UNE FIN QUANTIQUE

 

Auteure : Xeen

e-mail : Xeen67@hotmail.com

http://communities.msn.fr/Forcryingoutloud

Statut : complet

Genre : drame, humour / Crossover Stargate SG1/ Code Quantum (Quantum Leap)

Spoilers : tous les épisodes qui parlent d'Abydos et de Shaa-re et Meridian

Disclaimer : les persos appartiennent à Showtime/Viacom, MGM/UA, Double Secret Productions et Gekko Productions pour Stargate et Belisarius Productions et Universal Studios pour Code Quantum je ne gagne pas un sou en écrivant ces histoires.

Note de l'auteure : Pour simplifier, Sam Carter restera Sam. Quant à Sam Beckett, il sera SamB et Al parlera en italiques…

 

***

Une fin quantique

Xeen (copyright mars 2002)

 

Le major Samantha Carter leva les yeux. Elle interrogea Daniel Jackson du regard en écartant les mains au-dessus de ses dossiers. Son stylo heurta la table.

Le colonel O'Neill, qui était installé de l'autre côté de la table de conférence, tourna la tête vers son second et la surprit en train de faire une mimique en direction de l'anthropologue, toujours debout devant son tableau lumineux, un pointeur à la main et ses dossiers éparpillés devant lui. La voix du général Hammond troubla ce moment de silence inattendu.

"Vous avez terminé docteur Jackson ?" demanda-t-il d'air air patient.

Le jeune scientifique jeta un œil éperdu autour de lui, remonta ses lunettes d'un doigt machinal et se retourna comme mu par un ressort vers le tableau derrière lui.

"Heu… je… attendez ! Abydos… Haute-Egypte ou Asie mineure ?" murmura-t-il en se rapprochant de la table pour consulter ses notes. "Un instant je vous prie," ajouta-t-il en détaillant à la dérobée treillis et insignes.

"Daniel Jackson," l'interrompit une voix de basse, "y a-t-il un problème ? La décision de se rendre sur Abydos dans les plus brefs délais paraissait la bonne alternative à l'offensive des Grands Maîtres." Le jaffa croisa les mains et attendit, son air impassible démenti par le tressautement de ses maxillaires.

"Sur Abydos ? Vous voulez dire à Abydos, n'est-ce pas ? Les Grands Maîtres ? … Heu, je ne suis pas certain de…" balbutia Daniel.

"Daniel ! Pour l'amour du ciel ! Teal'c a raison ! Si nous voulons couper l'herbe sous le pied des Goa'ulds, nous devons nous assurer que la porte des étoiles nous restera accessible sur Abydos."

L'archéologue lâcha ses papiers et s'assit lourdement.

"Le plus rapidement possible. Mon général," dit Carter.

Le colonel O'Neill fit mine de se lever, "Ce briefing n'a que trop duré. Daniel nous a dit tout ce que nous devions savoir sur Anubis et sa petite copine," il agita la main vers l'archéologue qui s'était remis à parcourir ces notes à toute vitesse. "Nous sommes prêts à leur botter le derrière à ces foutus serpents… mon général, sauf votre respect." Il tapa du poing sur la table avec énergie.

"Je partage votre analyse O'Neill," dit Teal'c.

"Pour une fois, je suis d'accord avec le colonel," conclut Sam, "le plus tôt sera le mieux."

"Bien. Colonel, docteur Jackson, je vais suivre vos recommandations. Rappelez-vous que vos codes d'accès seront annulés dans 24 heures. Vous pouvez disposer. Bonne chance SG1 !" dit Hammond en se retirant dans son bureau.

Jack se dirigea vers la sortie, suivi de Teal'c. Sam ramassa ses dossiers et regarda Daniel.

"Vous êtes sûr que ça va ?" insista-t-elle. "Daniel ?"

Il quitta à grand peine ses notes des yeux et son regard rencontra deux grands yeux bleus écarquillés et emplis d'inquiétude. "Oui, je suppose que oui," dit-il d'un air piteux en la remerciant d'un sourire.

"Carter a raison, vous avez une mine de papier mâché. Vous feriez sans doute mieux de passer à l'infirmerie avant de partir," dit à son tour O'Neill.

"Non, non, je vous assure que tout va bien… heu… colonel…"

"Colonel !? Depuis quand m'appelez-vous colonel Daniel ?" demanda Jack d'un air innocent en enfonçant ses mains dans ses poches. "Excusez-moi si je vous ai fâché mais franchement je crois que cette fois-ci, il faut trancher dans le vif, aller droit au but, foncer dans le tas…"

"Je… comprends votre point de vue…" admit Daniel avec un soupçon de réticence dans la voix.

"Je plaisantais," murmura Jack à l'oreille de Daniel. "Bon ! On se bouge les campeurs ?" s'exclama-t-il avec une grimace. "Carter, rendez-vous à la porte dans 45 minutes. Daniel, Teal'c, avec moi !"

Carter s'approcha, ses dossiers serrés sur sa poitrine. "Si vous avez besoin d'une épaule Daniel, n'hésitez pas," murmura-t-elle avant de s'éloigner.

Une alarme stridente retentit et une voix annonça dans les haut-parleurs. "Ouverture non-programmée de la porte, je répète, ceci n'est pas un exercice, ouverture non-programmée de la porte. Tout le monde aux postes de combat…"

Des alarmes lumineuses se mirent à clignoter à l'unisson tandis que l'éclairage baissait de dix lumens.

Le général Hammond sortit de son bureau comme un boulet de canon et se campa devant la vitre qui les séparait de la salle en contrebas avant de prendre son élan dans l'escalier qui le mènerait à la salle de contrôle. Les autres suivirent, Daniel sur leurs talons. L'énorme de cercle de pierre se mit en branle dans un fracas épouvantable. "Fermez l'iris !" hurla Hammond.

Une vingtaine de soldats, genou à terre, arme au poing faisait face au cercle de pierre. "Chevron 6 enclenché, chevron 7 enclenché… mon général, c'est le signal de SG5," lança le technicien soulagé à son supérieur.

"Ouvrez l'iris," commanda le général d'une voix normale. "SG5, bienvenue à la maison," dit-il dans le micro. "Debriefing dans une heure."

Daniel regardait les quatre hommes traverser le champ gravitationnel.

Puis le vortex s'effondra et tout redevint silencieux.

"Oh bravo !" dit Daniel à mi-voix. Il baissa la tête d'un air accablé puis partit en courant derrière le colonel O'Neill.

***

"C'est pourtant pas très compliqué Daniel ! La matière ne va que dans un sens !"

"Pourquoi ?" demanda SamB en se calant contre le mur de pierres sèches à l'abri du soleil.

"Comment ça pourquoi ? Parce que !" répondit Jack en se laissant tomber à côté de lui. Il ferma à moitié le poing et commença son explication. "Imaginez que le cosmos est une pomme et que nous voulions aller de là à là…"

"L'espace courbe," murmura SamB.

"Hein ?"

"Rien, continuez colonel."

"Jack ! Pas colonel ! Bon, alors si vous voulez faire ça," il joignit le geste à la parole en montrant la destination sur son poing, "vous ne faites pas le tour, ce serait idiot."

"Bien sûr."

"Vous vous moquez de moi ?"

"Pas du tout col… Jack"

"Vous traversez la pomme en faisant un trou au travers. Comme un ver. D'où l'expression anglaise 'trou de ver'."

"Cela n'explique pas pourquoi la matière ne va que dans un sens…" commenta SamB.

"Ah, parce que !" s'exclama Jack en se relevant. "Je vais voir où est passé Teal'c."

***

Dans la salle d'attente du projet Quantum.

"Gooshie ! Oui, oui j'arrive… On a quoi ?" demanda l'amiral Albert Calavicci au technicien. "Homme, 30 ans, châtain, 1,80m, yeux bleus. Il s'appelle comment ? Daniel Jackson ? Jamais entendu parlé… Est-ce que Ziggy a repéré Sam ? Comment non ? Bon d'accord. Mais vous avez 5 minutes, pas une de plus…" ajouta-t-il avant d'emprunter le sas. Il se sentait de parfaite humeur. Il adorait positivement cette chemise. "Docteur Beeks, bonjour !" s'exclama-t-il en entrant dans la salle d'attente.

"Bonjour !" dit l'homme en même temps que Al. " Je m'appelle Daniel Jackson. Je suis un explorateur pacifique. Je viens de la planète Terre." Se disant, il sauta de la table d'examen et s'approcha de Al en tendant la main.

Pour une fois, l'amiral resta sans voix pendant que son interlocuteur lui écrasait la main. Pour faire bonne mesure, il cogna la petite console du plat de la main en mâchonnant furieusement son cigare, et elle lui renvoya un bip de contrariété.

"Ziggy ?" murmura-t-il les sourcils froncés en prenant un ton menaçant. "Tu daignerais me donner une explication ?"

***

Sam traversa le champ gravitationnel et eut le temps de voir Daniel qui la dépassait et arrivait en courant sur la passerelle, perdait l'équilibre et percutait le colonel avant de tomber devant les airmen qui sortaient de la salle d'embarquement après l'alerte.

On entendit des rires étouffés et le vortex se referma dans un bruit de tonnerre.

O'Neill et Teal'c se penchèrent et attrapèrent Daniel chacun par un bras. Le colonel épousseta obligeamment le jeune homme avec un sourire narquois.

"Alors Daniel ? Une petite poussée d'adrénaline ? Vous reprenez vos anciennes habitudes ? Pour l'amour du ciel, qu'est-ce qui vous a prit de partir en courant ?"

Le colonel le lâcha et lui asséna une tape dans le dos. "Allez, tout le monde à l'infirmerie. Carter, occupez-vous de Daniel," demanda-t-il, "je dois voir le général."

"Avez-vous besoin d'assistance Daniel Jackson ?"

Daniel secoua la tête et avala sa salive avec difficulté. "Je… je suis gelé," commenta-t-il en éternuant avec force.

"C'est le résultat de la compression des molécules dans le vortex pendant les nanosecondes…"

"… nécessaires à la reconstruction," termina Daniel. "Oui, c'est étonnant, je n'avais pas imaginé les choses comme ça. Le flux quantique…"

"Ca va Daniel ?" l'interrompit Sam. "Je vous trouve bizarre depuis quelques jours. N'hésitez pas à venir me parler si cela peut vous aider," proposa-t-elle en ajustant son barda sur ses épaules.

" Alors, ça boume ? Joli petit lot," les interrompit Al. "Elle me rappelle Brenda, celle du service des cartes, pas l'autre ! Je t'ai pas raconté ? Ca s'est passé au jour de l'an, après la fête au labo… Non ? Superbe cette Brenda ! ? "

"Heu…" répondit Sam Beckett en sursautant, "Je vous remercie major,". Il lança à l'hologramme un regard noir.

"Ca va, j'ai compris Sam ! Tu sais que t'es une vraie bonne sœur ? Tu te rends compte : Ziggie prétendait que tu n'étais plus sur terre ! On a eu un mal fou à te localiser !" Al frappa son communicateur et ce dernier glapit en clignotant. "On est en 2002, le 23 avril, et tu es le docteur Daniel Jackson. Tu participes en tant que civil au programme de la porte des étoiles."

"Daniel, il faut vraiment qu'on parle !" s'inquiéta Sam. "Vous êtes fâché ?"

"Quoi ? Heu… non, non, je réfléchissais…"

"Je ne me souviens même pas de la dernière fois où vous m'avez appelé major, capitaine en fait," sourit-elle. "Ne vous inquiétez pas. C'est sûrement du surmenage. Parlez-en à Janet. Et n'oubliez pas… SAM !" dit-elle avant de s'éloigner.

"Pourquoi est-ce qu'elle t'appelle Sam ? s'inquiéta Al. "Elle peut te voir ?"

"Non," murmura SamB en tournant ostensiblement le dos aux personnes encore présentes dans la salle. "Elle me rappelle juste son prénom. Sam, comme dans Samantha."

"Oh, je vois, Samantha, j'ai eu un doute pendant un moment ! C'est étonnant qu'elle soit déjà major à son âge…" ajouta Al en regardant Sam s'éloigner d'un œil d'expert.

"Al !?"

"Oui, bon… Donc tu es…"

"…. Le docteur Daniel Jackson, archéologue, anthropologue, linguiste. Al, on ne peut pas être en 2002 ! Et ne me refais plus jamais ça !"

"Mais si !" L'amiral donna un petit coup supplémentaire pour faire bonne mesure. "Le 23 avril. Ziggy confirme. Te faire quoi ?"

"Apparaître comme ça !" s'indigna Sam Beckett. "On ne peut pas être en 2002 ! Je ne peux me transmuter que dans mon temps de vie !"

"Nous sommes en 2006 Sam…"

"Oh.. Alors, pourquoi est-ce que j'ai transmuté ici ?" Il fut agité d'un spasme et Al se précipita vers lui mais recula quand SamB se mit à éternuer avec la dernière énergie. "Je n'en reviens pas que je ne l'ai jamais su !" s'indigna SamB.

"Tu sais, on a préféré être discret. Tu comprends Sam, elle est mariée…"

"Al !! Je ne te parle pas de Brenda, mais du stargate," poursuivit-il en se penchant et en baissant instinctivement la voix. "Comment est-ce que l'USAF a pu cacher un programme de cette envergure à la Navy ?"

"C'est l'armée Sam ! La main droite ignore ce que fait la main gauche. Bien heureuse de savoir qu'elle a une main gauche à vrai dire," marmonna l'hologramme.

"Tu te rends compte du potentiel Al ?"

"Pas vraiment. Ce que je voudrais savoir, c'est où tu étais passé ! "

"Demande à Ziggy qu'elle fasse des recherches. Tu vas comprendre. Je vais à l'infirmerie. Tu viens avec moi ?"

"Non, merci, c'est la fête des célibataires au labo. Je ne voudrais pas rater ça…"

***

"Carter ! Vous tombez bien, il faut qu'on parle," dit le colonel O'Neill en jetant un rapide coup d'œil circulaire dans le corridor pour s'assurer de la confidentialité de ses propos. "C'est Daniel," souffla-t-il en se penchant vers son second. "Quelque chose ne va pas. Cela fait des années que je ne l'ai pas vu réagir de cette façon."

"Oui. On dirait qu'il n'a jamais vu le stargate. En plus, il m'appelle major."

"Et moi, colonel !" ajouta O'Neill en haussant la voix. "Teal'c pense que je me fais des idées… Je vous avoue que je ne sais pas quoi penser," conclut-il en écartant les bras en signe d'impuissance.

"Je suis certaine qu'il ne peut s'agir que de surmenage. Je ne vois pas quand il aurait pu subir une quelconque altération de ses facultés. Par moment, on dirait que sa mémoire s'est effacée. Il a même eu du mal à converser avec Kasuf. Enfin au début," dit-elle d'un ton soucieux. "Je pensais que j'étais la seule à m'en être aperçue."

"Donc, vous êtes d'accord ? Il y a un problème avec Daniel ?"

"Mon colonel, je préférerais que nous allions au labo ou dans votre bureau. Daniel m'a avoué quelque chose avant que nous allions sur Abydos."

"Ah… Il vous a parlé ? A vous ?"

"Oui mon colonel. J'ai hésité, je reconnais que j'aurais dû vous en parler plus tôt. Excusez-moi mon colonel."

"Carter, rien de grave ?"

Ils firent quelques pas en silence.

"Non," finit-elle par répondre en entrant dans le bureau de O'Neill. "Rien de grave."

"Mais ? Il y a un 'mais' Carter ? Non ?" dit –il en s'asseyant devant son bureau. Il écarta dossiers et notes et sortit deux tasses et une thermos de son tiroir. "Café ?"

"Volontiers, mon colonel." Elle s'assit et son regard bleu clair se troubla. "Daniel veut quitter le SGC, mon colonel. Repartir sur Abydos. Pour de bon."

"Qu'est-ce que c'est que cette histoire ?" s'étouffa le colonel. "Pourquoi est-ce qu'il ne m'en a pas parlé !"

"Je ne sais pas. Tout ce que je sais, c'est qu'il y pense depuis quelques mois. Il m'a confié qu'il voulait passer à autre chose. Mon colonel, il ne s'est jamais remis de la disparition de Shaa-re," souffla-t-elle en baissant les yeux. Le colonel comprendrait les difficultés de Daniel, lui qui avait sur la conscience la perte de son fils unique. "En outre, il estime que ce qui est arrivé à son amie Sarah est entièrement de sa faute."

"Je vois," dit-il d'un ton sec. "Il comptait me mettre au courant un jour, major ?"

Sam sursauta. Un coup frappé à la porte l'empêcha de réagir vertement. Pour qui diable se prenait-il ? Etre son supérieur ne l'autorisait pas à la malmener parce qu'il était mécontent que Daniel se soit confié à elle et pas à lui !

"Entrez !" cracha Jack, sans la regarder.

"Colonel, je suis venue vous parler de Daniel," commença le docteur Fraiser.

"Bienvenue au club docteur," lança un Jack O'Neill narquois. "Asseyez-vous. Carter vient justement de m'informer de la décision de Daniel."

"Quelle décision ?"

"Daniel veut quitter le SGC Janet," murmura Sam.

"Ooohh," commenta platement Janet. "En quoi cela explique-t-il son état de santé ?"

"Il est malade ?" dirent en cœur les deux militaires.

"Non, il a juste oublié de prendre tous ses traitements depuis une semaine."

"Cela explique les éternuements," s'exclama Sam.

"Oui, il a aussi négligé de prendre ses antihistaminiques. Cela explique les éternuements, sûrement pas les pertes de mémoire," dit Janet sombrement.

"Quelles pertes de mémoire ? Il nous a fait un vrai récital hier soir ! Les Beatles et Elvis ! Je ne savais même pas que Daniel jouait du piano ! Vous le saviez Carter ?"

La jeune femme haussa les épaules. "Non mon colonel."

"Daniel ne sait pas jouer du piano, colonel, et il chante faux !" dit Janet, découragée. "J'ai lancé une batterie de tests, et je recommande que vous ne quittiez pas le SCG tant que je n'en saurais pas plus. En attendant, est-ce que je peux vous demander de garder un œil sur lui ?"

***

"Ziggy a raison. On est bien en 2002," conclut SamB les mains sur le clavier de l'ordinateur de Daniel. "Ou bien tous les ordinateurs de la base sont déréglés. En revanche, ce Jackson a la manie des mots de passe, je ne peux pas entrer. Est-ce que Ziggy peux faire quelque chose, Al ? Et pourquoi est-ce que je suis là ?"

Al ne répondit pas et se mit à faire des signes cabalistiques en direction de la porte d'entrée.

"Je n'entends rien Al!" dit aussitôt SamB.

"Ils ne veulent pas que je te le dise, Sam !" se plaignit Al.

"Qui est donc ce Al auquel vous parlez Daniel Jackson," l'interrompit le grand balèze qui s'appelait Teal'c, avec une apostrophe. "Et qui est Ziggy ? Puis-je vous apporter mon assistance ?" Il inclina la tête et s'immobilisa, les yeux fixés sur SamB.

"C'est l'ordinateur Teal'c ! Un surnom, en quelque sorte."

"Le docteur Jackson va mourir dans trois jours. D'une irradiation massive," conclut Al en baissant la tête. Il frappa la console multicolore et marmonna des insultes.

"Je vois," dit le Jaffa d'un air sceptique. "Vous êtes demandé en salle de conférence, Daniel Jackson. Dois-je dire que vous êtes occupé avec 'Al' ?" demanda-t-il en jetant des regards soupçonneux autour de lui.

"Non, bien sûr que non ! Je vous suis Teal'c." SamB se tourna vers Al dès que le Jaffa lui eût tourné le dos et fit une mimique expressive.

"Comment ?" s'exclama Al. "On n'en sait rien ! C'est top secret !"

***

SG-1 était réunie au grand complet autour de la table de conférence dans la salle de briefing. La porte des étoiles grondait sourdement en contrebas.

Le docteur Fraiser fit une entrée fracassante, lâchant en ouvrant la porte tous les dossiers médicaux qu'elle avait apportés. Rougissante et confuse, elle se mit à les ramasser avec l'aide de Daniel qui la regardait en souriant. Pendant un instant, elle eut l'impression de voir quelqu'un d'autre, mais l'arrivée du major général Hammond la détourna de cette pensée incongrue. Elle s'assit rapidement. Al Calavicci, en grand uniforme d'amiral de la Navy, alla s'asseoir à côté de Hammond. SamB leva les yeux au ciel. Sam Carter qui ne l'avait pas quitté des yeux depuis qu'ils s'étaient installés regarda en direction de Hammond, mais ne remarqua rien de particulier.

"Mesdames, messieurs, je vous ai fait venir car il me faut résoudre rapidement deux problèmes distincts. Il a été porté à ma connaissance par le colonel O'Neill que le docteur Jackson désirait s'installer sur Abydos à titre définitif et abandonner le projet Stargate," commença Hammond à peine installé.

"C'est ça Sam ! Il faut que tu l'en empêches ! Il ne doit pas partir sur Abydos !" s'écria Al.

SamB agita la main vers le vide à côté de Hammond et haussa les épaules. "Heu… Oui, je suppose que le colonel O'Neill a raison," dit-il.

"Colonel O'Neill !? Au nom du ciel, Daniel, vous allez arrêter cette plaisanterie stupide !" s'exclama O'Neill. "Je croyais que nous avions réglé ce problème !" ajouta-t-il en prenant Carter à témoin. "Carter ?"

"Daniel ? Vous êtes allé voir Janet, comme je vous l'ai demandé ?" dit Sam.

Le docteur Fraiser empêcha SamB de répondre. "Général, je viens de faire une batterie de tests sur le docteur Jackson, et je recommande qu'il ne quitte pas la base. Il semble que sa mémoire ait été altérée, d'une manière presque totale, sans que je puisse arriver à en établir la cause et il ne me paraît pas sûr…"

"Tu m'étonnes," commenta Al en tirant sur son cigare.

"Docteur," l'interrompit Hammond. "Une trace de bactérie alien ? De technologie inconnue ?"

"Rien que je puisse détecter pour le moment mais…"

"Docteur, il n'est pas dans mes prérogatives d'outrepasser vos conseils, mais nous sommes actuellement dans une position délicate vis-à-vis de Colonna."

"Colonna, mon général ?" demanda le docteur.

"Colonna ? Qu'est-ce que c'est que ça Sam ? Ziggy n'a rien dans ses bases de données…"

"Nous venons de prendre contact avec une planète dont le niveau de développement est équivalent à celui de la Terre des années 1930, peut-être même plus évolué," expliqua Carter fort à propos. "Les colonnans semblent particulièrement pressés de conclure des accords de coopération avec nous. Et ils détiennent une source d'énergie bien plus puissante que le naquadah, qu'ils appellent naquadria."

"Le docteur Daniel Jackson a déjà établi les bases d'un accord, et il est hors de question que nous le remplacions dans ces négociations docteur Fraiser," asséna le général. "Vos objections sont notées, mais je ne peux exempter SG-1 de sortie en l'absence de notre équipe de diplomates sur P7B-333. Ceci est mon deuxième problème."

"Des discussions autour d'une table avec de l'eau minérale," murmura O'Neill derrière sa main, "comment résister ? Soyons fous ! Demandons du café !" Jack hocha la tête et regarda Daniel.

"Ah ! C'est bien un type de l'USAF ! " rigola Al. "Tous des perchés !"

"Colonel !" le rappela à l'ordre Hammond. "Je suis prêt à accorder au docteur Jackson ce qu'il demande. A savoir une retraite sur Abydos…"

"Général ! " s'insurgea Jack, " il me semble que j'ai mon mot à dire, non ?" Sam Carter posa la main sur le bras du colonel et d'un regard le dissuada de poursuivre dans cette voie. Il baissa la tête. "Ok, ok…"

"Mais docteur Jackson, je ne peux vous autoriser à quitter le SGC tant que vous n'avez pas mené à bien notre traité avec Colonna."

"C'est entendu," dit SamB.

"Sam ! Qu'est-ce que tu fabriques ? Tu veux finir tes jours à l'autre bout de la galaxie ! "

"Mesdames, messieurs, vous pouvez disposer !" aboya le général. "Départ dans deux heures."

Janet baissa la tête et regroupa ses dossiers. Al lui caressa la joue au passage et murmura quelque chose d'indistinct où il était question de Beth.

"Ne t'inquiète pas," lui glissa SamB, "je ne suis pas encore parti."

"Alors on se tutoie maintenant?" dit O'Neill en le dépassant. "Je vais finir par croire que le toubib a raison. Venez Carter."

***

Al s'agitait au milieu du couloir tandis que les infirmiers le traversaient sans s'en rendre compte. Quand il vit arriver SamB suivi des autres membres de SG-1, son visage s'éclaira. "Sam ! Alors ? Comment c'était ? On a fait une de ces fiesta! Dommage que tu aies raté ça !"

"Ecartez-vous ! Ecartez-vous ! Ne me touchez pas !" hurla SamB.

"Qu'est-ce qui se passe Sam ? Parle-moi !"

"Ne l'approchez pas ! " s'écria Carter en repoussant les infirmiers, "il est peut-être encore radioactif !"

"Sam ?! Radioactif ? Qu'est-ce que tu as foutu, nom d'un micro circuit ?!!"

"Qu'est-ce qu'on a ?" demanda Janet, très calme, le visage blanc.

"Sa main droite a été exposée à des radiations de naquadria 8 fois supérieur au seuil limite. Son corps 7 fois," dit Carter d'une voix dure.

"Oh mon dieu," souffla Janet.

"Sam ? Réponds moi !"

"Je crois que je suis allé trop loin cette fois Al," murmura SamB en continuant sa course vers l'infirmerie."

"Sept fois ? Tu te rends compte ? Tu en as pour … deux jours ? Un ?"

"Quelques heures plutôt. Préviens tout le monde à Stallion Springs. Si je ne transmute pas, c'est fini Al."

"Mon général," dit Carter en se tournant vers le chef du SGC, "c'est une dose mortelle."

A ce moment, O'Neill et Teal'c la dépassèrent et se pressèrent derrière Janet. Les larmes aux yeux, elle leur emboîta le pas.

***

SamB ouvrit les yeux et dans un halo, il entrevit la présence de l'observateur. Son cerveau commençait à donner des signes de fatigue. En voyant son ami bouger, Al se pencha sur le lit, son cigare éteint à la main.

"Je crois qu'il revient à lui !" s'exclama-t-il en direction de quelqu'un d'invisible pour SamB.

"Le docteur Beeks est avec toi ?" murmura SamB.

"Oui, elle est là. Je suis désolé Sam. Je ne vois pas ce qu'on peut faire. Nous avons expliqué la situation au docteur Jackson, il aurait fait la même chose que toi. Il attend pour regagner son corps."

"Al," murmura SamB d'une voix exsangue, "pour… pourquoi est-ce que je transmute pas ?"

"Hé ! C'est toi le grand chef ! Si tu ne sais pas…"

"Al, arrête de tourner autour du pot ! Est-ce que Ziggy sait quelque chose ?"

"Non. Ziggy pensait que tu étais là pour que le major Carter soit mise au courant du projet Quantum. Et qu'elle rencontre Sammie Joe."

Les yeux de SamB s'emplirent de larmes. "Sammie Joe… et Sam ! C'est sur… ça … aurait fait… des… étincelles.."

"Sam ! Reste ! Ecoute-moi ! On peut sans doute arranger ça. J'ai laissé traîner le numéro de portable du major sur la table de Sammie Joe. Le major travaille sur les équations de Sam Beckett, donc si Sammie l'appelle… Qu'est-ce que tu en penses ? Docteur Beeks ? Il a replongé !! Oui je sais, je ne peux rien faire, je vais retourner voir ce Jackson," dit-il avant de claquer derrière lui la porte de la chambre d'induction.

***

Janet Fraiser passa la tête dans l'embrasure de la porte et s'abstint de rentrer. Les moniteurs indiquaient une activité normale, au regard des derniers événements en tout cas. Il n'y avait plus rien qu'elle puisse faire sinon empêcher Daniel de souffrir.

La souffrance devait être indicible. Elle avait participé aux équipes de secours envoyé en URSS au moment de Tchernobyl et les souvenirs arrivaient en flots continus. Elle ferma les yeux et attendit que les souvenirs refluent.

Elle soupira, baissa la tête, serra ses dossiers contre sa poitrine et reprit son tour de garde sans voir que le colonel O'Neill la regardait fixement.

Les mains enfoncées profondément dans les poches de son treillis, ses sourcils se rejoignaient au-dessus de ses yeux dont la couleur avait viré au noir. Il essayait de ne pas réfléchir, de ne pas analyser les choses. C'était trop tard. Il fallait aller de l'avant. Daniel était perdu. Il avait manqué à ses devoirs d'officier en l'abandonnant sur cette planète et son ami avait saisi l'opportunité de sauver des millions de personnes sur Colonna plutôt que de se sauver lui.

Teal'c se leva et sortit de la pièce. En passant devant O'Neill, il inclina solennellement la tête et murmura des mots que Jack ne saisit pas. Il répondit par un sourire crispé et posa la main sur son épaule avant de la remettre dans sa poche. Il s'absorba dans la contemplation des moniteurs. La voix de Carter le sortit de ce brouillard où se mélangeaient Daniel, Kawalski, Charlie…

"Vous devriez aller vous reposer mon colonel. Je vous appellerais s'il se passe quelque chose."

"S'il se passe quelque chose ?" gronda O'neill. "Comme quoi ? Qu'il se mette à danser la gigue ? Qu'il fasse des claquettes ?"

Elle baissa la tête et O'Neill vit les larmes rouler sur ses joues. "Excusez-moi Carter, je ne suis qu'un vieux soldat. Non. Je voulais dire un vieux con. Vous avez raison Carter. Je reviendrais plus tard," finit-il en sortant à son tour.

Sam s'assit au chevet de Daniel et commença à lui parler doucement. Al s'installa à côté d'elle et l'écouta confier ses craintes et ses espoirs au mourant. Il s'essuyait les yeux d'un revers de manche quand il entendit SamB murmurer.

"Sam ! Je suis là ! Tu veux quelque chose ? Parle-moi Sam !" s'écria Al d'une voix désespérée. "Non docteur Beeks, il ne m'entends plus".

"Je vais chercher Janet ! " dit Sam en se penchant vers l'homme recouvert de bandelettes.

La main de SamB agrippa la sienne. "Je veux parler à Jack…"

Sam bondit comme un ressort et ouvrit la porte de la chambre à la volée. Si elle arrivait trop tard, elle ne se pardonnerait pas. Après ce que venait de lui dire le colonel, elle ne nourrissait aucun espoir de le trouver.

"Carter ! Calmez-vous. Ca y est ?" demanda le colonel O'Neill en l'attrapant au vol.

"Jack ! Vous êtes là ?"

"Carter ! Reprenez-vous… Sammie, je suis là, laissez-vous aller…" ajouta-t-il en la prenant dans ses bras. Elle s'effondra contre lui en sanglotant, les bras jetés autour de son cou.

"Il… il veut vous voir. Je ne sais même pas s'il a entendu ce que je lui disais," hoqueta Sam entre deux sanglots. "Je l'aime tellement mon colonel, je l'aime tellement, et je ne lui ai jamais dit !"

Jack se raidit et l'éloigna de lui. Comprenait-il bien ce qu'elle lui disait ?

"Je voulais être certaine qu'il le sache. Mais c'est trop tard."

"Sammie," reprit Jack en lui caressant les cheveux, "il le sait. Daniel l'a toujours su."

"Vous croyez ?"

"J'en suis certain."

"Jack ?"

"Oui ?" Il se recula pour mieux la voir. Il hésita et passa un pouce distrait sur sa joue pour essuyer les larmes qui continuaient de couler. "Carter ?"

"Mon colonel…"

Elle hésitait. Il se pencha vers elle et la regarda droit dans les yeux.

"Carter, vous n'avez rien ?" demanda-t-il d'un ton inquiet.

"Non."

"Ah," dit-il en la serrant plus fort. "Vous m'avez fait peur. J'ai pensé que… "

"Mon colonel, il faut que je vous dise. Ne m'arrêtez pas," dit-elle en posant un doigt sur ses lèvres. "Ce que j'ai déjà raconté à Anise, ça ne compte pas. Il faut que je vous le dise," répéta-t-elle. Jack sentit son cœur s'arrêter de battre. "Jack, je vous aime depuis la première fois où je vous ai vu. Je vous connaissais avant même de vous avoir rencontré et jamais vous ne m'avez déçu. Enfin, presque jamais" soupira-t-elle en pensant à Edora. "S'il nous arrivait quelque chose, je voulais que vous l'ayez entendu de ma bouche, monsieur. Voilà. Je sais que j'ai dépassé les limites et j'accepterais votre décision monsieur."

"Docteur Beeks," hurla Al, "il transmute !!"

"Je comprends Sam. Je vous aime, vous le savez. Voulez-vous que Daniel soit notre témoin ?"

"Témoin ?"

"A notre mariage Sam. Le général Hammond peut célébrer un mariage civil dans l'heure si vous le désirez."

"Oui, je le veux", répondit-elle. "Je vous cherchais pour vous prévenir que Daniel voulait vous parler Jack."

"Allons lui demander s'il est d'accord, ma chérie," dit Jack en lui prenant la main.

 

FIN