OUBLI
auteure : Xeen
e-mail : Xeen67@hotmail.com
http://communities.msn.fr/Forcryingoutloud/
Résumé et spoilers: : Beneath the Surface (les gens du dessous/Sous la glace – quel que soit son titre français…) variation sur l'épisode à la lumière des révélations de Joe Mallozzi
Question & answer with JM
In the original script, Jack and Sam had no recollection of their previous lives. They were lovers in their new lives and, yes, the script did call for some "tender moments". Dans le script original, J & S n'ont aucun souvenir de leur vie sur Terre. Dans leur nouvelle existence, ils sont amants et le script mentionne des "moments tendres".
Genre : romance, drame
Statut : complet
Disclaimer : comme d'habitude, les persos ne m'appartiennent pas, ils sont la propriété de MGM, Gekko Prod, Paramount et tous ceux qui le revendiquent !! Je ne fais que m'amuser et je ne reçois pas d'argent pour écrire ces ff.
Jonah posa son bol par terre à côté de lui et observa sa compagne. Des cernes bleutés rongeaient ses joues sales et elle mangeait lentement, avec application.
Il hocha imperceptiblement la tête. Pourquoi diable cette femme, Kegan, s'obstinait-elle à refuser de lui donner du pain ? Elle faisait du bon travail ; elle avait déjà sauvé plusieurs fois la section 23 depuis qu'ils s'étaient retrouvés ici. Kegan aurait dû comprendre que Therra ne recherchait que l'amélioration des conditions de vie de leur communauté.
Au contraire, elle refusait de voir les choses sous cet angle et persiflait à longueur de journée. Il s'imaginait mal Therra essayant d'obtenir les faveurs de Brenna, leur superviseure, ce n'était pas du tout dans son caractère.
Il savait de quoi il parlait. Il connaissait Therra depuis des années. Elle n'était pas capable de ce genre de bassesse. Sinon elle aurait certainement occupé un poste de contrôleuse à la mine. Elle n'avait jamais essayé de monter dans la hiérarchie. Elle préférait qu'ils restent ensemble. Beaucoup de couples étaient contraints de se séparer au hasard des travaux auxquels ils étaient affectés. Survivre sur leur monde de glace n'était pas facile et il appréciait à sa juste valeur le sacrifice de sa compagne. Il savait que son intelligence hors du commun lui ouvrait des portes qu'il ne pourrait jamais franchir.
Un sourire se dessina sur les lèvres de Jonah quand il vit une petite mèche rebelle retomber sur le front de Therra. Sentant le regard insistant posé sur elle, elle releva la tête, et en réponse, son visage s'éclaira d'un sourire éclatant.
"Dommage que tu aies coupé tes cheveux," souffla-t-il en effleurant sa joue d'un baiser furtif.
"Je me suis coupé les cheveux ? C'est curieux, je ne me souviens pas… Regarde, le grand est revenu. Tu sais celui qui t'a empêché d'assommer Carlin."
"Comment il m'avait appelé ? Oneale, non ? Un truc comme ça… Oui je crois que j'aimais mieux quand tu avais les cheveux longs. Enfin, je crois," conclut-il en ramassant son bol. Il en profita pour prendre sa main dans la sienne.
"Tu es sûr ? J'ai l'impression de ne jamais avoir eu les cheveux longs depuis que j'étais petite," dit-elle en se levant. Un pli vertical barrait son front. "C'est drôle, j'ai l'impression que je le connaissais bien. Il y a longtemps."
"Qui ça ? Tor ?"
"Oui. Il a dit qu'il s'appelait Tilque. Que vous étiez amis, Carlin et toi."
"Hé ! Je ne suis pas encore sénile !! Si je connaissais Carlin et Tor, je m'en rappellerais… Non ?"
"Je ne sais pas. Je n'ai aucun souvenir de les avoir jamais rencontrés. Et on se connaît depuis un bout de temps toi et moi…" souffla-t-elle en l'embrassant doucement sur les lèvres.
"Viens, on en discutera plus tard, ils vont sonner le couvre-feu. On se retrouve à l'endroit habituel ?"
Elle hocha la tête et serra la main de Jonah avant de la lâcher et d'aller déposer ses ustensiles dans le bac près de Kegan qui la dévisagea d'un air méprisant. Elle hésita mais ne répondit pas à la provocation de la jeune femme qui n'attendait que cela. Retrouver Jonah et oublier les générateurs, le charbon et Kegan, voilà ce qui était important. Depuis leur mutation à l'usine, ils ne se quittaient plus et leur relation s'était encore consolidée. Elle se détourna de Kegan et faillit heurter Tor. Elle l'évita de justesse et remarqua que le regard de l'homme était totalement vide.
Il fallait qu'elle parle de ça à…
A qui ?
Interdite, elle s'arrêta. Pendant un moment, elle avait eu l'impression qu'elle se souvenait de quelque chose de vraiment important. Plus important que survivre à l'ère glaciaire. Elle haussa les épaules. Qui avait-il de plus important que survivre à une ère glaciaire ??? Retrouver Jonah.
Maintenant.
Son désir la submergea avec une telle violence qu'une douleur insupportable lui vrilla le ventre. Sans réfléchir, elle sortit au pas de course et partit rejoindre Jonah dans leur cachette.
Carlin la regarda partir. Sentant la désapprobation de Kegan, il se rapprocha d'elle et parla d'autre chose.
**
"Non, général. Nous sommes sans nouvelles de SG-1 depuis plusieurs semaines... Je ne crois pas… Nous avons envoyé une autre équipe sur place et l'administrateur Calder nous offre toute l'aide disponible. Il semblerait que SG-1 ait disparu pendant une mission de reconnaissance. Les failles sont nombreuses dans cette région…. Absolument, je ne comptais pas les porter disparus sans votre accord ! …. Nous continuons les recherches…. Absolument….SG-12 a repris les pourparlers entamés par le docteur Jackson…. Moi aussi. Au revoir général."
Hammond raccrocha sèchement et fit signe au planton qui avait suivi la conversation d'un air impassible.
"Airman, allez me chercher le major Fielding. Je veux revoir certains points avec lui avant qu'il ne reparte à la recherche de SG-1."
"Mon général ? Permission de parler ?"
"Je vous écoute soldat !"
"Si vous avez besoin de volontaires, nous sommes tous prêts à partir immédiatement mon général ! " annonça l'homme en regardant les étagères derrière Hammond.
"Repos airman. Et merci. Je garde votre proposition à l'esprit. Maintenant allez me chercher Fielding," ajouta-t-il d'une voix radoucie.
**
Brenna entra dans la grande salle vitrée le dos courbé et vint se placer devant l'Administrateur Calder en adoptant une posture servile. Un moment qui lui parut interminable s'écoula avant qu'il ne se décide à s'aviser de sa présence.
"Ma chère Brenna !"
"Administrateur," dit-elle en inclinant la tête vers le sol. "Je suis venue vous parler des problèmes posés par les derniers arrivants."
"Les problèmes ? Quels problèmes ? Suggérez-vous que nous devions nous débarrasser d'eux ?"
"Oh ! Non," s'écria-t-elle un peu trop rapidement, "mais je crains que les calmants et les contraceptifs que nous utilisons sur les ouvriers ne soient pas totalement efficaces sur les membres de cette équipe. Celui qui porte un parasite est en outre dans un état de santé alarmant."
"Devrais-je m'en soucier ?"
La contrôleuse hésita. Non qu'elle tienne à sa situation, car le sort réservé à ses frères des sous-sols lui était devenu intolérable, mais elle espérait pouvoir sauver les étrangers et obtenir l'aide de leur monde d'origine et faire cesser l'esclavage. La dictature de Calder et de ses pairs n'avait que trop duré. Elle était lasse des morts et des souffrances endurées par les ouvriers au profit d'un aréopage de nantis.
"Ne craignez-vous pas que ceux de leur monde ne viennent à leur recherche ?" Elle sentit qu'elle était allée trop loin. Elle retint sa respiration et attendit tête baissée que la colère de Calder se déchaîne.
"Ils sont venus et repartis," répondit-il calmement. "Merci de m'avoir averti Brenna."
Contre toute attente, il ne l'avait pas condamné à une peine méritée. Elle se retira, toujours courbée.
Il ne lui restait plus qu'une seule alternative.
Faire des quatre prisonniers ses alliés.
**
Carlin dressa l'oreille. Les pas rapides se rapprochaient de leur cachette. Kegan lui avait expliqué que la 'reproduction' était interdite à la section 23 pour encore plusieurs mois. Chacune des sections avait le droit d'exercer son privilège à la procréation tous les deux ans environ, mais seulement parmi les plus jeunes de ses membres. Les couples, s'ils n'existaient pas, étaient tirés au sort parmi les spécimens les plus susceptibles de fournir des ouvriers aptes à supporter les conditions de travail abominables des sous-sols ou de la mine. Sentant que son amant tendant ses muscles dans l'éventualité de représailles des gardes, Kegan plaqua sa main sur sa bouche et se serra plus étroitement contre lui.
"C'est elle," souffla-t-elle d'une voix méprisante. "Ils pensent déjouer la surveillance des gardes, ils sont bien crédules. Personne ne peut y échapper." Elle ricana et imprima un mouvement de va-et-vient à son bassin.
Carlin se détendit et la reprit dans ses bras. "Tu m'as déjà expliqué, mais je ne comprends pas. Pourquoi est-ce que nous ne sommes que deux couples…" il buta et se tut.
"Actifs ?" finit-elle d'une voix lascive.
"… Heu, oui, c'est ce que je voulais dire."
"Je n'en sais rien Carlin, mais ça ne me déplait pas."
"Tu sais quelque chose sur Jonah ?" demanda prudemment Carlin en continuant à la caresser distraitement. Parler de la fille, Therra, ne lui apporterait que des ennuis. "Quelquefois, j'ai l'impression que je le connais."
"Impossible, tu n'as jamais travaillé dans les mines."
"Ah bon ?"
"Non; tu as toujours vécu ici. Ils viennent d'arriver. C'est impossible."
"Je me demandais…. Je devrais peut-être leur parler. Tilque a dit…"
"Tor !! Pour la dernière fois, Carlin ! Je ne veux plus entendre parler de tes histoires. Tu es sûr que tu n'as pas le syndrome de la nuit perpétuelle ?" Elle essaya de scruter son visage dans l'obscurité.
"Excuse-moi." Il l'embrassa et bientôt son esprit abandonna le projet de réfléchir aux images qui le troublaient même éveillé et leurs soupirs emplirent le silence.
**
Therra se baissa et se faufila adroitement entre les deux murs qui se rejoignaient à cet endroit. Elle retira prestement ses vêtements de travail et ses sous-vêtements et les glissa dans une anfractuosité avec ceux de son compagnon. Elle entreprit de ramper jusqu'à la cache qu'ils avaient aménagé patiemment depuis leur arrivée. Un léger ronflement lui indiqua que Jonah l'avait précédée. Il s'endormait n'importe où et paraissait récupérer très vite en dépit de son âge. Sa main effleura le corps de Jonah et elle caressa sa jambe nue et son dos en venant s'installer confortablement contre lui. Il répondit à ses caresses et sans perdre de temps à des préliminaires qu'ils ne souhaitaient ni l'un ni l'autre, il la pénétra violemment, surpris comme tous les jours de constater qu'elle était aussi prête que lui à partager ce moment sur lequel ils avaient fantasmé toute la journée.
Quand leur respiration revint à la normale, elle s'appuya sur un coude et le regarda, les ombres jouant sur son visage mobile. Il ouvrit les yeux et se tourna à son tour, lui embrassant les seins, le cou, les épaules…
Elle l'arrêta d'un geste et eut un petit rire. "Jonah, je veux te demander…"
"Tout ce que tu veux…," souffla-t-il d'une voix rauque en se détachant d'elle à regret.
"Nous nous connaissons depuis des années, n'est-ce pas ?"
"Oui…" répondit-il en laissant ses doigts longs et fins errer sur sa peau douce.
"Jonah !"
"Désolé. Oui. Nous nous connaissons depuis des années."
"Combien ?" insista-t-elle.
"Je ne sais pas ! Des années quoi !" s'énerva-t-il. "Viens…"
"Pas tout de suite…" s'excusa-t-elle. Elle s'éloigna un peu de lui. Résister était un véritable calvaire. "J'ai l'impression que quelque chose ne va pas. Tu sais, on en a discuté avec Carlin. Tu ne rêves toujours pas du cercle d'eau miroitante ?"
"Si," admit Jonah. "J'en ai rêvé. Et nous étions tous les quatre, Tor, Carlin toi et moi…. et le type avec la chemise bleue."
"Homer ?"
"Homer, oui."
"On faisait quoi ?"
"On partait. On avait des sacs et des vêtements bizarres. De plusieurs couleurs. Du camouflage. Pour le désert."
"Le désert ?" questionna-t-elle. "C'est quoi ?"
"Je… je crois que c'est quand il fait chaud…"
"Chaud… dehors," hésita-t-elle.
"Oui, dehors," dit-il profitant de son inattention pour la rapprocher de lui. "Comme le Sahara."
"Le Sahara ?"
"Oui, c'est un désert. Sam ! Je t'en prie !" Il se tut.
"… Qui est Sam ?" demanda-t-elle d'un ton inquiet.
"Au nom du ciel ! Je n'en sais rien !"
"Tu as peut-être le même syndrome que Tor ?"
"Non ! Je vais très bien," s'énerva-t-il soudain. Il se prit la tête dans les mains et gémit. "Si tu n'étais pas avec moi, je crois que j'aurais déjà essayé d'atteindre la surface. C'est bizarre, mais depuis qu'on nous a amenés ici, j'ai le sentiment de vivre les meilleurs moments de mon existence. Je ne sais pas ce que j'aurais fait sans toi. Je serais devenu fou !" dit-il en la serrant farouchement dans ses bras. "Et cependant, je me souviens de choses."
"De choses ?"
"Oui. De choses. Qui me disent que nous avons tort."
"Tort de nous aimer ?" demanda-t-elle d'une voix atone. Elle se serra encore plus près de lui.
"… Non," finit-il par dire à contre cœur.
Le silence s'installa.
"Jonah ?"
"Oui."
"A tort ou à raison, je t'aime," souffla Therra en l'embrassant farouchement.
"Je t'aime Therra," murmura Jonah en reprenant ses caresses.
Quelque part, dans un coin de sa conscience, un doute minuscule s'était fait une place. Il le sentait grandir chaque jour, sans oser en parler à sa compagne. Une phrase éclata dans sa tête au moment même où la jouissance le faisait s'abandonner contre Therra.
"Je t'aime Sam, et je n'en ai pas le droit."
Il laissa échapper un cri de frustration et l'écrasa dans ses bras. Elle gémit de plaisir et enroula ses jambes plus serrées contre ses reins.
O'Neill. Colonel O'Neill.
Est-ce que c'était lui ? Tor l'avait appelé Oneale… Il était militaire. Il n'appartenait pas à ce monde. Pas plus que Therra ou Carlin ou … Tor ? Dans ses souvenirs, Thor était un petit être gris. Gris Roswell, pour être précis. Gris Roswell ?
Et s'il était fou ? Si Therra avait raison ? S'il avait ce syndrome de la nuit ?
Mais alors, qui était Tilque ?
Sans s'en rendre compte, il se mit à bercer sa compagne dans ses bras, guettant le passage de Kegan et Carlin, quelques minutes avant le couvre-feu. C'était leur signal. Le moment de se séparer et de rejoindre leurs couchettes respectives. Ces deux-là étaient bien plus prudents qu'eux.
Pourquoi est-ce qu'il se souvenait de nuits passées avec Therra ? Beaucoup de nuits… Mais différentes….
Il ferma les yeux et attendit.
**
Teal'c sentit qu'on le posait avec ménagements sur un brancard et resta parfaitement immobile. Les hommes le soulevèrent et se dirigèrent vers le bureau de Brenna sous sa supervision. Il l'entendait apostropher les hommes sur le ton du commandement. Un ton sans appel. Qui n'était pas sans lui rappeler celui qu'employait fréquemment O'Neill. A travers ses paupières entrouvertes, il aperçut les autres membres de SG-1 et entreprit de se détendre sans dévoiler qu'il était conscient afin de mieux se préparer au combat qu'il pressentait.
Contre toute attente, Brenna congédia les hommes qui l'avaient transporté jusqu'au premier étage et il comprit qu'elle avait décidé de les aider à fuir. Il allait se lever quand des bruits de pas le dissuadèrent.
Ensuite, tout alla très vite.
La tentative de meurtre de Calder, leur combat, la blessure de Brenna, la révélation des malversations de Calder aux prisonniers des souterrains, les promesses de O'Neill de les évacuer vers une planète paradisiaque, les yeux admiratifs du major Carter qui n'avait pas encore endossé tout à fait son rôle de second, le sourire enfantin de Daniel devant l'explosion de joie des ouvriers…
Il prit délicatement Brenna dans ses bras pendant que Daniel faisaient monter les rescapés de l'enfer vers la porte des étoiles et leur nouveau monde. Sur le visage de Kegan se partageait la joie et la tristesse. Elle savait qu'elle avait perdu Carlin. Elle avait gagné une nouvelle patrie en échange mais est-ce que c'était suffisant ?
Teal'c s'assura que tout le monde l'avait précédé et il quitta le souterrain, les mains de Brenna autour de son cou. Elle souriait vaillamment, résistant de son mieux à la douleur.
Sam et Jack se retrouvèrent seuls.
Il avait promis.
Il avait promis que leur secret ne sortirait pas de la pièce. Il y avait des mois.
Cette fois-ci, ils avaient franchi la ligne… Ils pourraient toujours expliquer qu'ils avaient perdu la mémoire… Ou est-ce qu'il fallait faire pareil ? Est-ce que leur nouveau secret ne devait pas franchir la porte des étoiles et rester enfoui sous la surface ?
Il plongea ses yeux dans les yeux de Therra, de Sam. Elle était presque redevenue le major Carter.
Celle qui ne dirait rien, qui n'en parlerait plus jamais.
C'est à ce moment précis qu'il sut qu'il ne pourrait pas lui avouer qu'il avait recouvré la mémoire bien avant les révélations de Brenna.
FIN