et collés sur son visage. Son uniforme portait deux traces d'impact. Les chairs présentaient des lésions profondes que la chaleur avait cautérisées. Teal'c souleva doucement le major en la soutenant sous les bras et les jambes. Portant le major, il redescendit dans la grande salle dans l'indifférence des Jaffas.
Il la présenta à Apophis et attendit son approbation pour placer le corps dans le sarcophage.
Teal'c inclina la tête et déposa le corps sans vie. Le sarcophage se referma.
Au vu des blessures, il estimait que la régénération serait longue. Il fallait qu'il fasse patienter O'Neill. Il allait sortir quand Apophis le rappela.
- Teal'c, tu m'as bien servi. Je saurai te récompenser !
- Apophis, répondit Teal'c en s'inclinant..
- Va me chercher une des femmes. Nous allons voir si nos enfants apprécient toujours ces Tauris.
Le jaffa s'inclina à nouveau et appela un des gardes. Ils sortirent ensemble. Les portes de la grande salle se refermèrent derrière eux. Teal'c se retourna et fit signe à O'Neill de rester à couvert. Il donna quelques ordres brefs et le Jaffa fit quelques pas vers les oubliettes. Teal'c sortit son zat, visa et tira à deux reprises. Jack endossa l'uniforme jaffa, ferma la visière serpentine et vaporisa le cadavre et ses propres vêtements.
Les deux hommes s'éloignèrent sans un mot.
Teal'c se débarrassa des gardes des oubliettes en donnant quelques ordres brefs. L'efficacité du Jaffa était terrifiante. O'Neill se remémorait leur rencontre. Une chance que Teal'c ait choisi d'être de leur côté. Sans attendre, ils pénétrèrent dans la grande salle. Un groupe d'une vingtaine de femmes en uniforme de la IGGF s'était réfugié dans un coin. Une centaine d'autres prisonniers attendaient en tremblant. On entendait des plaintes et des pleurs.
Un enfant d'environ cinq ans échappa à la surveillance de sa mère et se mit à courir en direction de O'Neill. Les hurlements et les pleurs redoublèrent. La mère éplorée se précipita pour sauver le petit et tomba à genoux devant le colonel en marmonnant des prières incompréhensibles. Jack la releva, baissa sa visière et lui fit un sourire. La femme interdite arrêta ses supplications et le fixa interdite. Jack mit son index devant ses lèvres et lui fit un clin d'œil.
- Allez Teal'c ! On y va ! Il faut qu'ils s'éloignent du mur et qu'ils ne bougent plus. Vous croyez pouvoir leur expliquer ?
- Je vais essayer.
Les malheureux prisonniers n'opposèrent aucun résistance et s'agglutinèrent dans l'ombre à l'endroit que leur indiquaient les deux hommes.
- Qui est Janice Wilson, demanda alors O'Neill en haussant la voix.
- C'est moi !
- Suivez-nous. Je suis désolé, mais j'ai besoin de vous pour exécuter mon plan.
- Monsieur O'Neill ?
- Non. Mais je suis bien mieux que lui. Vous pouvez me faire confiance.
Les deux Jaffas et la jeune femme sortirent de la salle et Teal'c referma soigneusement les grilles derrière lui. Puis il reprirent le corridor en sens inverse en éteignant au fur et à mesure toutes les lumières.
Cela faisait plusieurs fois que le général Hammond descendait au niveau 23. Toujours aucune nouvelle de son équipe. Il avait pu brièvement converser avec le double du colonel qui avait confirmé ses craintes. SG-1 n'était toujours pas rentré au complexe jumeau. Ils n'avaient pas non plus repris contact. Le général avait pris sur lui de ne pas avertir sa hiérarchie des derniers événements.
Il était pleinement responsable de ce qui était arrivé au major Carter. Ce miroir quantique n'était qu'une source sans fin de problèmes et de catastrophes. Il devrait se résoudre à le détruire…
Le fait de revivre par personne interposée les heures d'angoisse qu'il avait déjà vécu lors de la première mission de SG-1 et SG-2 était particulièrement odieux. Mais il ne pouvait blâmer ce civil. L'attaque avait été aussi inattendue que soudaine. Apparemment, Apophis cherchait des hôtes. S'il avait voulu envahir la Terre, il aurait pu le faire sans résistance, mais il avait ordonné la retraite. La situation de la IGGF n'était pas désespérée. Il fallait juste que ce O'Neill se remue un peu les fesses et qu'il se préoccupe de sécurité au lieu de faire les yeux doux à Sam Carter.
Si la situation l'avait amusé au départ, il reconnaissait avoir eu tort de laisser faire. Le major avait eu l'air d'apprécier la compagnie du double du colonel. Elle n'était plus sur ses gardes.
Si le colonel ne sauvait pas Sam, jamais il ne se le pardonnerait.
- Surtout ne dites rien et faites ce qu'Apophis vous demande.
- Apophis ? demanda la technicienne.
- Le grand avec les vêtements de carnaval, les yeux au khôl et la voix bizarre. Vous ne pouvez pas le manquer.
- D'accord.
- Il faudra que vous ayez l'air effrayé. Vous avez le droit de crier et de vous débattre, ça nous fera gagner un peu de temps.
- Je suis effrayée !
- Parfait ! Vous n'avez rien à craindre. Je vous le promets , dit Jack en la prenant par les épaules. Vous êtes très courageuse Janice ! Cet abruti de Jack a intérêt de² vous donner une augmentation !
- Qui êtes-vous ?
- Ce n'est pas le moment. Je vous expliquerai plus tard. Vous êtes prête ? Teal'c ?
- Je suis prêt.
- Alors ! En piste !
Teal'c et O'Neill se retrouvèrent devant Apophis. Ils traînaient entre eux Janice qui hurlait et gesticulait de toutes ses forces.
Un sourire cruel retroussa les lèvres du faux dieu. Il s'approcha de la jeune femme que maîtrisaient les deux "jaffas" et lui caressa les cheveux. Janice lui cracha au visage. Apophis se mit à sourire à pleines dents.
Elle en fait peut-être un peu trop, se demanda O'Neill. Si Apophis se servait de son bracelet, ils seraient impuissants à empêcher que la technicienne soit réduite à l'état de légume. Il la secoua brutalement. Elle cessa immédiatement de se débattre et baissa la tête en tremblant. Heureusement qu'elle n'a pas choisi d'être comédienne. Cette fille est une véritable catastrophe.
Le dieu fit un signe à Teal'c et le Jaffa déchira les vêtements de Janice. Elle se mit à hurler. Apophis se recula de quelques pas pour la détailler à sa guise et éclata de rire. Sur un autre signe, un jaffa s'approcha et le dieu introduisit la main dans la poche abdominale pour en extraire le symbiote. La larve se tordit dans sa main et fit un bruit inarticulé.
Teal'c empoigna la jeune femme qui se contorsionnait en hurlant et l'allongea de force sur la couche surélevée.
O'Neill en profita pour s'éclipser. Accroupi à côté du sarcophage, il sortit de sa poche la télécommande et appuya sur le déclencheur. Des explosions en série firent trembler le bâtiment. Un grondement infernal se répercuta dans la salle quand l'aile droite s'effondra sous la poussées des explosifs. Apophis remit en hâte le Goa'Uld à l'abri et s'enfuit par une porte dérobée en appelant ses Jaffas.
Pendant que Teal'c s'occupait de la jeune femme et la recouvrait d'une soierie ramassée sur le trône du faux dieu, Jack actionna le mécanisme du sarcophage. La lumière l'aveugla mais il ne cilla pas. Il vérifia rapidement le pouls, écarta l'uniforme pour regarder l'évolution des blessures, repoussa une mèche de cheveux qui cachait le visage de Sam et la prit dans ses bras pour la sortir du sarcophage.
Elle soupira et retomba sur son épaule. Il se releva et sortit au pas de course suivi par Teal'c et Janice.
- Laissez-moi la porter O'Neill !
- Ce ne sera pas nécessaire Teal'c. Emmenez Janice à la porte. Si Apophis a rejoint son vaisseau, Daniel risque d'avoir des ennuis. Je vous suis ! Ne m'attendez pas !
Gravas et décombres rendaient la marche difficile. Partout on entendait des râles d'agonie ou des hurlements de détresse. O'Neill piétinaient les corps démembrés et se tordait les pieds sur les éboulis.
Sam, à moitié consciente, mit ses bras autour de son cou en murmurant. O'Neill accéléra le pas et sortir enfin à l'air libre. Teal'c disparaissait dans le lointain, la jeune technicienne sur ses talons. Il déposa avec précaution son fardeau et empoigna son walkie pour prévenir Daniel. Seuls des parasites lui répondirent. Il étouffa un juron, mit Sam sur son épaule et se remit à courir.
- Vite ! Vite ! Dépêchez-vous, hurlait l'archéologue en poussant les anciens prisonniers dans la flaque bleutée qui fluctuait.
Quelqu'un trébucha et fit tomber plusieurs personnes. Daniel se précipita pour les relever en continuant de scruter le ciel. Plus qu'une dizaine, et il pourrait laisser la porte se refermer. Il contrôla l'écran du détecteur mais aucun objet volant ou terrestre n'apparaissait sur l'écran. A part… Un seul objet… Est-ce que ça pouvait être Teal'c ? Sans attendre d'avoir la réponse, il se précipita à la suite du dernier réfugié et fut absorbé par le vortex.
- Où est Sam ! lui hurla Jack 2 quand l'archéologue se reçut en courant sur la rampe métallique.
- Derrière, avec Jack et Teal'c.
- Vous en êtes sûr ?
- Non.
Sa réponse fut ponctuée par le grondement du vortex qui se refermait derrière lui.
- Il faut que je vois le général Hammond immédiatement ! ordonna Daniel. Ils vont avoir besoin de renforts !
- Les militaires sont ici.
- Les militaires ? De votre réalité ?
- Oui.
- Q'ils n'interviennent surtout pas ! Il me faut SG-2 et SG-4 !
- Quand ?
- Depuis un quart d'heure.
- Je comprends suivez-moi !
Teal'c attendait O'Neill. Il hésitait à composer l'adresse de la Terre et à partir avec Janice sans ses deux compagnons. La fatigue de la course et les événements de la journée avaient anéanti la jeune femme qui pleurait silencieusement appuyée contre la porte. Soudain Teal'c l'entraîna brutalement dans les fourrés en lui désignant un point qui se rapprochait dans le ciel. Le vaisseau d'Apophis plongea avec grâce en direction de la porte et se stabilisa en attente. Une série d'anneau transporta Apophis et ses gardes Jaffas sur le sol. Apophis donna des ordres gutturaux et franchit le vortex en courant suivi par deux gardes serpents. Les six autres se positionnèrent en arc de cercle devant les marches qui conduisaient au cercle de naquadah et le vaisseau repartit. La porte se referma.
Tout cela n'avait pris que quelques secondes. Janice avait cessé de se débattre et Teal'c la libéra. Tapi dans les hautes herbes, l'ancien primat observait la ligne de défense d'air pensif. Un léger bruissement attira son attention et il se retourna d'un bloc son arme au poing. Jack déposa Sam toujours inconsciente et s'assit en retenant sa respiration. En dépit de l'épuisement qui se lisaient sur ses traits, il prit immédiatement la direction des opérations.
- Jaffa ! Kree ! hurla Teal'c en se campa sur ses deux jambes légèrement écartées.
Les gardes hésitèrent. Rassurés à la vue des deux humains entravés, ils relâchèrent leur défense. Teal'c s'approcha son bâton au côté et élimina le premier Jaffa. Au cri poussé par le garde, les cinq autres le mirent immédiateemnt en joue, mais déjà Teal'c refaisait feu. Jack, de son côté, en assommait deux autres à coup de zat, tandis que Janice abattait froidement le dernier garde avec un petit revolver d'ordonnance. Jack fit disparaître les corps, tandis que Janice restrait prostrée, l'arme pendant au bout son bras. Elle commença à trembler de tous ses membres. Teal'c voulut la calmer mais il déclencha une crise d'hystérie. Jack s'approcha vivement et la gifla à la volée. Elle tomba dans les bras du Jaffa en sanglotant.
- Des nouvelles de Daniel ?
- Je pense qu'il a évacué les réfugiés avant notre arrivée.
- Bien, on rentre, composez l'adresse Teal'c, je vais chercher Sam.
- Le sarcophage a-t-il fait son office ?
- Pas entièrement, mais je pense que ça ira.
Teal'c appuya sur les glyphes en soutenant la malheureuse technicienne en pleine crise de nerfs. Au moment où sa main se posait sur le dôme rubis, la porte gronda et le champ gravitationnel ondula dans le grand cercle. Le jaffa se baissa pour ramasser son arme.
- Ne bouge pas Jaffa !
- Arrêtez ! Arrêtez ! C'est Teal'c ! hurla Daniel en se précipitant à la rencontre du colonel. Comment va-t-elle ?
- Pas très fort. Mais elle est en vie, dit Jack en la serrant farouchement contre lui en voyant Jack 2 passer traverser le rideau mouvant. Pourquoi l'avez-vous emmener Daniel ? demanda-t-il sans se préoccuper d'interroger directement l'intéressé.
- Je n'ai pas pu l'en dissuader.
- Venez Daniel, on s'en va, cet endroit me déprime. Teal'c ?
- Je vous suis O'Neill. Lassez-moi composer l'adresse.
- Désolé les gars, mais on boira l'apéro à la maison ! Vous êtes venus pour rien ! déclara O'Neill.
SG-2 et SG-4 vinrent se placer autour des quatre équipiers réunis. Le tunnel interdimensionnel s'établit et tous s'engagèrent dans le vortex le sourire aux lèvres.
Jack se tenait debout devant le réfrigérateur ouvert. Il se pencha et prit une bière qu'il décapsulsa. Il fit le tour du comptoir et descendit les quelques marches qui menaient au salon pour aller s'avachir devant son téléviseur. Il jeta un regard à sa montre et constata ravi qu'il avait une bonne demie-heure avant l'arrivée de ses invités. Il prit la télécommande sur la table basse et lança la lecture du dvd qu'il venait d'acheter. Une musique tonique retentit dans la pièce et des personnages jaunes et sautillants envahirent l'écran. Il enroula son index autour du goulot de la bouteille et avala une gorgée de bière en souriant béatement à la vue de Bart. Des années qu'il attendait la sortie de ces disques. Satisfait, il plongea sa main libre dans un bol de cacahètes et posa ses pieds sur la table basse.
Il étouffa un juron. Les bottes le serraient beaucoup trop. Il allait avoir mal toute la soirée. Il passa un doigt entre le cuir et sa jambe de pantalon avec une grimace et desserra la sangle de son coutelas. Au moins la chemise était parfaite…
La sonnette lui fit oublier ses ennuis vestimentaires. Il se précipita dans la cuisine pour prendre le carton de bonbons qu'il avait préparé en rentrant, attrapa son fouet et mit son chapeau.
- Des bonbons ou du bâton ? s'écria-t-il en ouvrant largment la porte d'entrée.
- Heu, pardon, c'est moi…
- Je vois bien. Je me demande ce qui m'a pris de vous inviter Jack ! Non, ne répondez pas ! C'était purement rhétorique ! Est-ce que vous pouvez m'expliquer pourquoi vous n'êtes pas déguisé ?
- Je suis déguisé ! Vous ne devinez pas ? Le jean, le tee-shirt, la coupe de cheveux ?
- Non, vraiment pas… En tout cas vos cheveux ont poussé en trois semaines.
- C'est une perruque ! Et je vous assure que j'ai eu un mal fou à la trouver !
- Je le savais, dit Jack 1 d'un air sombre. Allez entrez, ne restez pas dans les courants d'air. Vous croyez que je chauffe dehors ?
- Excusez-moi, mais c'est vous qui m'empêchez de rentrer !
- Ne commencez pas ou je vous laisse dehors !
Les deux hommes s'observèrent en souriant.
- En tout cas, moi je sais en quoi vous êtes déguisé !
- Ah oui, gros malin ! Comme si c'était un secret !
- Vous êtes Junior !
- Pas du tout !?
- C'est pourtant ce que dit Sean Connery à la fin du troisième film…
- Cinéphile en plus ! Ne vous avisez pas de m'appeler comme ça ou je vous fais repasser le miroir quantique à coup de fouet mon cher !
- C'est les Simpsons ? C'est ma série préférée ! Je peux ? éluda Jack 1 en se collant devant la TV.
- Vous avez semé les autres ou quoi ?
- Daniel a voulu s'arrêter pour prendre des pizzas…
- Je vois.
La sonnette retentit.
- J'y vais ! s'écria Jack 2.
- Si vous voulez. N'oubliez pas les bonbons !
- Ah oui, bien sûr… Des bonbons ou du bâton ? dit Jack 2 en ouvrant la porte. Oh mon dieu Sam ! Vous êtes ravissante !
- Mon colonel ?
- Non, c'est moi ! Jack !
- Mon dieu ! Vous vous êtes déguisé en…
- Ne le dites pas ! Jack n'a pas deviné !
- Il va être furieux !
- Ah bon ? Bonjour Daniel ! Vous n'avez pas froid ?
- Si, un peu… heu… je peux entrer avant de tomber raide ? répondit Daniel en grelottant.
- Excusez-moi, mais je peux vous demandez…
- Bien sûr ! Je suis Fred Pierrafeu. Archéologue, dit Daniel.
- Aaaaahh !!
- Ce n'est pas ressemblant ?
- Si, si ! J'aime beaucoup la cravate !
- Bonjour Jack ! s'exclama Daniel qui rejoignait O'Neill au salon.Wow ! Teal'c ne m'avait pas dit que vous vous déguisiez en Junior !
- Ah non Daniel ! Vous n'allez pas vous y mettre aussi !
- Il me semblait bien qu'il s'appelait comme ça pourtant…
- Non ! Je suis déguisé en Indiana Jones ! Point final.
- Je vous assure, Indiana, c'est le nom du chien !
- Daniel, n'insistez pas, menaça O'Neill en faisant une grimace.
- Bon… heu… où est-ce que je peux poser ma massue ?
- N'importe où… Teal'c n'est pas avec vous ?
- Il est avec Janet et le général Hammond.
- Major ? Vous êtes… vous êtes… très différente…
- Bonsoir mon colonel ! Alors ? Ca vous plait ?
- Heu… oui, beaucoup ! Je veux dire… les cheveux longs...
- Mon colonel, regardez ! ajouta Sam qui agita la main et fronça le nez de façon mutine.
- Samantha ?!! Samantha Stevens ?
- OUI !! Vous avez trouvé du premier coup ! J'ignorais que vous connaissiez Ma sorcière bien-aimée !
- J'étais un grand fan de la série quand j'étais petit !
- Vous êtes sûr que vous étiez petit ? Mon frère ne voulait pas regarder le show avec moi parce qu'il disait que c'était pour les bébés… Il n'est pas plus jeune que vous, mon colonel ?
- J'ai dit que j'étais fan, pas que je la regardais, marmonna Jack 1 en piquant un fard.
- Oh ! Vous aimez les Simpsons, mon colonel ? C'est la série préférée de mes neveux !
La sonnette tira Jack 1 de ce mauvais pas. Il ouvrit la porte et se retrouva face à Darth Vador, Luke Skywalker et la Princesse Léïa.
- Des bonbons ou du bâton !
- Des bonbons !
Jack remplit sa tâche de maître de maison et attendit que le général se gare dans l'allée.
- Vous êtes magnifique mon général ! Le lion peureux, voilà une idée !
- N'est-ce pas ? C'est une idée de mes petites filles, s'amusa Hammond. Elle adorent le Magicien d'Oz !
- Teal'c ! Vous êtes… différent…
- Bonsoir O'Neill. Appelez-moi K, répondit le Jaffa en mettant ses lunettes noires. J'ai eu du mal avec la cravate mais le docteur Fraiser m'a aidé.
- Qu'est-ce que vous avez tous à mettre des perruques ce soir ?
- Capitaine Katherine Janeway au rapport mon colonel ! interrompit le docteur Fraiser. Alors ? Qu'est-ce que vous en pensez ?
- Vous êtes parfaite docteur ! répondit Jack 1, admiratif. Est-ce que Daniel vous a vue ?
- Pas encore ! C'est une surprise. Comment avez-vous trouvé Sam ? Je l'adore avec les cheveux longs…
- Elle est très bien, dit Jack 1 sèchement, entrez tous, il fait frais ce soir.
- Vous trouvez ? sourit Hammond qui transpirait déjà à grosses gouttes dans le déguisement en peluche.
A l'intérieur, Jack 1 faisait le pitre à l'intention exclusive de Sam. Daniel, embarrassé, apprenait par cœur la jaquette du dvd des Simpsons. O'Neill fronça les sourcils et s'aprocha.
- Alors monsieur le joli cœur ? dit-il en observant Sam qui rougissait. Vous savez que je n'ai pas trouvé.
- Trouvé quoi ?
- Ben votre déguisement ! Mis à part la perruque, franchement je ne vois pas !
- On ne vous l'a jamais dit dans votre réalité Jack ?
- Dit quoi ?
- Que vous ressembliez à un héros de série ?
- Non…
- Ah bon. Moi, on me le dit tout le temps. Alors je n'ai pas pu résisté ! Sutout quand Sam m'a appris que c'était sa série favorite !
- Sa série favorite ?
- Je vous donne un indice supplémentaire, dit Jack 1 en sortant un couteau suisse de la poche de son jean.
- Désolé, je ne sais pas…
- MACGYVER !!! hurlèrent les invités et ils éclatèrent de rire.
FIN